Great minds think alike | Hannibal

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Tu avais effectué de nombreuses recherches sur les autres psychiatres présent à la Nouvelle Orléans. Incapable de les surnommer « confrère », ou pire, « docteur », comme l’exigeait la politesse entre personnes du même domaine, tu n’avais guère d’estime pour eux, qui manquaient terriblement d’ambition. Refuser de croire à tes travaux les mettait d’emblée dans la catégorie « imbécile » - quoiqu’il te fallût peu pour tirer cette conclusion sur l’intellect d’autrui, puisque tout cerveau qui ne fut pas tien était désigné ainsi. Pourtant, un profil se démarquait du lot de charlatans qui osaient se prétendre intéressés par la psychologie. Tu n’étais pas parvenu à te faire une idée claire du mystérieux personnage qu’était Hannibal Lecter, malgré les bruits de couloir et les documentations élogieuses à son sujet.

Trop engrossé par tes propres desseins, bien qu’il revînt parfois à ton esprit quand ce dernier avait le temps de vagabonder, tu avais laissé de côté ta curiosité, et ce jusqu’à une invitation étonnante parvenue jusqu’à ton bureau. Ce fût en analysant l’écriture de la carte où se trouvait les indications quant à sa réception que tu parvins mieux à le cerner. Il s’agissait là d’un homme élégant, intelligent et à la personnalité séductrice. Parfait manipulateur qui n’avait pas besoin de forcer les stratagèmes pour obtenir ce qu’il souhaitait. Il attirait ses victimes tel une lumière attirait les insectes dans la plus noire des nuits. Ne restait plus qu’à voir de tes propres yeux ce qu’il en était.

Avant de te rendre à la soirée, tu soignas ton esprit fracturé par un cocktail médicamenteux de ta confection. Les effets de la toxine que le Batman t’avait forcé à inhaler était toujours présents, exacerbés par tes précédents voyages. Ton cerveau essayait avec peine de fonctionner sans ses souvenirs, et avec les agressions chimiques que tu lui administrais afin de garder une pensée claire. Personne ne désirait un psychiatre non sensé. Il ne devrait pas y avoir d’épouvantail ce soir, seulement Docteur Jonathan Crane, psychiatre, intéressé par les phobies, leurs effets sur la vie des patients et les potentielles pistes de guérison. Tu observas une dernière fois ta réflexion pour corriger quelques défauts dans ta tenue, sobre et élégante, puis constatas derrière le verre de tes lunettes la dilatation de tes pupilles, mangeant presque tout le bleu de tes yeux. Tu pourrais aisément blâmer la luminosité. Tu détournas ton regard du reflet que tu peinais à reconnaitre sans le masque en toile de jute et les brins de paille, puis te mis en route pour la réception.

Sans hésitation, tu écrasas la sonnette et pénétras à l’intérieur de la demeure. Sans gêne, tu observas les alentours, jugeas chaque choix de décoration. Aucune surprise de ce côté-ci, tout avait été choisi avec soin et montrait un fort penchant pour l’art. Hannibal n’était pas de ceux qui exposait sa richesse aux yeux de tous pour provoquer jalousie et admiration, mais simplement car il se plaisait à s’entourer de belles choses. Tu pouvais apprécier cela – agir selon les réactions d’autrui était une perte de temps, et résultait d’un manque de confiance en soi. Ce dont le docteur ne souffrait vraisemblablement pas. Ce fut avec ces nouvelles informations que tu vins à sa rencontre, certain d’avoir assez d’éléments pour découvrir ce qu’il se cachait derrière l’image du psychiatre respectable. Aucun homme n’était invincible, encore moins parfait, et tu étais bien curieux de découvrir quelles peurs et quels vices animaient un être aussi.

- Dr. Lecter, enchanté, Dr. Crane. J’ai été agréablement surpris par votre invitation… Après tout, je ne suis présent dans cette mystérieuse ville que depuis récemment.

Tu n’avais pas tendu ta main, seulement plongé tes iris claires dans les siennes, ton visage neutre et ton monotone cassés par un léger sourire en coin qui te donnait cet air arrogant qui avait toujours été critiqué.

- Je vous remercie.

(c) ANAPHORE

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@(Dr.) Hannibal Lecter & @(Dr.) Jonathan Crane

De ses confrères psychiatres, Hannibal Lecter a rarement pensé le plus grand bien. Beaucoup s’attardaient sur des considérations soit obsolètes, soit scolaires, qui les rendaient perméables à la beauté même de ce qu’ils étaient en mesure d’observer. Quand on vous offre à l’état brut, absolu, une psyché à disséquer, c’est sacrilège que de sacrifier ce présent au profit des théories fumeuses de ce bon vieux Freud. Bedelia était sortie du lot, à l’époque, mais elle était la seule… La plupart, à l’instar de Chilton, ne recueillaient de sa part qu’un souverain mépris, quoi qu’il ait su ne pas l’afficher de façon trop manifeste au cours de leurs interactions… pour celles qui n’avaient pas très mal fini pour lui. Oui, Hannibal n’a guère d’égards pour ceux de sa profession, mais il s’y intéresse néanmoins de très près, non dans l’intention de jauger la concurrence, mais au nom de la trop grande curiosité qui est la sienne. Et un confrère en particulier a attiré son attention, tout comme il se pourrait qu’il ait en retour attiré la sienne.

