b e c k e t t | lord “The immaterial has become immaterial.” (( piratetheon, imaginepirate, divinemajesticicone ✾ tumblr ))
( 1 ) Né un 12 août 1693 dans le Somersethire, en Grande-Bretagne. Il est le troisième d’une fratrie de deux garçons et d’une fille. Jonathan Beckett Jr, Bartholomew Beckett et Jane Beckett. Personne ne s’est d’ailleurs attendu à ce qu’il survive à la naissance, Cutler ayant été un petit bébé chétif et vulnérable. Cutler est né dans le luxe et l’opulence entre les murs glacés du manoir Beckett, baptisé
« Springhaven ». Sa famille, particulièrement aisée, a évolué dans le comté de Somersetshire. Il est le fils de Jonathan Beckett Senior, un riche et puissant homme d’affaires d’origine anglaise, directeur de la
« Beckett Trading Compagny », l’une des cinq premières sociétés marchandes d’Angleterre.
( 2 ) Cutler a passé toute sa jeunesse à Springhaven. Une jeunesse faite d’érudition et de brimades incessantes de la part du patriarche Beckett et de ses frères. Dès son plus jeune âge, le jeune Cutler s’est fasciné pour les livres et l’apprentissage, contrairement à ses deux frères aînés, qui eux, ont toujours eu de sérieuses difficultés à maîtriser les mathématiques pour s’occuper de la compatibilité de l’entreprise familiale, ou bien encore la lecture et l’écriture, pour pouvoir rédiger des lettres commerciales confidentielles d’une main claire. Cutler s’est illustré dans sa famille en tant qu’érudit. Cérébral, intellectuel, intéressé par les langues anciennes et l’histoire des civilisations. Fasciné par un nombre incalculable de sujets d’études, ses préférés furent toutefois l’histoire, la géographie, et les œuvres classiques dans leur version originale – grecque et latine –. Il inspira le respect et la jalousie de ses camarades.
( 3 ) A l’âge de huit ans, Cutler Beckett devint même un bien meilleur élève que tous les autres fils de la noblesse locale, aidé par une véritable appétence pour l’accumulation de connaissances et des aptitudes intellectuelles beaucoup plus élevées que la normale. Son succès fit la joie de ses professeurs mais la colère de ses camarades, qui un jour, le brutalisèrent assez violemment. Ce
« chouchou du professeur » leur pose rapidement problème, car l’intelligence et les bonnes notes de Cutler les font paraître comme des imbéciles aux yeux de leurs pairs – ces enfants de nobles, à qui tout est dû.
( 4 ) Depuis, son professeur, Angus MacFarlin, décida de lui dispenser des cours particuliers, afin d’enrichir cette intelligence rare sans lui causer le moindre mal. Le professeur MacFarlin s’attacha alors au jeune Cutler, impressionné par son imagination, au point de lui donner assez régulièrement à lire des ouvrages de plus en plus audacieux et philosophiques. Un jour, il lui confia un exemple de
« My Lyfe Amonge the Pyrates » écrit par le capitaine J. Ward. L’histoire d’un homme se faisant passer pour un pirate. Ce livre a fait naître dans l’esprit et le cœur du jeune Cutler une véritable obsession pour les trésors et le surnaturel. L’une des légendes préférées de Cutler, figurant dans ce fameux livre, se rapporte à la légende de
« Zerzura, la ville brillante » située sur l’île de Kerma. Selon les dires du fameux capitaine Ward, l’île cachée du monde extérieur par un épais brouillard magique est habituée par les descendants des Kushites, un ancien peuple ayant quitté l’Égypte et Kush, il y a des milliers d’années. Cette légende hantera toutes les pensées du jeune Cutler, jusqu’à sa rencontre avec le capitaine Jack Sparrow.
( 5 ) Les années qui suivirent, Cutler et sa sœur aînée, Jane, profitèrent des leçons privées d’Angus MacFarlin. La seule chose que Cutler ne parvint jamais à obtenir, malgré tous ses efforts, furent le respect et l’amour de leur père, Jonathan. Son père ou ses frères n’ont eu de cesse de regarder Cutler comme une bouche indésirable à nourrir, et le seul amour que le garçon reçu de toute son existence fut celui de sa sœur et de leur mère malade. Cutler tenta pourtant absolument tout pour attirer l’affection de l’homme qu’il n’a eu de cesse de vénérer, son père. Il pensa devenir général ou amiral, de manière à se faire appeler un jour
« Monsieur » et gagner le respect de son père grâce à l’acquisition d’un titre quelconque, chose qu’aucun membre de la famille Beckett ne parvint jamais à posséder. Un objectif que Cutler pourchassera toute son existence. Par rancune. Par fierté. Par désespoir de gagner un jour les faveurs d’un homme qui ne l’a jamais désiré, et encore moins aimé.
