Cléopâtre ♔ Queen of the Kings

Dawn (elle).
à propos du personnage. réécriture d'un personnage original âge. 33 ans. crédits moi-même comment nous as-tu connu ? quelqu'un m'a fait du chantage affectif toi. C'est une bonne situation ça scribe ?

TW : Inceste, age gap, assassinat, suicide.

Rome à n'en pas douter, m'aura caricaturée dans le simple but de me diminuer. Evidemment, il est plus aisé pour ces messieurs de se rassurer en se disant que je suis une putain, une manipulatrice ou plus ridicule encore une sorcière, que de reconnaître que mon pouvoir réside principalement dans le fait que je possède ce qui leur fera toujours cruellement défaut ; mon intelligence hors norme.

Alexandrie est la ville de toutes les promesses. Exotique et luxuriante, elle est le symbole de la vie, de la connaissance et de la modernité. C'est en son palais des rois que je vois le jour en hiver 68. Je suis la fille du Pharaon Ptolémée XII Aulète et de l'une de ses courtisanes égyptienne. Le sang de ma mère qui coule dans mes veines me confère les gênes égyptiens que mes ancêtres grecs n'ont jamais eu, ce dont je suis très fière. Malheureusement, c'est sans sa présence que je grandis bien que mon père me donne tout l'amour dont j'ai besoin pour m'épanouir. Il me donne également des frères et sœurs (dont je me serais très bien passée...) : Bérénice IV, ma sœur aînée qu'il a eu de sa première épouse Cléopâtre Trypheana, puis Arsinoé IV, Ptolémée XIII et Ptolémée XIV qui viennent après moi.
Mon père règne sur l'Egypte, quand son frère lui gouverne Chypre, dépendante du royaume. Cependant, ayant été propulsé sur le trône par les alexandrins, il n'est pas reconnu par Rome et craint donc une action de leur part à son encontre. Afin d'éviter cela, il verse à un certain Jules César une somme énorme qui endette drastiquement le pays. L'année suivante, il laisse les romains s'emparer de Chypre sans lever le petit doigt. Cette passivité entraine le courroux du peuple qui se révolte et porte à sa place ma sœur Bérénice et son époux sur le trône, obligeant mon père à quitter l'Egypte avec moi qui choisis de l'accompagner.

Bien que j'étais jeune, j'observe les événements du règne chaotique de mon père avec une grande acuité qui me servira de leçon pour plus tard. J'étais déjà très consciente de la beauté d'Alexandrie. La quitter m'a été douloureux mais je ne pouvais me résoudre à laisser mon père quitter l'Egypte seul. Au cours de l'été 58, c'est à Rhodes où mon père a conservé ses alliés que nous trouvons refuge, puis en Syrie où le gouverneur se prend d'affection pour moi et réciproquement. Nous y restons environ un an avant que le roi déchu ne décide qu'il est temps pour nous de nous rendre à Rome. En effet, mon père est déterminé à retrouver son trône et pour cela, il lui faut l'aide de la puissance romaine. Notamment de Pompée qui depuis quelques temps semble avoir pris de l'ampleur à Rome. C'est donc à sa villa d'Albe que nous allons frapper en 57 où nous sommes accueillis chaleureusement. Désormais sous la protection du Sénat, père négocie sa restitution sur le trône mais un oracle sibyllin vient compliquer l'affaire : il ne faut pas refuser son amitié au roi d'Égypte, mais ne pas lui accorder d'armée, ce qui exclut d'accorder à celui qui sera chargé de restaurer Ptolémée XII sur son trône un commandement militaire... L'affaire est donc abandonnée mais Pompée ne renonce pas et se tourne vers ses deux compères du triumvirat ; César et Crassus. Bien évidemment, chacun entend protéger ses intérêts mais un accord est trouvé. Alors que mon père et moi demeurons à Rome, Pompée charge son général alors proconsul de Syrie de marcher sur l'Egypte afin de mater la révolte du peuple sans l'accord du Sénat. Mon père est remis sur le trône en 55 mais cela lui coutera 10 000 talents d'or et creusera encore la dette de l'Egypte envers l'Empire romain.
Trois ans après notre exile et alors âgée de 12 ans, je rentre en Egypte mais les festivités sont de courtes durée si je puis dire car mon père à peine de retour sur son trône fait exécuter ma sœur Bérénice...

