(( ennis )) — .･✧ you may be a sinner, but I ain't yet had the opportunity.

Skywalcino
à propos du personnage. Personnage original. âge. 26 ans. crédits. Inconnu, trouvé sur Pinterest. comment nous as-tu connu ? Par mon kitty.    toi. Merci à ce film et ce livre d'exister et d'écraser mon coeur avec tout un tas d'émotion chaque fois que je les parcours. Merci à Heath Ledger d'avoir donné vie à ce personnage qui me tient tant à coeur et surtout d'avoir été simplement un humain décent en refusant de jouer ce sketch grossier en ouverture des Oscars parce que « ce n'est pas une blague pour moi - je ne veux pas faire de blagues à ce sujet. C'est de l'amour. »  

Les journées en Terre du Milieu ne te laissaient que très peu d’opportunité en guise d’activité. Enfin ça, c’est parce que tu le voulais bien hein, c’était si facile de se terrer dans un trou et attendre que cela se passe ! La fuite, ça a toujours été ton truc favori de toute façon. Le silence aussi. Tellement plus confortable. Enfin bref, un comportement pareil lassait vite place à l’ennui. Alors, tandis que tu aurais pu parcourir ce monde qui regorgeait de richesse, tu estimais qu’il ne te restait plus qu’une seule chose à faire pour que le temps passe plus vite et espérer que ta situation s’améliore : dormir et rêver.


Ton rêve restait ostensiblement le même. Qu’importe que tu aies eu une journée de merde ou relativement satisfaisante (chose rare en ce moment, on ne va pas se mentir, le manque de nicotine commençait à se faire sentir), jamais elle n’influençait le contenu de ton songe. Dès que tu fermais les yeux, ton esprit te transportait à nouveau devant ce bungalow merdique perdu au milieu de nulle part dans une ville tout aussi insignifiante. C’était là, le point de rendez-vous pour un travail qui couvrirait toute la période estivale — gardien de moutons dans les montagnes. C’était loin d’être un job de rêve, mais ça payait suffisamment et c’était tout ce qui t’avait intéressé, surtout que tu avais des noces à assurer puisque ton mariage avec Alma aurait lieu au mois de novembre de la même année. Mais tout ceci n’était qu’un point de détail dans ton rêve. Ce mobile home à chier était surtout sacré dans ton esprit, sans que tu réalises encore consciemment son importance, parce que c’est à cet endroit même que tu fis la rencontre de Jack Twist. Qui aurait cru, au moment de cette poignée de main échangée par pure politesse, qu’il prendrait autant d’importance dans ta vie ? Le travail était simple : toi, tu devais rester au camp pour gérer l’intendance. Lui, il devait veiller nuit et jour sur le troupeau et ne rentrer qu’au camp pour de base pour se sustenter. Votre patron, Joe Aguirre, avait été très clair sur un point : Jack devait impérativement remballer son camp de fortune chaque matin pour ne pas éveiller les soupçons des gardes forestiers puisqu’il était contraint de s’aventurer hors des sentiers battus pour les moutons et donc de camper sur des aires interdites à ce genre d’activité. Ça emmerde Jack que vous soyez obligés de vous casser le cul comme ça. Toi tu n’en penses rien : c’étaient les ordres, c’était comme ça. Tu voyais juste l’argent que ça te rapporterait au bout et c’est tout ce qui comptait. Ce roulement continuait pendant plusieurs semaines. Les visites de Jack avaient beau être brèves, lui et toi, vous finissiez par doucement lier une amitié. Il était celui qui faisait quatre-vingt-dix pour cent des conversations entre vous, mais il parvenait malgré tout à te faire dire des phrases de plus de deux mots. La parlote, ce n’était vraiment pas ton truc, tu étais plus un homme d’action qu’autre chose.