( 6 ) Vers ses dix-huit ans, Cutler devint un jeune homme parfaitement bien éduqué. Il aspire à cette époque à devenir professeur, après avoir dévoré l’ensemble des travaux d’Isaac Newton. Il est persuadé de pouvoir être accepté à l’université de Cambridge, ou même d’Oxford avec ses connaissances et ses compétences. Cutler désire toutefois réaliser un grand rêve, avant de s’installer comme professeur. Découvrir le monde. Comme dans ses romans de piraterie, de trésors, de voyages et de magie. Il changera toutefois son fusil d’épaule quelques temps plus tard.
( 7 ) Un jour, son père Jonathan lui pose une question qui le retournera pour les prochaines années. Il lui demande ce qu’il désire faire de sa vie. Cutler explique alors qu’il peut rejoindre ses frères dans la Beckett Trading Company, convaincu d’avoir
« la tête aux affaires », ce que son père désapprouve catégoriquement et désire le voir embrasser une carrière dans les ordres. Jonathan évoque même la possibilité de faire un très bel investissement dans un presbytère pour lui. Cutler est forcé de refuser la proposition de son père, sachant qu’il ne peut faire un très bon prêtre, puisqu’il ne porte aucune croyance ou attirance significative en Dieu. Cutler est un cartésien, qui ne croit qu’en ce qu’il voit. Nullement en un quelconque Dieu. Jonathan essaie de le convaincre d’une manière assez peu orthodoxe, en jouant sur la corde sensible. La maladie grave de sa mère. En effet, Madame Beckett est au plus mal. Elle est mourante. Jonathan évoque les dernières volontés de sa femme pour convaincre Cutler de devenir un ecclésiastique, ce qui met le jeune homme dans une colère folle. Dans un accès de rage, Cutler accuse son père d’avoir contaminé sa pauvre mère avec la variole, après avoir couché avec des dizaines de prostituées lors de ses sorties nocturnes. Pour lui, son père est le seul et unique responsable de la mort de sa bien-aimée mère. Après lui avoir confessé à quel point il le méprise, Cutler quitte la maison, avec le soutien de sa sœur aînée qui lui confie avant qu’il s’en aille l’ensemble de ses économies. Cutler lui promet alors qu’il fera envoyer quelqu’un pour la récupérer, une fois qu’il se sera installé quelque part.
( 8 ) Peu de temps après, Cutler Beckett s’engage dans la célèbre Compagnie des Indes orientales anglaises. Une entreprise puissante et prospère, spécialisée dans le commerce et particulièrement honorifique. Installé dans la belle ville de Londres, la capitale de la Grande-Bretagne, il trouve facilement un emploi dans cette compagnie. Au début de l’échelle, mais il montera rapidement les échelons dans les années à venir. Cutler est déterminé, travailleur et doué. Le monde est à ses pieds. Pendant plusieurs mois, il travaille dans un bureau de l’EITC de Londres, de manière à prouver à ses supérieurs qu’il est capable d’être un bon cadre. Il gagne facilement la sympathie des membres de la Compagnie, qui lui confient une mission dans l’un des bureaux de l’entreprise, situé à Gibraltar. Cutler s’embarque alors sur un navire marchand, baptisé le
« Lindesfarne » depuis Londres, en espérant enfin réaliser son grand rêve de découvrir le monde. Il ne sera absolument pas déçu du voyage.
( 9 ) Au cours d’un voyage, au large des côtes espagnoles, le Lindesfarne est capturé par le célèbre navire pirate français
« Le Requin », commandé par le capitaine Christophe-Julien de Rapièr. Cutler, jeune et désinvolte, commet l’imprudence d’irriter le capitaine pirate en critiquant moqueusement ses vêtements qu’il juge bien trop fantaisistes, et complètement démodés autant à Londres qu’à Paris. La sanction ne tarde pas à venir le frapper de plein fouet. De Rapièr décide de donner une bonne leçon au fils de bourgeois, en permettant à ses hommes de
« jouer » avec lui durant des jours. Le torturant de bien des manières, et lui laissant la marque indélébile d’une haine féroce, viscérale, brûlante et impitoyable envers toute forme de piraterie. En attendant l’argent de la rançon pour le délivrer, le jeune Cutler et les autres otages du Lindesfarne furent forcés de nettoyer le navire, sous les coups de fouet des hommes de De Rapièr. Toujours furieux contre son fils, Jonathan Beckett Senior refusa de payer la rançon permettant de le délivrer de la cruauté et de la barbarie de ces pirates, mais le fonctionnaire Reginald Penwallow, l’un de ses supérieurs dans la Compagnie, lui vint en aide. Cette expérience douloureuse et humiliante de la captivité laissa à Cutler un goût amer, une haine éternelle. Jamais il ne parlera de
« ce séjour » à qui que ce soit. Du moins, pas dans les détails les plus sordides. C’est une honte qu’il conservera pour lui-même, jusque dans la tombe.
