Légende : - La Bonne Fée ∣ - Ella ∣ - La mère d'Ella ∣ - Le père d'Ella
« Il était une fois, une petite fille nommée Ella. Elle ne voyait pas toujours le monde comme il était, mais comme il pourrait être avec un petit brin de magie. Aux yeux de ses parents, elle était une princesse. Il est vrai qu’elle n’avait ni titre, ni couronne, ni château mais elle régnait sur un petit royaume bien à elle. La maison et la prairie à la lisière de la forêt où sa famille vivait depuis des générations. Il y avait Monsieur l’Oie et tous les animaux de la famille. Son père était un marchand qui voyageait beaucoup, il rapportait des présents de tous les territoires assujettis au royaume d’Ella. Il manquait terriblement à Ella lorsqu’il s’absentait mais elle savait que toujours, il reviendrait. Tout allait pour le mieux, ils se savaient heureux de pouvoir vivre ainsi et de partager tant d’amour. Mais la tristesse n’épargne aucun royaume, aucun bonheur. La tristesse n’épargna pas la maison d’Ella. »
Ella savait au fond de son coeur que sa mère allait partir, que son bonheur ne serait plus jamais le même. Pourtant tout avait si bien commencé, elle ne se sentait pas prête à perdre son modèle, celle qui lui avait fait comprendre l’existence des fées, qu’il fallait croire en leur magie, qu’elles veillaient toutes sur nous. Et pourtant, il y eu cet instant, ces dernières paroles.
« Ella, ma chérie. Je voudrais te confier un secret, un très grand secret qui pourra t’aider à relever tous les défis de la vie, promets moi de ne jamais l’oublier. Il faut être courageuse et bienveillante. Il y a plus de gentillesse dans ton petit doigt que la plupart des gens n’en possèdent dans tout leur corps et c’est source de pouvoir. Plus qu’on ne le croit, et de magie. Sois courageuse et bienveillante mon trésor, tu dois me le promettre. Je te quitterais bientôt mon enfant, j’espère que tu me pardonnes. »
On lui offrit quelques jours de plus auprès de sa mère jusqu’à ce que ses yeux se ferment et que la vie d’Ella ne change à tout jamais.
« La temps s’écoula et le chagrin devint un souvenir. Ella resta profondément la même. Elle n’avait pas oublié la promesse faite à sa mère, d’être courageuse et bienveillante. Le père quant à lui avait bien changé. Mais il espérait des jours meilleurs. »
C’est ainsi qu’Ella comprit que le coeur de son père battait pour une autre femme, une veuve dans la fleur de l’âge, tout comme lui, Madame de Trémaine qu’elle ne connaissait que de nom. Elle ignorait encore ce qu’elle vivrait à ses côtés mais elle savait son père heureux de s’imaginer à ses côtés alors elle ne pouvait pas lui interdire le droit au bonheur. Une belle-mère et deux soeurs…un changement majeure dans son histoire et dans sa vie. Deux demi-soeurs particulières mais Ella n’en tint guère compte. Il fallait être courageuse et bienveillante.
« Sa future marâtre était une femme d’une grande sensibilité et très raffinée. Elle aussi avait connu le chagrin mais elle le portait merveilleusement bien. »
Ella, intuitive comme elle l’était sentait bien que son bonheur passé ne serait plus jamais sien mais il fallait faire bonne figure.
« La marâtre d’Ella en femme enthousiaste qu’elle était avait entrepris de redonner vie à ces lieux. »
Ella avait bien du mal à s’habituer à tout cela. Elle se sentait à part, comme si ce monde ne lui convenait pas. Puis son père partait si souvent qu’elle était un peu plus peinée chaque fois. Elle avait l’impression que le temps à ses côtés lui filait entre les doigts. Elle ignorait cependant que cette conversation avec lui serait la dernière de toute sa vie.