De retour à Alexandrie, j'ai l'impression de respirer à nouveau. Alors que mon père s'adonne à une série de massacres, de proscriptions et d'assassinats afin d'assoir son pouvoir en se débarrassant des menaces ou de ceux qui pourraient gêner ses projets, je fais la rencontre de ceux ayant rendu mon retour chez moi possible. L'un d'eux, est un jeune officier dont le charisme et la beauté me heurte de plein fouet à la seconde où nos regards se croisent ; Marc Antoine. J'ai alors 15 ans. Il en a environ 10 de plus. Nous ne nous fréquenterons pas, nous contentant de nous observer de loin lorsque nous nous croisons en de rares occasions mais jamais je n'oublierai cet effet au creux de mon ventre... Si j'avais su alors, le destin qui nous attendait tous deux.
De la connaissance cela dit, je m'en gorge ! A peine de retour en Egypte, je m'épanouis ! Je passe des journées entière à la bibliothèque d'Alexandrie. Je suis telle une éponge cherchant à absorber le savoir. Car le savoir, c'est le pouvoir et cela, je l'ai vite compris. J'apprends vite, et j'apprends TOUT ! L'arithmétique, la poésie... Je suis curieuse de tout. Je parle même cinq langues, y compris l'égyptien, ce que aucun membre de la famille royale n'a daigné apprendre avant moi. Je m'adonne également à visiter mon pays. Je veux le voir, le connaître et pour cela je dois aller à la rencontre de mon peuple. Me mêler à lui. Mais tout me ramène toujours à Alexandrie... Rien ne la surpassera jamais pour moi Elle est la ville absolue. La plus belle du monde. Le phare, les statues, les arts, la bibliothèque... Elle est la plaque tournante du commerce entre l'Egypte, l'orient et la méditerranée.
Fier de celle que je suis devenue et sans doute très conscient de celle que je deviendrai, mon père en récompense à la loyauté dont j'ai fait preuve envers lui, m'associe à lui comme Reine et me désigne héritière de son trône au début de l'année 51. Quelques mois plus tard malheureusement, il décède, me laissant en proie à un immense chagrin que je ne laisserai cependant pas m'abattre. J'ai trop retenue la leçon de son règne ; ne jamais baisser sa garde. Je suis désormais Reine et je compte bien me montrer digne de mon trône, bien que le testament stipule que selon la tradition égyptienne, je ne puis régner seule et m'oblige donc à épouser mon frère Ptolémée XIII... Il a environ 10 ans ce qui me rebute mais je n'ai pas d'autre choix... Nous nous marions en automne 50.
Jeune et influençable, Ptolémée qui est totalement soumis à ses ministres Achillas et surtout à Pothin, l'eunuque qui l'a élevé, organise une révolte contre moi. Il parvient à me discréditer aux yeux des alexandrins au point que j'en viens à craindre pour ma vie. Ne pouvant pas compter d'avantage sur le soutien d'Arsinoé qui s'est rangée du côté de Ptolémée probablement à dessin de régner à ma place à ses côtés, je suis contrainte de fuir en Thébaïde puis en Syrie, deux contrées étant restées loyales à mon père et donc à moi, son héritière désignée.
Je passe deux ans en Syrie... Deux ans à me languir de ma maison. Alexandrie est ma patrie. C'est une partie de moi et loin d'elle je me sens incomplète. J'ai sous estimé Pothin. Il est difficile de voir une vipère dans les herbes hautes... Mais plus jamais. Désormais je serai l'oiseau de proie et je frapperai avant que l'on ne me frappe. Depuis mes terres d'exile, je constitue mon armée avec le soutien du peuple syrien et égyptien que j'ai rencontré lors de mes déplacements quelques années plus tôt. J'attends mon heure. Comme mon père avant moi, je récupèrerai mon trône !

Des jours et des nuits à réfléchir à comment rentrer à Alexandrie... Jusqu'à ce que l'opportunité me sois servie sur un plateau. Dans la guerre civile romaine qui oppose Jules César à Pompée, c'est finalement César qui écrase Pompée, son ancien gendre, en Thessalie. En 48, talonnée par son rival, Pompée vogue toutes voiles dehors vers l'Egypte afin d'y quérir le soutien de mon frère étant donné qu'il lui doit son trône. César le suit de près. J'en fait de même... Eux deux sur nos rivages causerait un suicide politique ! On m'encourage à tuer Pompée afin de gagner le soutien de César, mais je refuse. Il était l'ami de mon père et donc le mien. J'ai une autre stratégie... Je ne toucherai pas à Pompée mais je gagnerai les faveurs de César. Je DOIS gagner les faveurs de César. Sans quoi je perdrai mon trône pour toujours...
Malheureusement, ma décision d'épargner Pompée ne lui sauvera pas la vie... Mon cher frère-époux n'est qu'un pantin entre les mains de Pothin et Achillas... Il fait assassiner Pompée et livrer sa tête à César sur leurs conseils, convaincu de le rallier ainsi à sa cause et de lui prouver sa loyauté. Mais Ptolémée et ses ministres ont mal compris le sens de l'honneur romain... L'effet sera l'exact opposé. César, furieux, fait exécuter Pothin et Achillas à peine accosté à Alexandrie et s'installe en conquérant au palais des rois.
Je peux désormais entrer en scène... Mais pas sans me préparer à cette première guerre d'un tout autre genre que je dois mener... En bivouac à Ashkelon, je fais demander la courtisane la plus réputée des lieux. Et dans l'intimité de ma tente, je lui demande de m'enseigner...