( 10 ) Une fois sur Gibraltar, la première chose que le jeune homme fera, sera d’écrire une lettre au fonctionnaire de l’EITC pour le remercier de son investissement, tout en lui promettant de le rembourser dans les meilleurs délais. Cutler ne comprendra pas, dans un premier temps, la confiance aveugle qu’il lui aura accordée, n’étant finalement rien d’autre qu’un employé nouveau et encore inexpérimenté. Il ne prendra conscience de sa vraie valeur que bien plus tard. Cutler Beckett deviendra inestimable aux yeux de la Compagnie. Cutler et Penwallow entretiendront des liens de franche amitié. Cutler, reconnaissant, estimera avoir une dette éternelle et inestimable envers son sauveur. Il essaiera de rembourser sa dette et de montrer sa dévotion extrême, ainsi que son efficacité redoutable au service de la Compagnie des Indes. Penwallow rassurera maintes fois le jeune Cutler, estimant que ce dernier a remboursé l’EITC de son investissement pour le libérer des mains des pirates dans un laps de temps remarquablement court, ayant même été responsable de nombreuses entreprises rentables, bien trop nombreuses pour être détaillées par sa bouche.
( 11 ) Cutler gravira les échelons de la Compagnie, un à un, jusqu’à retourner en Angleterre, après avoir passé un certain temps au bureau de l’EITC situé à Bristol. Puis, quelques années plus tard, il sera envoyé en Extrême-Orient pour travailler pour la branche de la Compagnie au Nippon, dans le port d’Edo.
( 12 ) Durant toutes ces années, et désormais âgé d’une petite trentaine d’années, Cutler est resté en contact avec sa sœur aînée, Jane. Maintenant qu’il est bien établi, il lui fera part de son désir qu’elle le rejoigne et vive avec lui. Il n’osera toutefois pas lui demander de se rendre à l’autre bout du monde, dans le cadre d’un voyage susceptible de durer au moins six mois. Lorsque Jane lui fit l’horreur découverte de lui apprendre la mort de sa pauvre mère, il lui fit la promesse qu’elle le rejoindra lors de sa prochaine affectation. Une promesse qu’il ne pourra malheureusement tenir, bien trop accaparé par son ascension professionnelle, et pris par le temps.
( 13 ) Au fil des ans, Cutler a employé de très nombreux agents, des hommes aux profils différents. Dans des ports étrangers, chargés de surveiller le développement de ses entreprises et de lui fournir des rapports détaillés. Il a rapidement possédé un réseau d’espions relativement important, capable de lui fournir les bonnes informations au bon moment. Un homme du nom de Gates se distingua rapidement parmi tous les autres. Un ancien espion de la Couronne britannique, servant d’yeux et d’oreilles à Beckett dans les quartiers chaud du port d’Edo. Plus d’une fois, les missions de Gates ont impliqué de la violence – que celle-ci soit secrète ou clairement ouverte. Beckett n’en a jamais eu réellement cure. Le succès de ses entreprises mérite de faire abstraction de toute éthique morale, seul ce succès lui importa.
( 13 ) Après avoir travaillé au moins trois ans à Nippon, Beckett fut transféré à Calabar, en Afrique de l’Ouest, où il devint le directeur des affaires ouest-africaines pour la Compagnie. Un premier poste très prestigieux, mais pas le dernier. A son arrivée à Calabar, Beckett engagea immédiatement un nouvel homme de main pour remplacer Gates, qui fut tué lors d’une mission à Nippon. Un espion professionnel et tueur à gages, un certain Ian Mercer. L’équipe en parfaite symbiose qu’ils formeront tous les deux dépasseront l’entendement, et la compréhension quasi psychique qu’ils entretiendront leur permettra à chacun d’arriver à leurs fins, jusqu’au dernier jour de leur existence. Mercer complète Beckett. Il est son homme de l’ombre, son âme damnée. Il se salit les mains sans rechigner, et en éprouve même un plaisir malsain.