« Dis moi ce que tu veux que je te rapportes ? Tu sais que tes soeurs…tes demi-soeurs m’ont demandé des ombrelles et de la dentelle et toi ? Qu’est-ce-qui te ferait plaisir ? » « Apportez moi la première branche qui frôlera votre épaule sur le chemin. » « Voilà une requête bien étrange. » « Je sais…vous devrez la garder durant tout le voyage. Et la regarder en pensant à moi. Lorsque vous la rapporterez, cela voudra dire que vous serez rentré. Et moi, c’est tout ce que je veux. Que vous reveniez à la maison, c’est tout ce qui m’importe. » « Je reviendrais… Ella, en mon absence, je te demande d’être aimable avec ta belle-mère et tes demi-soeurs. Même si c’est très difficile parfois. » « Je vous le promets. » « Merci. Je laisse toujours une part de moi lorsque je m’absente, ne l’oublie pas. Et sache que ta mère même si on ne l’a voie pas, elle est ici elle aussi, elle est l’âme de cette maison. C’est pour cela que nous devons chérir ces lieux, toujours. Pour elle. » « Elle me manque. Et vous ? » « Enormément. »
Ce fut pour Ella, le dernier câlin échangé avec son père. Dès cet instant, la belle-mère d’Ella commença à se montrer différente avec elle. Un nouveau visage qu’elle ne lui connaissait pas, un visage absent lorsque son père était présent. Un visage qu’elle verrait désormais chaque jours durant. Ella, bienveillante comme sa mère lui avait appris se montrait aimable auprès de sa belle-mère et de ses deux soeurs, leur laissant même sa chambre, se retrouvant à loger tant que les travaux ne seraient pas finis. D’après sa belle-mère du moins. Mais elle sentait que c’était une toute autre raison qui l’avait poussée à cela. Ella s’occupait de certaines tâches ménagères, aidant les femmes de cuisine, le jardinier, le palefrenier…
« Les demi-soeurs n’étaient pas très matinales. Et elles n’excellait pas dans l’art de tenir une maison. En vérité, elles n’excellaient dans aucun art. »
Ella riait intérieurement chaque jours durant en écoutant ses demi-soeurs réaliser leurs arts personnels. C’était un instant de repos pour elle.
« Ella trouvait le réconfort dans les lettres que son père lui envoyait de ses voyages. Les semaines devenaient des mois mais ses pensées lointaines lui parvenaient chaque jours. Jusqu’à cette fin d’après-midi. »
A l’instant même où Ella vit que ce n’était pas son père à la porte, elle comprit que quelque chose n’allait pas.
« Monsieur John ? » « Mademoiselle Ella, c’est votre père. Il est tombé malade en chemin, il est mort mademoiselle. Il nous a quitté, jusqu’à son dernier souffle, il n’a parlé que de vous mademoiselle et de votre mère. Je devais vous remettre ceci. » « Merci. J’imagine que ça n’a pas été facile pour vous. »
Tout son monde s’écroula à cet instant. Ella n’avait plus rien. Plus de père. Plus de mère. Plus d’argent.
« Comment vivre en effet ? Il fallait faire des économies. La marâtre congédia le personnel. Sa marâtre et ses demi-soeurs avaient toujours abusé de sa bonté. Plus le temps passait et plus Ella était considérée comme une servante. Et c’est à elle qu’incombait toutes les corvées. C’était une bonne chose, car cela lui faisait oublier son chagrin. C’est du moins ce que disait la marâtre. Elle et ses deux filles se faisaient un plaisir d’offrir à Ella chaque jours son lot de distractions. Cependant, elles partageaient la nourriture avec Ella. Où plutôt les restes de leur repas. Ella n’avait que peu d’amis et ses amis étaient très petits. Le peu d’amis qu’elle avait était traité avec tendresse et générosité. Parfois, à la fin de la journée, le grenier venteux était trop froid pour y passer la nuit alors elle s’allongeait près de l’âtre et de la braise incandescente pour se réchauffer. »
Dormant près du feu, Ella ne se rendit compte que tardivement que son visage était couvert de cendres c’est d’ailleurs de ce fait que ces demi-soeurs lui offrirent ce nom. Cendres - Ella qui devint par la suite Cendrillon. C’est ainsi qu’elles la nommèrent désormais. Sa marâtre montra finalement son véritable visage, la diabolique, la cruelle, la vicieuse, la jalouse. Ella n’en pouvait plus. La tristesse remplie son coeur.
« Cendrillon…les noms ont du pouvoir, comme les sortilèges. Elle eu brusquement l’impression que sa marâtre et ses demi-soeurs l’avaient réduite à une créature de cendres et de labeur. »
Ella choisit ce moment pour quitter le manoir, partir à cheval et oublier quelques instants ses problèmes. C’est ainsi qu’elle se retrouva dans la forêt et fit la rencontre du Prince, qu’elle ignorait d’ailleurs qu’il l’était étant donné que ce dernier ne se présenta pas comme tel.