- Ma Reine...
- Je veux savoir comment faire, pour faire tomber un homme amoureux de moi.
- Il y a tant à dire...
- Existe-t-il un art ? Un art de faire l'amour ?
- Oui. Les hommes aiment être touchés. Mais chaque homme est différent.
- Cet homme là, est un conquérant...
- Ce genre d'homme est facile à attirer dans un lit, ma Reine. Mais il est plus difficile de faire perdurer son intérêt. Vous devez toujours lui faire croire que qu'importe ce que vous lui avez donné, il y a toujours plus à conquérir.

N'étant toujours pas la bienvenue à Alexandrie, j'use du manteau de la nuit pour mettre mon stratagème à bien. Avec la complicité de Charmion et Iras, mes deux fidèles amies de toujours, je m'enroule dans un tapis et me fais porter au sein du palais par un fidèle serviteur en prétendant qu'il s'agit là d'un présent de ma part pour le grand César...
Le trajets sur l'épaule n'est pas des plus confortable. Pourtant à peine le son des portes du palais se refermant derrière moi me parvient-il que je souris. Mon cœur bat à jaillir de ma poitrine tant j'appréhende cette rencontre que je force auprès de César. Je n'ai pas peur. Mais je risque gros. Je ne peux pas échouer. Et je ne vais pas échouer. Tout a été pensé pour le subjuguer lorsque l'on me déroulera à ses pieds. Ma tenue légèrement transparente, mes cheveux perlés d'or, mon khôl qui borde mes yeux, mes lèvres colorées... Je veux l'envouter mais je sais que mon charme seul ne suffira pas. Pas avec un homme comme lui. Ca va être le moment de lui dévoiler toute la finesse de mon esprit. Mon avenir en tant que reine d'Egypte se joue cette nuit...
Lorsque l'on me dépose au sol, je roule avec le tapis qui se déroule autour de mon corps. Lorsque César me découvre, je le regarde depuis le sol mais je ne baisse pas mon regard. Au contraire. Je l'affronte et je lui souris avec mon intelligence au coin des lèvres alors qu'il se régale de la surprise qui s'offre à lui. Le stratège en lui applaudit le subterfuge. Lorsqu'il me tend sa main afin de m'aider à me relever et que je la saisie avec une grâce féline délibérée, je sais que j'ai gagné la première manche. Son attention est piquée !
César a 30 ans de plus que moi... Mais malgré les années qui ont coulées sur lui, il est un bel homme. Grand, bien bâti, charismatique... Il est un grand esprit mais je me montre sûre de moi. Je suis une diplomate et ne ne m'incline pas devant lui. Je modifie la dynamique du pouvoir ! Je me sais différente des femmes qu'il a rencontré à Rome. Je suis une déesse. Une souveraine. Il peut me parler d'égal à égal de ses conquêtes et de ses batailles car je les comprends et ai la capacité d'y répondre. De jouter avec sa verve et d'analyser ses stratégies. Mais aussi charmante et stimulante soit notre entrevue, je n'oublie pas ce qui m'amène ici. Aussi, je lui expose ce que je veux en lui rappelant que mon père était loyal à Rome et m'a désigné comme reine.

- Comment espères-tu régner si les alexandrins s'opposent à toi ?
- Le Sénat s'opposait à vous. Et pourtant...
- Vas te coucher Cléopâtre.

Si il croit que je vais laisser tomber il se trompe lourdement. Il est temps de placer mes derniers pions...

- Où cela ? Quand ma famille me saura dans le palais, elle me fera tuer... Il n'y a qu'un lit où je serai en sécurité. Le tien...

Je le vois tiquer de surprise. Mais je ne me démonte pas. Avec langueur, je m'appuie contre la porte de sa chambre, consciente de la moindre courbe que je veux faire prendre à mon corps par cette position choisie et je ne le quitte pas des yeux.

- Ce n'est pas prudent.
- César n'est pas connu pour sa prudence... Mais pour son audace.