( 14 ) Rapidement après son installation dans une agréable villa à Calabar, meublée et habitée par des domestiques – ou plutôt des esclaves –, Cutler fut averti par sa cousine Susan, de la mort de sa sœur d’une terrible fièvre. Chose étrange, car malgré l’affection profonde et l’amour démesuré qu’il porta à Jane, il ne pleura pas sa mort. Cutler Beckett, forgé dans l’acier, devint un véritable monstre de froideur, focalisé sur
« des choses plus importantes à faire ». Déjà riche et puissant, la seule chose qui l’obséda jusqu’à la folie, fut de gagner un titre, afin de pouvoir se confronter à son père et lui faire la pire insulte que la haute société permette.
( 15 ) Bien intégré dans son nouveau poste, et dans la communauté européenne qui s’est facilement développée à Calabar, Cutler Beckett décida de s’engager dans un commerce actif et secondaire de concubines à la peau claire, afin de servir les hommes riches et puissants de Calabar. Corrompu jusqu’à la moëlle, il a même concédé certaines
« faveurs » de nature administrative ou judiciaire pour les puissants, sans demander de paiement en retour, dans l’espoir de pouvoir créer un rapport malsain avec ces derniers. Ces hommes puissants lui seront nécessairement redevable. Cutler compris assez tôt qu’avoir des hommes riches et puissants dans son carnet d’adresse, des hommes qui lui sont redevables et qui exigent de lui sa discrétion et son silence permanent, s’avère toujours payant de bien des manières.
( 16 ) Quelques mois plus tard, toujours posté à Calabar et jouissant de privilèges divers et variés, Cutler Beckett reçu la visite de son supérieur direct, le directeur des affaires africaines, le vicomte Lord Penwallow. Pendant les dix jours qui suivirent cette visite surprise, Penwallow demeura à Calabar en tant qu’invité personnel de Cutler Beckett, et pendant cette période, il lui fit part de ses contacts à la Cour du Roi George I et à la direction de la Compagnie. Une fois parti et bien reçu, Cutler eu la confirmation que son amitié avec Penwallow sera son ticket d’entrée pour les plus hautes sphères. Pour acquérir enfin un titre de noblesse. Il cultivera soigneusement et avec un grand intérêt, en habile manipulateur, sa proximité avec l’aristocrate anglais, dans le mince espoir d’obtenir la consécration ultime de toutes ses entreprises.
( 17 ) Un jour, Cutler Beckett acheté un vieux navire, nommé le
« Wicked Wench », au cours de son mandat de directeur. Au début, Cutler envisage rapidement d’utiliser ce navire comme d’un
« navire négrier », afin de transporter des esclaves. Les charpentiers l’en dissuadent toutefois, en prétextant que la conversion de la cale pour transporter ces hommes et ces femmes risque d’avoir un coût relativement élevé pour lui. Cutler décida donc d’utiliser ce vieux vaisseau pour transporter un autre type de cargaisons. Il n’abandonnera toutefois pas totalement cette idée, qui germera dans un coin de sa tête.
( 18 ) C’est à ce moment-là de sa vie, qu’il rencontrera sa némésis. Jack Sparrow. Sa rencontre avec le futur capitaine pirate marquera à tout jamais ses esprits. Il le rencontrera au cours d’une visite d’un autre navire de l’EITC, amarré à Calabar. Jack Sparrow, alors second lieutenant du navire, et accompagné de son premier, Robert Greene, vinrent le trouver pour lui faire part d’une mésaventure. Leur navire, le
« Fair Wind » a été attaqué par une frégate pirate dans les Caraïbes. Le capitaine de leur navire, mort d’une apoplexie en essayant d’attaquer le capitaine pirate, une femme. Dona Pirata. Greene évoqua alors les compétences incroyables en termes de persuasion et d’intelligence de son second. En effet, Jack parvint à convaincre la capitaine pirate de lui concéder un tiers de la cargaison de rhum du navire. Séduit, Beckett ordonna un jour plus tard à Sparrow de revenir dans son bureau. Véritablement impressionné par les talents de négociateur du second, il lui offrit une promotion, celle de capitaine, ainsi qu’un navire à commander. Le
« Marlin ». Un navire que Beckett destina au transport d’esclaves. Sparrow refusa son offre en apprenant les desseins de son nouveau supérieur. Beckett fut sincèrement surpris du refus de Jack, persuadé que la traite d’esclaves est, certes pas vraiment un commerce agréable, mais extrêmement lucratif. Convaincu que Sparrow possède de sérieuses dispositions pour devenir l’un de ses meilleurs agents dans les ports étrangers, il accepta de lui faire plaisir, et lui offrir le commandement du Wicked Wench. Sparrow accepta cette fois-ci.