« Ce fut sans doute une bonne chose d’avoir des demi-soeurs si cruelles. Sans elles, Ella ne serait pas allée dans la forêt et elle n’aurait pas rencontré le Prince. »
Le fameux Prince se présenta sous le nom de Kit et expliqua à Ella qu’il était encore un apprenti, vivant au palais apprenant sous la tutelle de son père à devenir un futur roi, omettant ce fait dans la conversation ceci-dit. Le Prince devant se marier sur ordre du Roi, un grand bal fut mis en place, invitant à sa demande toutes les jeunes filles à marier du royaume, incluant bien entendu les princesses mais le prince espérait y retrouver la jeune fille rencontrer dans la forêt et au fond d’elle, Ella savait pertinemment que le jeune homme, elle le reverrait. A l’instant même où Ella eut vent de l’annonce du grand bal, elle se vit déjà dansant la valse dans une robe de princesse. Une robe de princesse confectionnée avec la robe de bal de sa mère, comme un moyen pour elle de l’emmener avec elle.
« Ella était remplie de joie à l’idée de revoir Kit, l’apprenti. Et ses demi-soeurs étaient légèrement intriguées par cette éventuelle rencontre avec le Prince. »
Ella s’imagina un instant qu’elle pourrait se rendre au bal mais c’était mal connaître sa marâtre.
« Le jour du bal arriva et le royaume tout entier retenait son souffle. Ce n’était pas la première fois qu’Ella avait de la peine pour ses deux harpies dont la laideur intérieure n’avait d’égale que leur beauté extérieure. Puisque sa marâtre ne commanderait pas de quatrième robe, Ella se dit qu’il n’y avait pas de raisons pour qu’elle n’essaie pas de la confectionner elle-même. D’autant plus qu’elle avait de l’aide. »
Ella se présenta à sa marâtre et ses deux filles mais ces dernières, dignes harpies qu’elles fussent choisirent de ruiner ses rêves, détruisant sa robe. S’attaquant au souvenir de sa mère. Elles ruinèrent sa robe, la déchirant de toute part, s’acharnant sur elle avec toute la haine qu’elles possédaient à son égard.
« Oh pardon maman. Je suis désolée. Je croyais avoir du courage mais non. Je n’en ai plus. Je ne crois plus en rien, c’est fini. »
Ella s’enfuit en courant dans les jardins, croyant ses rêves de revoir Kit détruits à jamais mais c’était sans compter sur ce que lui avait appris sa mère. Toute jeune fille a une fée marraine qui veille sur elle et Ella ne fit pas exception à la règle. Cette dernière se présenta tout d’abord comme une vieille femme qui vint simplement demander un peu de lait à Ella. Ella, bienveillante et attentionnée répondit rapidement à sa requête.
« Pourquoi pleurez-vous ? » « Ce n’est rien. » « Rien. Hum. Rien. Qu’est-ce-qu’un bol de lait ? Ce n’est rien. Mais un peu de bonté et ça n’a plus de prix. Bien, je ne voudrais pas te presser mais tu dois te dépêcher Ella » « Comment connaissez-vous mon nom ? Qui êtes-vous ? » « Tu ne le sais pas ? J’étais pourtant sûre que tu l’aurais deviné. » « Non. » « Je suis ta sorcière bien aimée ou ta bonne fée si tu préfères. » « Mais ça n’existe pas… » « Qu’en sais-tu ? » « Ça n’a jamais existé. Ce n’est qu’une invention pour les enfants. » « Est-ce-que ta mère y croyait ? Ne me dis pas non, je l’ai entendue. » « Vous l’avez entendue ? » « Oh … et patati et patata, oublions cela. Bien, une chose après l’autre. Commençons par enfiler un vêtement plus confortable ! »
De vieille femme, la marraine fée devint sublime et c’est ainsi que tout débuta. Des lézards qui devinrent des valets de pieds, Monsieur l’Oie qui devint cocher, une citrouille changé en carrosse, des souris en chevaux et une robe en guenilles en belle robe de bal.
« Ma robe. Je ne peux pas y aller comme ça…pouvez-vous la recoudre ? » « Pourquoi ? Non, je vais t’en fabriquer une neuve. » « Oh non s’il vous plait. Elle appartenait à ma mère et c’est dans cette robe que je veux aller au palais. Ce sera comme si maman venait avec moi. » « Oui d’accord…hum…mais elle ne m’en voudra pas si je la rafraichie un peu ? Elle n’avait rien contre le bleu ? » « Non… »
Et c’est ainsi que la magie opéra. Une véritable robe de princesse. Puis des pantoufles de verres. Cependant, un avertissement de la part de la marraine… un simple avertissement qui promettait malgré tout à Ella, des instants de bonheur.