Je prends sa main, active le mécanisme d'ouverture et l'attire à ma suite vers la couche luxueuse qui a été préparée pour lui. Pour nous...

- Cela n'est pas nécessaire et ne changera rien... C'est ce que nous verrons... Je n'ai jamais touché une femme contre sa volonté.
- Et tu ne le feras pas ce soir.

Je tremble. Il me demande si j'ai peur de lui mais je nie. Non, je n'ai pas peur de lui. Je n'ai peur de personne.

- Tu n'as jamais fait cela n'est-ce pas ? me demande-t-il alors que je l'attire à moi. Je vois son regard intriguer me couver alors que sa main caresse mes cheveux. Qui es tu Cléopâtre ?
- Je suis l'Egypte. Et l'Egypte est à toi. Pour une nuit...

Le moins que l'on puisse dire, c'est que lorsqu'au matin Arsinoé et Ptolémée me découvrent aux côtés de César, la surprise n'est pas à leur goût. Quel dommage... Cela dit, la mienne n'est pas tellement mieux car contrairement à ce que je voulais, César n'exile pas Ptolémée, pas plus qu'il n'accepte de faire surveiller Arsinoé. Il me refuse le pouvoir non partagé que je lui ai réclamé et décide de suivre la volonté de mon père. Il me rend certes ma couronne, mais aux côtés de mon frère... Arsinoé et mon autre frère Ptolémée XIV quant à eux se voient offrir Chypre.
Pour autant, aucun d'eux n'est satisfait. Mon frère-époux devient hystérique et allié à notre sœur, ils provoquent une guerre civile qui durera 4 mois et me coûtera ma précieuse bibliothèque d'Alexandrie... Ce que je ne leur pardonnerai jamais ! Tout ce savoir brûlé... Fort heureusement, César, fin militaire, met fin à tout cela rapidement. Arsinoé est capturée et quant à Ptolémée, il meurt lors de la bataille sur le Nil, noyé par le poids de son armure après être tombé à l'eau. Au début de l'an 47av. JC, je suis confirmée Reine une fois de plus. César me rend Chypre mais me force à épouser mon second frère, Ptolémée XIV, qui est encore plus jeune. Je le déteste pour ça !
Ma place sur le trône sécurisée, César songe désormais à rentrer à Rome. Le problème est que je refuse de me passer de son précieux soutien... J'en ai besoin pour mes ambitions futures. Je sais par ailleurs que mon trésor le fait rêver... L'Egypte est riche ! Un atout non négligeable lorsque l'on veut conquérir le monde... Alors j'organise pour lui une luxueuse croisière sur le Nil sur un véritable palais flottant afin de le retenir d'avantage. Je lui montre les pyramides, le sphynx... Toutes les merveilles de mon pays au gré du fleuve. Et il y succombe. Je prévois toujours plusieurs coups d'avance et cette fois ne fait pas exception... Au moment le plus propice, je lui fais une proposition qu'il ne peut refuser ; financer ses conquêtes si il accepte une alliance.
Ce qu'il accepte.

Bien qu'il accepte mon offre, il décide malgré tout de quitter l'Egypte et de rentrer à Rome afin de célébrer ses conquêtes en orient et en occident. Selon lui, je le rends faible car je le détourne de ses ambitions romaines... Charmant n'est-ce pas ? Lorsqu'il repart, je suis enceinte de trois mois mais je ne le lui dis pas. Cet enfant sera l'as de mon jeu. Le lien entre les deux plus grandes nations ! Mon pouvoir n'a jamais été plus fort. Je ne me suis jamais sentie plus forte !
César rentre à Rome en héro mais boudeuse, je mets mon enfant au monde de mon côté toujours sans en informer son père en automne 47. Un fils que j'appelle Ptolémée XV, dit "Césarion". C'est le moment que choisit César pour m'inviter à lui rendre visite. Ou plutôt me supplier de le rejoindre. Si je songe d'abord à refuser afin de lui faire payer son départ que je ne lui pardonne pas, je finis néanmoins par changer d'avis et décide de lui amener Césarion avec la ferme intention de le lui faire reconnaître.
Alors que j'accoste sur la rive droite du Tibre et m'attends à ce que mon amant vienne me chercher, j'ai la déception de constater qu'il n'en fait rien et m'a envoyé à la place son bras droit qui a la responsabilité de m'escorter moi et ma Cour jusqu'à la villa préférée de César sur les collines de Janiculum ; Marc-Antoine... Si je me dissimule à lui, je le devine à travers ce voile légèrement opaque qui nous sépare et pour la seconde fois de ma vie, cette même décharge ressentie il y a 7 ans déferle dans le creux mon ventre...
Les retrouvailles avec César sont plus joyeuses que je m'y suis attendue. A croire que d'une certaine façon, je l'affectionne sincèrement. Pas passionnément, mais suffisamment. Je lui présente Césarion qu'il accueille d'abord avec surprise, puis ensuite avec joie bien qu'à ma plus grande contrariété, il refuse de le reconnaître. La nouvelle de ma présence auprès de César se répand rapidement dans tout Rome et ne fait pas l'unanimité mais je laisse malgré tout mon emprunte indélébile sur la capitale de l'Empire romain tant pour les prouesses architecturales que j'influence aux constructions orchestrées par César que pour mon style capillaire et mes parfums. Malheureusement, tout vole en éclat lorsque mon amant est assassiné le 15 mars 44. Craignant pour ma sécurité et surtout celle de Césarion, je m'empresse de rentrer en Egypte...