( 19 ) Quelques mois après avoir fait la rencontre avec Jack Sparrow, le directeur reçut la visite de Lord Penwallow. Beckett s’arrangea alors pour organiser un déjeuner à trois, afin de présenter son meilleur agent à son supérieur. Un agent dont il tire une réelle fierté. Pour que tout soit parfait, Cutler s’est arrangé que Sparrow prenne un bain, en lui fournissant même sa propre baignoire, et en commandant expressément pour lui de nouveaux vêtements de luxe. Cutler se montrera d’ailleurs fasciné par la manière dont Jack montrera de grandes facultés d’adaptation en copiant à la perfection ses manières à table. Ils se mettront tous les trois d’accord sur une nouvelle mission. Penwallow désirant construire une nouvelle plantation sur l’île de New Avalon aux Bahamas. Jack sera chargé de conduire le transport des matériaux, sous la supervision de Beckett. Les choses se déroulant à la perfection, Cutler se persuadera même que son aîné exprimera un jour prochain sa gratitude en le parrainant en quête d’un titre de noblesse.
( 20 ) L’intérêt que porte Cutler à Jack ne fera que grossir, même lorsqu’il découvrira par l’entremise de Mercer, que le capitaine est venu en aide à un esclave fugitif. Il n’en fera rien et n’arrêtera pas Jack. Beckett n’en sera que davantage convaincu de l’intelligence et de l’audace de celui qu’il espère voir devenir son prochain agent de l’ombre.
( 21 ) La quête d’un titre mise à part, Cutler Beckett possède une fascination malsaine depuis toujours pour les artefacts anciens, qu’il collectionne. Ces artefacts appartenant à des civilisations passées. Un jour, il envoya Mercer acheter quelques bijoux d’or de conception ancienne, que Beckett reconnaîtra comme étant d’origine kushite. Cela réveillera son intérêt pour les légendes de sa jeunesse. Ces bijoux volés, selon le marchand, n’étant pas anciens, cela confirmera à Beckett que les légendes sur l’île de Kerma et la cité brillante de Zerzura sont vraies. Il missionnera ensuite Mercer de retrouver leur propriétaire, ce qu’il parviendra à faire dans un temps relativement court. Un homme qui confessera les avoir trouvés sur des esclaves. Beckett finira par mettre la main sur ces derniers, au prix d’importantes sommes d’argent. Une certaine Ayisha et un vieil homme, Piye, attireront son attention. Le vieil homme mourra, après avoir été interrogé par Mercer, dans des circonstances étranges. Beckett, craignant que sa dernière et seule source d’information sur l’île de Kerma ne subisse le même sort, ne permettra pas à Mercer de l’interroger. Ayisha ne parlant pas un mot d’anglais et n’étant qu’à moitié intelligente – selon Cutler, qui abandonnera toute tentative de la faire parler. Il enverra au lieu de cela Sparrow, s’imaginant que le capitaine parviendra à la charmer pour la convaincre de leur délivrer les coordonnées de Kerma.
( 22 ) Le deal était pourtant d’une simplicité enfantine selon Beckett. Sparrow avait pour mission de séduire Ayisha, qu’il lui promette de la libérer de l’esclavage, de l’emmener sur le Wicked Wench, et une fois les coordonnées de l’île correctes, il serait retourné à Calabar pour que Beckett puisse envoyer sa flotte à la conquête de Kerma. En échange des coordonnées de Kerma, Beckett lui offrait 10% de l’or qu’il espérait trouver sur cet île, et d’un ancien trésor égyptien dissimulé sous la cité brillante de Zerzura, au cœur d’un labyrinthe. Sparrow avait toutefois émis une réserve quant à cette expédition – il refusait de s’impliquer dans un commerce d’esclaves, ce que Beckett désirait faire une fois avoir pu accéder à la cité. Il désirait emprisonner tous les Kermans et les vendre comme esclaves aux plus offrants. Beckett accepta d’augmenter le pourcentage à 30% d’or. Pour s’assurer que Sparrow reviendrait, Beckett avait prévenu Jack que s’il ne revenait pas avec les coordonnées, il ne libérerait pas Ayisha, qui était sa propriété, et que Jack serait donc marqué par le sceau des pirates. Ce deal était simple. Accepté par Sparrow. Les choses ne se passeront toutefois pas exactement comme prévu.
( 23 ) Méfiant, même si persuadé que Sparrow reviendrait, Beckett a ordonné à Mercer de placer un espion à bord du Wicked Wench. Un charpentier, un certain Samuel Newton. Quelques jours plus tard, le navire repart avec Ayisha à son bord et un autre esclave, également kermanique, selon les informations de Mercer. Convaincu de pouvoir assiéger d’un instant à l’autre l’île de Kerma, Cutler organise une armée privée avec l’aide appuyée de Ian Mercer. Plusieurs galions ont été réquisitionnés. Beckett a même prévu de planter un premier coup de canif au contrat en utilisant le Wicked Wench, le navire de Jack, dans cette expédition et dans l’attaque de Kerma.