Toutefois, dans cette routine d’un ennui écrasant, deux événements vinrent perturber vos habitudes. Dans un premier temps, à cause de la lassitude de Jack face à cette routine, tu lui proposais d’inverser les rôles : lui au camp, toi aux moutons. Puis, un soir, pour tromper votre ennui, Jack et toi, vous buviez bien plus que de raison autour du feu. Terrassé par les effets de l’alcool qui l’attirait vers un sommeil profond, Jack s’en allait rejoindre son lieu de fortune pour dormir. Il t’y avait invité aussi, prétextant qu’il était trop tard pour que tu remontes auprès des moutons. Tu lui dis non. Tu dormiras dehors, tant pis. Tu étais surtout trop attaqué par l’alcool pour faire quoi que ce soit. Alors, enroulé dans une couette de fortune, tu t’endormais là, auprès du feu, à même le sol. Sauf que… les nuits étaient glaciales à cette hauteur, malgré la saison. Le feu s’éteignit et malgré toi, dans ton sommeil, tu te mis à grelotter — si fort que ça en réveilla Jack. Il pestait, fulminait, t’ordonnait d’entrer dans la tente. Ça ne te branchait pas des masses, mais tu avais bien trop froid pour te rendormir là. Alors, en claquant des dents et ta couette autour de toi, tu partis te vautrer dans la tente et ça allait mieux…

… Jusqu’à ce que Jack te réveille pour tout autre chose. Au départ, tout ensuqué, tu t’étais presque naturellement blotti contre lui quand il prit ta main. Mais quand il l’amenait autre part… C’était une autre histoire. Tu t’étais réveillé en sursaut. Vous vous étiez battus. Tu étais à moitié réveillé, tu ne comprenais rien à ce qu’il se passait. Encore moins aux sentiments qui te traversaient quand vous vous regardiez dans le silence le plus complet. « Tu fais quoi ? » marmonnais-tu mi-énervé, mi-troublé quand tu le voyais se déshabiller. Vous vous débattiez encore parce qu’il voulait t’embrasser. Et toi… Toi tu cédas. Tu succombais à cette pulsion passionnée à laquelle il t’était tout bonnement impossible de résister. De ton point de vue, on ne pouvait pas dire que vous aviez fait l’amour ce soir-là comme tu prétendais que c’était purement mécanique de ta part. Pourtant… ça avait été bien au-delà de ça et ce fut cette sensation qui te perturbait le plus : tu n’avais jamais ressenti ça auparavant pour un homme. Et ça te dégoutait autant que ça t’appelait.


Les réveils étaient toujours compliqués. T’étais amer de te souvenir de ça. T’étais amer de voir que tu n’étais pas de retour chez toi. T’étais amer d’être seul, de penser à Jack et non à Alma et d’espérer secrètement qu’il débarque pour être rassuré. Ne plus être seul. À ce stade, ce n’était plus de l’amertume, mais de la colère. Tu lui en voulais d’avoir faire naître ça en toi, ce truc que tu n’identifiais pas encore comme de l’amour et encore moins comme de la passion. Tu voulais partir de ce monde dont tu ne savais rien. Des jours entiers que tu te maudissais d’avoir traversé cette porte ! Parce que oui… Le lendemain de cette nuit charnelle avec Jack, tu avais quitté (ou plutôt fui) le campement sans un mot. T’avais besoin de travailler, de penser à autre chose et ne pas être seul avec tes doutes et tes questionnements qui te donnaient le vertige. Et puis, alors que tu divaguais sur ta situation, tu avais vu ce truc étrange dans la vallée, au milieu des moutons. La curiosité bien trop titillée, tu traversais montagne et forêt au triple galop pour tomber sur… une porte. Tu voulais passer. Mais en même temps tu ne savais pas trop. Délirais-tu ? L’alcool te tabassait encore le crâne ? Il n’y avait qu’une seule solution pour le savoir… Sur le dos de ton cheval, sans réfléchir davantage, tu traversais le portail. Ce n’était plus la colère et les incertitudes qui tordaient ton estomac de douleur, mais bien la terreur quand tu compris que tu étais dans un monde complètement différent du tien et que la porte n’était pas (ou plus) dans ton dos. Comment revenir en arrière ? Et Jack resté seul à Brokeback Mountain ? C’était bien une prairie verdoyante qui s’étalait devant toi, des montagnes aussi qui se dessinaient dans le fond, mais ce n’était pas chez toi ! L’arrivée en Terre du Milieu n’avait rien d’agréable, surtout pour quelqu’un comme toi qui haïssait plus que tout que son quotidien soit déréglé, déjà que tu avais subi pas mal de chamboulements depuis la nuit dernière… Il fallait survivre désormais, s’adapter, mais tu n’étais pas du tout prêt.