Voyant ma position fragilisée suite à cette tragédie, Arsinoé qui vit exilée à Chypre espère toujours me nuire. Elle tente une alliance avec Ptolémée afin de me renverser mais mon pauvre frère-époux tombe "malencontreusement" malade et meurt... Césarion m'assurant un successeur je prends enfin SEULE le titre de Reine.
Trois années sont passée depuis l'assassinat de César. Trois années durant lesquelles malgré les difficultés je travaille activement à rendre l'Egypte la plus prospère et paisible possible pour mon peuple. Je veux qu'elle retrouve sa luxuriance. Je révolutionne le système de la monnaie afin de mieux contrôler l'économie en frappant les pièces d'un montant immuable, ce qui est une véritable nouveauté. Ainsi, plus personne ne choisit de prix aléatoire quant à ce qu'il vend. J'impose. Je contrôle les montants et donc l'économie. Parallèlement, je combats le risque de famine suite è une mauvaise crue du Nil qui sur deux ans consécutif n'inonde pas les bords du rivage ce qui assèche les plantations... Cherchant à tout prix à éviter une famine pouvant mener à une révolte et refusant de voir mon peuple mourir de faim quand nos greniers réservés à Rome sont pleins, j'instaure un état d'urgence et j'interdis d'expatrier les réserves hors du pays pour nourrir les égyptiens. Au diable l'éternelle dette de mon père à Rome qui est secouée depuis la mort de César. De mon côté je me dois cependant de demeurer neutre et d'opérer de véritables contorsions diplomatiques dans la guerre que se livrent les assassins de mon amant et ses héritiers... J'attends de voir qui sortira vainqueur pendant que les romains s'étripent. Je règne sur ma patrie et me bats pour l'indépendance égyptienne. Mon peuple prospère et mon pays et ma précieuse Alexandrie montent à leur apogée.

Suite à la mort de César, à Rome la république se déchire. Octave, son neveu et héritier ainsi que Marc-Antoine, son bras droit et ami, veulent le venger. En particulier Antoine qui l'a vu mourir devant lui et crache sur la lâcheté de ses meurtriers. Ils entament alors une série de batailles en ce but et exécutent chacun d'entre eux. Marc-Antoine cependant désapprouve les méthodes d'Octave après les victoires sur leurs rivaux et le compare à un boucher...
Je suis tout cela depuis Alexandrie avec grande attention car je me dois de savoir qui héritera de l'Egypte dans ce nouveau triumvirat que forment Marc-Antoine, Octave et Lapide... C'est finalement Marc-Antoine qui hérite de l'Orient. Il reprend le projet de César avant sa mort qui est de la libérer de la menace Parthes mais il a beau demander des troupes à Octave, ce dernier ne les lui enverra jamais. Le comprenant, Antoine convoque entre autres sa principale vassale orientale à le rencontrer ; moi.
L'occasion est trop belle et je saute sur l'occasion. Si mon intérêt pour lui est d'abord politique car je me dois de gagner l'appui du nouvel homme fort de Rome, je n'oublie pas ce qu'il provoque au plus profond de mon corps chaque fois que je le vois... Auprès de lui je me sens d'avantage femme que Reine et cela pourrait être dangereux. Je dois me méfier.
L'avoir vu graviter autour de César à Rome m'a cependant permis d'apprendre deux ou trois choses utiles sur lui. Antoine est dangereusement beau. Viril. Fringant... Mais c'est aussi un vaniteux adorant se vautrer dans la luxure et il a l'amour du faste. C'est donc ce que je lui donnerai ! Alors que je le rejoins par le pleuve qui mène à Tarse, je donne vie à ses fantasmes. Le bateau somptueux sur lequel je vogue est orné d'une poupe et d'une proue d'or. Le vent gonfle des vaporeuses voiles pourpres. L'embarcation avance lentement sur le fleuve au rythme des rames d'argent qui fendent l'eau. Costumée en Vénus sous un dais d'or, je suis entourée d'un équipage très légèrement vêtu jouant les naïades. Des parfums brûlés se répandent sur les rivages du fleuve, attirant tous les curieux. Des milliers de lampes à l'huile forment des arabesques autour du navire, offrant un spectacle de débauche de lumière comme si il faisait jour au cœur de la nuit. Quant au banquet attendant Antoine et ses hommes, il est sans pareil. Lorsqu'ils montent sur le palais flottant à ma rencontre, ils sont subjugués. Et Antoine dont le regard ne me quitte pas, est ébloui...
Le lendemain, c'est à mon tour de me rendre chez lui. Il a fait de son mieux pour égaler la magnificence de la veille, toutefois le résultat apparait bien en deçà de ma fête et il est le premier à en rire. Au cours de cette nuit, nous nous affrontons autant que nous nous rapprochons. Il m'exaspère autant il m'attire et nos corps se heurtent et s'étreignent avec la force d'un désir que je n'ai encore jamais connu. Il est si différent de César ! Plus jeune, plus possessif ! Plus... passionné ! L'étincelle qu'il a craqué en moi lorsque je n'étais encore qu'une adolescente s'embrase dès lors qu'il me touche et je me consume entre les bras de cet homme. Le coup de foudre nous frappe tous deux.
Fasciné par la femme se prétendant déesse que je suis et disposé à le croire après avoir partagé ma couche, Antoine me suit à Alexandrie.