( 23 ) Une lettre de Lord Penwallow achève les derniers scrupules de Beckett de revenir sur l’accord passé avec Sparrow. Penwallow missionne Beckett d’acheter et d’envoyer deux-cent esclaves pour sa nouvelle plantation sur l’île de New Avalon aux Bahamas, et exige que le capitaine Sparrow soit en charge du transport de la précieuse cargaison. C’est à ce moment, en sachant que Sparrow a toujours exprimé un refus net et catégorique à l’idée d’être impliqué dans la traite d’esclaves, qu’il trahit la confiance qui s’est instaurée entre eux. Il envisage sérieusement cette mission, et attend le retour de Jack pour lui suggérer l’idée. Beckett fait purement et simplement abstraction de toutes ces considérations. Penwallow lui affirme l’acquisition d’un titre de noblesse. Prochainement. Bien qu’il ne lui promette rien de manière explicite, il confesse avoir parlé de lui en bien à des membres de la Cour du Roi George I, et que ces mêmes aristocrates souhaiteront très certainement le rencontrer pour le récompenser comme il se doit. Son rêve, le but de toute sa vie, s’apprête enfin à se réaliser. Il est si proche de s’emparer d’un titre. D’être le premier membre de sa famille, le premier Beckett à devenir noble. Si proche, qu’il ne peut décevoir les attentes de Lord Penwallow. Il accepte toutes ses conditions, en pensant duper Jack.
( 24 ) Mais les plans de Beckett ne se déroulent pas comme prévu. Lorsque Sparrow revient, c’est pour lui conter une histoire rocambolesque sur ses péripéties sur l’île, sur une attaque pirate, sur l’aide apportée par un autre navire pirate, sur la destruction de sa cargaison de sucre, sur la fuite des esclaves Kermans. Beckett devine que Jack Sparrow lui ment sur quelque chose, sans réussir à déterminer exactement sur quoi. Il missionne alors Mercer d’interroger tout l’équipage, mais les récits concordent à la perfection. Frustré, Beckett ne parvient pas à croire Jack, alors que celui-ci exhibe les cicatrices du fameux duel avec un revenant, après la disparition des trois Kermans. C’est une preuve pour Jack qu’il ne lui ment pas, mais bien que Cutler admette que ses récits comportent des parts de vérité, il y a quelque chose que Jack refuse obstinément de lui dire.
( 25 ) Déterminé à faire regretter à Jack de lui avoir caché des choses, de l’avoir empêché d’accéder, d’une manière à une autre, à l’île de Kerma, et sachant à quel point le capitaine déteste l’esclavage, il le missionne pour réaliser la fameuse mission confiée quelques jours plus tôt par Lord Penwallow. Le Wicked Wench sera même utilisé. Sparrow tente de démissionner, mais Beckett l’averti que s’il refuse de prendre en charge cette cargaison, légitimement attribuée, et même s’il démissionne de son poste, il devra des sommes colossales à la Compagnie des Indes pour la cargaison de sucre détruite à son retour de Kerma. Sachant que Jack est bien incapable de rembourser une somme aussi importante, ce dernier est bien obligé d’accepter. Beckett ajoute même que ce voyage sera le dernier voyage, qu’il ne l’obligera plus jamais à le faire et qu’il lui vendra même son précieux navire pour un seul shilling. Sparrow accepte à contre cœur. Cette erreur stratégique coûtera toutefois à Cutler énormément. Sparrow ne remplira jamais sa part du contrat et libérera même les cargaisons d’esclaves à l’insu de Beckett. Craignant que Sparrow ne fasse autre chose, il ordonnera à une flotte de suivre le Wicked Wench et d’attaquer et de capturer le navire, si ce dernier se rapproche un peu trop près des repères de ce banc de brouillard où les trois Kermans ont disparu. C’est ce qu’il se passera, et une fois l’équipage de Beckett à bord, le Wicked Wench s’étant rendu sans discuter, ils feront d’étranges découvertes à bord. La disparition étrange des esclaves, des cachettes de pièces d’or et des pierres précieuses provenant de Kerma dans la cabine de Jack. Aucun signe de la fameuse île de Kerma. Ce sera la confirmation de tous les soupçons de Beckett. Jack l’aura bel et bien dupé. Il sera allé à Kerma, aura dérobé le trésor sans lui en parler, sans respecter sa part du marché. Jack sera arrêté peu après cette sombre découverte.