« Ella ! J’allais oublier ! Rappelles toi que la magie ne sera pas éternelle. Lorsque les cloches sonneront minuit, au dernier coup de minuit, le charme sera rompue. Et alors, tout redeviendra comme avant. » « Minuit, c’est plus de temps qu’il n’en faut. »
Le carrosse se dirigea vers le palais où une valse attendait Ella dans les bras du beau Kit. Elle compris à cet instant qu’il s’agissait du Prince et que les sentiments qu’elle ressentait pour lui étaient partagés. Cependant, malgré des instants charmants passés en sa compagnie, minuit sonna et c’est ainsi qu’Ella dû fuir, en profitant néanmoins pour faire comprendre au Roi que son fils méritait d’être heureux et de pouvoir choisir son épouse et l’amour. En quittant les lieux, Ella perdit une chaussure, l’une des pantoufles de verre. La seconde toujours à son pied, la vie d’Ella repris son cours mais son destin était désormais tracé.
« Ella avait hâte d’écrire tout ce qu’elle avait vécue afin de se rappeler chaque détails, comme si elle parlait à sa mère et à son père. Du bal au palais et du temps passé avec le Prince. Oh, le Prince… »
Ella eu vent du décès du Roi mais également de l’envie du Prince de retrouver la jeune fille à qui appartenait la pantoufle de verre pour faire d’elle sa princesse. Hélas pour Ella, sa marâtre découvrit son soulier de verre et l’enferma dans sa chambre, brisant le soulier devant ses yeux. Elle lui offrit cependant en premier lieu de la laisser épouser le Prince contre une place au sein de la Cour pour diriger mais cette dernière refusa. C’était sans compter sur la pantoufle et le coup de pouce de la Bonne Fée.
« La pantoufle entrepris un voyage aux quatre coins du royaume. Elle rendit visite à des jeunes filles de tous les horizons. Le Grand Duc tint parole. Il ne ménagea aucun effort pour prouver au Prince que la mystérieuse princesse était introuvable. Malgré tous leurs efforts, la pantoufle magique refusa tous les pies. Y compris les plus nobles. »
La pantoufle arriva au manoir d’Ella et c’est comme si tout se mit en place. Comme si ses parents étaient là, auprès d’elle.
« Ella ignorait qui était en bas et cela lui importait peu puisque personne ne venait la voir. Bien que triste, Ella continuait de rêver. Elle savait que le bal et les instants passés avec le Prince seraient bientôt de merveilleux souvenirs. Comme ceux qu’elle gardait de son père, de sa mère et de son enfance dorée. »
Ella installée à sa fenêtre chantait cette berceuse, cette si belle berceuse que lui chantait sa mère. Cette berceuse qui changerait sa vie.
« Si je suis Roi dilly dilly, vous êtes ma Reine… Repends l’espoir dilly dilly… »
Sa marâtre vint ouvrir la porte du grenier et c’est ainsi qu’Ella pu quitter sa « prison ». Descendant les marches, elle se retrouva rapidement auprès du Prince. Tout du moins à quelques secondes prêts car il lui fallut un temps pour oser se présenter à lui.
« Ce qu’elle était…Ce qu’elle était vraiment suffirait-il ? Il n’y avait pas de magie pour l’aider cette fois. C’est sans doute le plus grand risque que l’on peut prendre dans la vie, de se montrer tel que l’on est. »
La voix de sa mère raisonnant dans son coeur et dans l’entièreté de la maison comme si elle était auprès d’elle, Ella eu assez de courage pour se présenter auprès de Kit. La pantoufle passée, elle compris que son avenir serait à ses côtés. Avant de partir, son regard se posa sur sa marâtre. Un léger sourire aux lèvres.
« Je vous pardonne. » furent ses derniers mots à son égard avant qu’elle ne quitte les lieux.
« Pardonnez ou pas, la marâtre de Cendrillon et ses filles quittèrent le royaume avec le Grand Duc et plus personne n’entendit parler d’eux. C’est ainsi que Kit et Ella se marièrent et en tant que Bonne Fée, je peux dire qu’ils furent les souverains les plus justes et les plus bienveillants que le royaume ait jamais connus. Ella continua de voir le monde non pas comme il était mais comme il pourrait être si l’on acceptait de croire au courage, à la bienveillance et d’y ajouter quelque fois un petit brin de magie ! »
Comme j’aurais aimé que cette histoire se termine ainsi…