Plus je suis avec lui, plus je m'épanouis. Antoine me rapproche de moi-même. Je ne m'oublie pas comme Reine, mais je vis enfin comme femme ! A même sa peau je découvre l'amour et à quel point c'est délicieusement dévorant ! Notre complicité et notre connexion sont aussi rafraichissantes que stimulantes et donnent naissances aux choses les plus fantasques. C'est ainsi que nous formons notre propre club d'épicuriens... Un club où la haute aristocratie égyptienne vient profiter de la vie lors de fêtes aussi fastueuses que débauchées. Je noie mon nouvel amant dans les plaisirs. Chaque jour, je redouble d'inventivité afin de retenir mon amant auprès de moi car je refuse de le voir repartir à Rome... Je l'abreuve de musique. Nous vivrons en musique. Des musiques sensuelles qui appellent à l'enivrement et à la volupté des sens. tout accompagne le dîner jusque dans la débauche. On boit, on mange, on fait l'amour... Les cuisines fonctionnent en permanence pour que la nourriture soit toujours prête à être servie dès que l'un de nous décide qu'il souhaite lancer une festivité ! Les banquets sont démesurés et une rivalité bonne enfant mais déterminée s'installe entre Antoine et moi. Des concours sont alors lancés ! Ce sera à celui qui organisera la soirée la somptueuse. La plus débridée ! Ou encore la plus coûteuse. Le vainqueur serait celui ou celle qui dépenserait le plus d'argent en un seul repas.
Je dois reconnaître qu'il se défend plutôt bien. Mais je suis plus maligne que lui. Aussi lorsque mon tour vient, j'organise un grand dîner. Beau, mais pas particulièrement onéreux. Marc-Antoine se moque gentiment après le premier service, pensant avoir gagné son pari mais c'est mal me connaître, mon amour. Je fais venir un grand vase rempli de vinaigre alors que je détache de mon oreille une perle énorme avant de la jeter dans le vinaigre. La perle s'y dissout en quelques minutes. Après quoi je me saisi d'un verre et y puise avant d'en boire une gorgée, ingurgitant ainsi une perle d'une valeur de 10 millions de sesterces qui me vaut un éclat de rire tonitruant de la part de mon amant et ses applaudissements.
Une autre de nos activités favorites ? Sortir incognito du palais déguisés afin d'aller fréquenter les rues d'Alexandrie tel deux adolescents en fuite...