( 26 ) Cutler ne saura jamais vraiment ce qu’il est advenu de ces fameux esclaves. Ce qu’il retiendra, c’est que tout le travail fourni à Calabar, à supporter ce climat infernal, à faire fonctionner cette côte en douceur, tout ce travail est désormais gâché. Sa chance d’obtenir un titre, sa possible promotion, l’estime de son supérieur dans la hiérarchie de la Compagnie. Tout s’est envolé à cause de Jack Sparrow. Quelques jours après l’arrestation de Jack Sparrow, c’est dans une lettre envoyée par Lord Penwallow, que Cutler Beckett subira les foudres de son supérieur. Réprimandé pour ne pas avoir su livrer la fameuse cargaison d’esclaves destinée à sa nouvelle plantation, Penwallow lui fera part de l’ampleur de sa déception.
( 27 ) Puisque Sparrow lui a pris quelque chose d’importance, Beckett lui prendra tout autant. Sa liberté. Il le marquera du signe
« P » comme pour pirate et fera exploser son précieux navire sous ses yeux impuissants. Navire qui deviendra par la suite, grâce aux œuvres de Davy Jones, le Black Pearl. C’est Beckett lui-même, personnellement, qui marquera au fer rouge le poignet de Jack, alors que la barre de fer brûlante repose entre les mains de Mercer. Beckett insistera pour être celui qui le détruire, qui le brisera, qui lui enlèvera toute liberté. Sparrow a brisé ses plus hautes aspirations. C’est tout ce qu’il mérite.
( 28 ) A cause des exploits de Sparrow, sa quête pour un titre est sérieusement ralentie, mais n’est pas perdue. Beckett n'abandonnera jamais. Il travaillera plus dur pour regagner toute l’estime perdue, et c’est grâce à une bienheureuse rencontre, celle de Weatherby Swann, le bon ami du Roi George I, qu’il parviendra à revenir dans les bonnes grâces de la noblesse.
( 29 ) Quelques années plus tard, Cutler Beckett a gravi tous les échelons. Nommé chef suprême de la Compagnie des Indes par la Cour des directeurs, il est ensuite anobli et fait Lord, devenant finalement le représentant dûment nommé du Roi George II.
( 30 ) Cutler utilisera ses pouvoirs et son nouveau statut pour lutter contre sa haine viscérale des pirates, bien déterminé à éliminer pour toujours la piraterie de ce monde, et pour ce faire, son ambition est alors de dominer les sept mers grâce au coffre du mort, lequel contient le cœur encore battant de Davy Jones.
( 31 ) Ses aspirations démesurées auront finalement raison de lui. Ses marchandages, ses trahisons, ses alliés. Rien ne pourra le sauver du destin funeste qui l’attendra, en posant pied à Port Royal. Il fera arrêter la fille du Gouverneur Swann, celui qui l’a pourtant aidé par le passé à rentrer dans la Cour d’Angleterre. Il fera arrêter le fiancé de cette dernière, un forgeron. William Turner. Il pourchassera et missionnera quiconque lui permettra d’acquérir enfin le contrôle des sept mers à travers le Hollandais Volant. Il en obtiendra le contrôle, à force d’acharnement, grâce au destitué Commodore James Norrington, nouvellement nommé Amiral de sa flotte, avant de perdre la vie à bord de son propre navire,
« l’Endeavour ». Son navire personnel. Sa perle rare. Pétri d’orgueil et de fierté, il se trouvera à deux doigts de dominer l’océan entier. De dominer le monde. De débarrasser les sept mers du fléau que représente la piraterie à tout jamais. D’exorciser ses démons, les fantômes de son passé, ses angoisses et toutes ses incertitudes. Si près et pourtant si loin.
( 32 ) Cutler Beckett survivra contre le Black Pearl et le Hollandais Volant, en août 1729 à bord de l’HMS Endeavour, près de la côte de Shipwreck Island. Dans cette fin alternative à un avenir plus funeste le concernant, Cutler obtiendra tout. Les mers, le pouvoir, sa vengeance sur les pirates et même
la fille du gouverneur. Lorsqu'ils se retrouveront à négocier sur ce petit bout de terre au milieu de l'océan avec leurs galions dans le dos, – lui, William Turner, Davy Jones, Jack Sparrow et Elizabeth Swann, se mettront d'accord pour la fin des hostilités. Beckett demandera à pourparler avec Miss Swann en tête-à-tête sur l'Endeavour. Il obtiendra d'elle davantage qu'un cessez-le-feu. Cutler obtiendra un oui solennel à sa demande en mariage en échange de la fin de cette guerre. Ce n'est bien évidement pour Cutler qu'une partie d'échecs, où il entend bien devenir roi. Cutler aime faire mat. Elizabeth Swann consentira à sa demande. Elle l'épousera et lui donnera un héritier mâle afin de perpétrer sa lignée. Tout le monde sera sauvé et son armada sera rangée en échange. Ils se
marieront à bord de l'Endeavour en toute intimité, avec quelques témoins cependant, rapidement et efficacement. Cutler lui laissera croire qu'il respectera sa promesse, mais une fois Elizabeth à ses côtés, il ordonnera en toute discrétion la reprise des hostilités dans le dos des pirates. Ils se feront tous pulvériser par l'armada de la Compagnie des Indes, à l'exception des quelques uns qui auront su où trouver leur intérêt, tels que les pirates Sao Feng et Davy Jones. Elizabeth aura eu beau crier, ou insulter Beckett de traître, le résultat sera sanglant. Will Turner, le grand amour de la jeune femme, sera tué en voulant sortir l'étendard d'une pseudo liberté qui n'avait pour Beckett aucune chance d'exister.
( 33 ) Beckett emmena Elizabeth
à Londres durant les premières années de leur mariage, afin de s'assurer qu'il ne lui vienne pas à l'idée de prendre la poudre d'escampette. Cutler tient surtout à l'éloigner des Caraïbes pour l'aider à faire le deuil de tous les hommes de sa vie. Il lui sera en effet difficile de s'enfuir à Londres au milieu des soldats et des espions de Beckett, en étant constamment surveillée et exposée aux allées et venues des agents de la Compagnie des Indes dont les locaux principaux se trouvent implantés dans le centre de la capitale. Beckett paradera en grand vainqueur devant ses employés et ses actionnaires. Il recevra les félicitations de Sa Majesté le Roi George II en personne. Cutler revient en terre promise
en véritable héros anglais.
( 34 ) Elizabeth tombe rapidement enceinte de leur premier enfant, une petite fille prénommée Aconia en rapport au puissant poison obtenu à partir d'une plante que l'on appelle l’aconit – ce qui constitue une farce cruelle de la part de sa charmante et jeune épouse voulant d'une part, lui rappeler les termes de la vague fumisterie constituant leur mariage, et d'autre part, lui souhaiter que cette enfant cause un jour sa perte –. Cutler est au même moment appelé à retourner imposer l'ordre dans les Caraïbes,
soit deux ans après les évènements de Shipwreck Cove.
( 35 ) Il part
seul dans un premier temps en laissant Elizabeth et leur nouveau-né continuer leur vie dans les quartiers bourgeois de Londres.
Mayfair et Hyde Park. ( 36 ) Un an plus tard, Cutler revient à Londres et met rapidement Elizabeth enceinte. Un garçon, un mâle héritier, qu'elle mettra au monde malheureusement mort-né, neuf mois plus tard. Malgré tout, il baptisera l'enfant
Jonathan, en l'honneur de son père et de son frère. Cutler sera inconsolable, tout comme Elizabeth. Il dévoilera pour la première fois une facette de sa personnalité.
Sa vulnérabilité. ( 37 ) Cutler repart avec Elizabeth et la petite Aconia à Port Royal, afin qu'il puisse exercer ses fonctions auprès des siens, mais à leur arrivée sur place, la petite ne se trouve plus dans son berceau. C'est incompréhensible. Beckett est persuadé que l'un des membres de l'équipage a fait du mal à l'enfant, si bien qu'il les fait tous torturer, et n'obtenant malheureusement pas d'aveux, les fait tous pendre à l'aube de colère. Sa fille a disparue. Son fils est mort dans leurs bras avant même d'avoir pu dire son premier mot. La peine de Cutler est proche d'insurmontable. Il s'isole, travaille d'arrache-pied dans son bureau aux Caraïbes et ne voit Elizabeth que très furtivement lors de dîners une fois de temps en temps au manoir, le reste du temps, Cutler dîne ou déjeune avec ses collègues dans des restaurants ou bien dans les locaux de la Compagnie. Seul le travail compte. Il prend ensuite une chambre à part dans sa propre demeure, si bien qu'ils ne se voient plus du tout, en étant persuadé qu'Elizabeth ne tient de toute façon plus à avoir la moindre intimité avec lui. Cutler veut rester seul. Elizabeth devient comme une partie du manoir, un meuble agréable sur lequel il aime poser les yeux de temps à autres, mais la vérité, c'est que la vue de la jeune femme lui renvoie à la mort de son fils et à la disparition de leur fille...
Constamment. Il finit par détester cette vue, peu à peu.