A Rome, on se scandalise de ce comportement si éloigné des manières romaines. Ces rabat-joies qui ne savent pas faire la fête... Tout cela est du pain béni pour Octave... Il veut le pouvoir sur l'Empire et il le veut seul, je le sais. Malheureusement pour lui, Antoine reste très populaire. Il doit donc briser son image et pour cela, ce pleutre lui construit une réputation de débauché et va même jusqu'à le qualifier de "toutou de la Reine". Il réussit à convaincre Rome que Antoine pourrait les trahir. Que je suis une sorcière - si ce n'est pas ridicule...- et que je l'ai ensorcelé. Envouté comme César avant lui. La vérité c'est qu'ils m'ont vu influencer deux de leurs héros... Je suis une tentatrice et une manipulatrice à leurs yeux. C'est misogyne et xénophobe mais j'imagine qu'ils se rassurent comme ils peuvent. Après tout il est plus aisé de me traiter de catin dotée de pouvoir magiques que d'accepter le fait que je les surpasse tous dans l'art de la politique.
Toujours est-il que la campagne de calomnie à son encontre contraint Antoine à rentrer à Rome afin d'apaiser les esprits et de prouver qu'il demeure loyal à l'Empire... Son départ me brise le cœur et je le déteste de me laisser ! Je le déteste d'autant plus que je me découvre enceinte de jumeaux après son départ... Un garçon et une fille que je nomme Alexandre Hélios et Cléopâtre Séléné.
Comme si ce n'était pas suffisant, j'apprends que Antoine et Octave se sont bel et bien parlés et que de façon très "amusante", qu'ils ont même conclu un pacte. Un pacte qui me fait entrer dans une rage noire et briser des vases à travers tout le palais tout en hurlant des injures peu royales... Antoine a épousé Octavie, la sœur de Octave... Et je suis supposée m'accommoder cela !
Trois années passent sans que je ne le revois... Pourtant un beau jour sans prévenir, c'est bien sa flotte que j'aperçois à l'horizon voguant dans ma direction ! Si je décide d'abord de le bouder afin de lui faire payer tout ce temps passer sans lui et son mariage que j'exècre, je suis incapable de lui résister bien longtemps et nous retombons dans les bras l'un de l'autre.
Durant l'été qui suit, il répudie sa femme Octavie pour moi.

En 34 av. JC, Antoine organise un triomphe à Alexandrie afin de fêter une victoire militaire de plus. Il redistribue les terres conquises en orient à l'Egypte et me proclame Reine des Rois. Il m'offre également ce que je désire depuis des années en désignant Césarion comme son successeur. Rome se sent flouée car elle estime que toutes les conquêtes de Marc-Antoine devraient lui revenir quand au lieu de cela, il les donne à l'égyptienne... A moi... Octave saute sur cette nouvelle occasion en déclarant que Antoine agit contre les intérêts de l'empire et qu'il faut l'éliminer. Mais je ne suis pas dupe. La vérité, c'est qu'il a peur de Césarion. Etant le seul fils de César, Octave craint que l'idée ne vienne un jour à mon fils si les circonstances s'y prêtent de venir réclamer son héritage paternel. Voilà pourquoi il s'acharne et s'emploie à nous dénigrer Antoine et moi par par tous les moyens...
La bataille d'Actium sonne le début de la fin pour nous... L'affrontement des flottes est un désastre pour nous. Pris au piège dans la baie, je fuis afin de regagner Alexandrie lorsqu'Antoine m'ouvre une brèche. Je commets alors une faute énorme... Car en faisant cela, j'oblige Antoine à me suivre et donc à déserté la bataille. Certains de ses hommes à la loyauté déjà fragile le considèrent alors comme un lâche et rejoignent Octave.
De retour chez nous, nous nous retrouvons isolés et conscients que tout est désormais perdu. Octave aura bientôt la main mise sur l'Egypte. Pourtant nous refusons d'attendre notre sort dans le désespoir et les larmes. Notre cercle des inimitables devient alors le cercle de ceux qui profitent des derniers instants et qui veulent mourir ensemble. Les dernières folies et saveurs à prendre de la vie avant la mort.

Toute ma vie j'ai œuvré pour mon pays. J'ai toujours fait passer l'Egypte et mon peuple avant moi. Avant tout. Pourtant lorsque Octave m'offre ma vie et celle de mes enfants en échange de celle de Marc-Antoine... Je suis incapable de m'y résoudre. Cela pourrait nous sauver. Cela pourrait éviter au royaume d'être réduit en province de Rome et d'être conservée comme Etat-client, où je conserverais mon pouvoir et mon titre tant que je règne sur l'Egypte pour Rome... Mais je refuse de tuer Antoine. Il a renoncé à tout pour moi. Il m'a tout donné. Je ne lui tournerai pas le dos à mon tour.
Lorsqu'Octave arrive sur Alexandrie pourtant, je ne puis rester sans agir. Je ne suis pas femme à me rendre si facilement et les romains vont vite l'apprendre. Après avoir mis mes enfants en sécurité et une dernière nuit de passion avec mon aimé, je lui fais porter une lettre alors que je me fais enfermer avec mes richesses dans mon mausolée avec la ferme intention d'y mettre le feu afin qu'Octave ne mette jamais la main sur le trésor d'Egypte et sur moi.
Je veux qu'Antoine meurt avec la dignité qu'il mérite. Je lui dois bien cela. Persuadé que je suis déjà dans l'autre monde, il réagit comme je l'espérais et tente de se suicider en se jetant sur son épée, dernier signe de bravoure extrême dans les mœurs romaines qui restaurera son honneur. Malheureusement, son serviteur, trop loyal, préfère s'ôter sa propre vie plutôt que de l'aider à prendre la sienne. Antoine se loupe et se blesse grièvement. Apprenant cela, je le fais mener à moi. Après l'avoir hissé par une fenêtre, je le reçois dans mes bras où nous passons environ deux heures ensemble.

- Je ne regrette rien. J'ai tout eu à tes côtés, me dit-il. Sauve ta vie. Mais surtout ne fais rien qui soit contraire à ton honneur et ne ternis pas ta gloire par ce que tu ferais dans tes derniers moments...

Alors qu'il rend son dernier soupire sur mes lèvres, volant mon souffle avec, un cri me déchire... Mes larmes se mêlent à son sang. Il ne reste plus que l'amour qui me détruit le cœur...

Le corps d'Antoine reposant sur une couche et nettoyé par mes soins, je deviens une furie lorsque les hommes d'Octave tentent d'entrer. Charmion, Iras et moi nous battons comme des lionnes afin de les empêcher de passer les portes du mausolée, menaçant d'y mettre le feu si ils tentent quoique ce soit. Octave a besoin de mes richesses pour payer ses troupes. Mais rien n'y fait. Les romains forcent le passage toutes armes dehors. Je me jette sur un des glaives mais ne parviens qu'à me blesser avant d'être faite prisonnière et menée à Octave qui me révèle détenir mes enfants... Le coup qu'il me porte est énorme. J'ai déjà perdu Antoine ! Je pensais nos enfants en sécurité et voilà qu'eux aussi sont exposés à une mort certaine !
Une partie d'échec commence alors entre lui et moi. Je veux me sauver, sauver mes enfants, mais je ne peux pas jouer de ma féminité avec lui. Il n'est pas un homme à femme comme César ou Marc-Antoine. De plus, il me dégoute. Je refuse de me rabaisser à le laisser me toucher de la sorte. Mais j'ai d'autres moyens. Je le laisse croire à ma bonne volonté. D'une certaine façon, je cherche à faire appel à son empathie mais il n'en aucune et je comprends vite qu'il ne veut me garder en vie que pour m'exposer lors de la cérémonie de son triomphe...
J'entame donc un jeu de dupe. Vêtements négligés, cheveux épars... Je joue les femmes brisées et éplorées. Si bien que lorsque je lui demande de pouvoir organiser de belles funérailles pour Antoine, il m'y autorise. Il me fait cependant retirer tous mes objets de peur que je ne prenne ma propre vie. J'espère que la blessure que je me suis faite lors de ma capture et qui s'infecte le fera pour moi... Mais j'apprends par un fidèle de Marc-Antoine qu'elle n'en aura pas le temps... Dans trois jours je serai exhibée une première fois face aux troupes. C'est hors de question. Je ne serai pas le trophée d'Octave.


Décidée à ne pas me laisser humilier de la sorte, je décide de mettre fin à mes jours avec l'aide de Charmion et Iras, mes deux fidèles suivantes et surtout amies. Je demande à prendre un bain et à dîner. Je me pare de mes plus beaux effets, ce qui n'étonne personne. J'ai toujours eu le soucis de mon apparence selon les romains. Je suis narcissique, ne l'oubliez pas ! Vêtue telle la déesse que je suis, j'envoie sournoisement un courrier à Octave dans lequel je lui demande de m'inhumer avec Antoine. Lorsqu'il comprend mon intention, il se précipite et me trouve prête à avaler une dose mortelle de poison que j'extirpe de la gueule de mon bracelet d'or en forme de cobra enroulé autour de mon poignet.
C'est alors que le prodige se produit. Une porte étrange s'ouvre, sortie de nulle part comme une manifestation divine. Immédiatement un bourdonnement raisonne dans ma tête. Ce cercle de lumière m'appelle à m'en extraire l'âme du corps. Sans comprendre pourquoi il m'attire à ce point, je tourne mon visage vers Octave et le regarde droit dans les yeux avant de lui sourire d'un air mauvais. Je lui adresse un geste obscène enseigné par Antoine et saute à travers la porte qui se referme aussitôt sur moi...