De lui, il ne sait que peu de choses, mais suffisamment pour avoir estimé utile et intéressant de creuser davantage le sujet. Aussi a-t-il décidé d’inviter le docteur Jonathan Crane à se joindre à l’une de ses habituelles réceptions, toujours organisées par ses soins avec la plus grande méticulosité (évidemment, le menu est toujours décidé à l’avance et représente le cœur même de ces célébrations qui permettent au gratin d’échanger quelques mots, et à Hannibal d’asseoir une réputation qu’il a su retrouver pleinement ici, à La Nouvelle-Orléans, où il ne souffre plus de la sinistre réputation qui avait mis fin à sa carrière et entravé sa liberté).

Parmi ses convives, beaucoup n’ont d’intérêt que très partiel pour Hannibal, en revanche, quand Jonathan Crane passe le pas de sa porte, Hannibal lui adresse toute son attention. Son regard le poursuit tandis qu’il le voit naviguer entre ses quelques convives, tout en balayant des yeux l’espace, en analysant peut-être les détails, ceux de cet intérieur raffiné et décoré avec un soin tout particulier, celui de l’esthète qui a de longue date cédé au raffinement et au bon goût la priorité sur tout considération morale ou déontologique.

« Docteur Crane, tout le plaisir est pour moi. Vous êtes ici depuis peu, certes, mais il n’en aura pas fallu davantage pour que l’on me vante vos compétences. » Il sourit, répondant à la politesse de Crane par une politesse équivalente. « Je n’étais pas certain que vous répondiez favorablement à mon invitation. J’aurais compris que vous choisissiez de vous en abstenir. » Ils ne se connaissent pas. Ils se jaugent, ils s’analysent, en bons juges éclairés de la nature humaine… dans ce qu’elle a de plus tristement commune tout comme dans ce qu’elle a de plus singulièrement monstrueuse. Les deux pouvant revêtir tout autant d’intérêt. « Vous dites ne pas être ici depuis longtemps. Puis-je vous demander où vous vous trouviez avant votre arrivée à La Nouvelle-Orléans ? »

Une indiscrétion qu’il lui refusera sans doute… mais qui ne tente rien n’a rien.

(c) DΛNDELION

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Il était grisant de savoir que ta réputation n’était plus celle d’un psychiatre et directeur d’asile corrompu, mais dont on reconnaissait les talents. Tu veillais à cacher les expériences moins déontologiques des yeux des habitants de La Nouvelle-Orléans, et des quelques justiciers qui arpentaient les rues la nuit comme la vermine qu’ils étaient. Tes toxines qui devaient provoquer des hallucinations n’étaient pas encore au point, l’épouvantail ne pourrait encore faire son apparition. Scarecrow devenait impatient, quelquefois prenant ta place des jours durant pour torturer des patients et empêchait une progression constante de vos travaux. Non pas que l’autre soit stupide pour s’atteler à la chimie, vous partagiez le même cerveau, cependant trop impulsif et préférant l’action à rester enfermer dans votre repère.

Tu ne regrettais en tout cas pas d’avoir accepter l’invitation, si la manière dont le Dr. Lecter t’observait à son tour présageait des événements amusants, si possible dans un futur proche. La question te fit tiquer, d’abord hésitant à lui répondre puisqu’il fallait veiller à ne pas trop en dire pour qu’il n’ait aucun doute à ton sujet. Refuser de répondre était d’autant plus suspect.

- J’ai voyagé dans quelques univers, avant, néanmoins j’ai vécu à Gotham, une ville située aux États-Unis qui remplace le New York que vous connaissez. C’est une ville où règne la folie, si vous saviez le nombre de criminels qui arpentent les rues... On ne manque jamais de travail en tant que psychiatre, entre ces derniers et la population traumatisée...

Un sourire étira tes lèvres, comme si tu venais de prononcer une blague entre confrères. Tu feignais la pitié pour ces pauvres âmes, quand tu n’avais en réalité que faire; et, pour la plupart des criminels qui causaient bien du chaos en ville, tu doutais qu’ils aient besoin de ton aide. Tu pouvais reconnaître l’intelligence de certains d’entre eux. Ils auraient fait des sujets d’étude fascinant, tout comme les costumés qui s’évertuaient à essayer de faire triompher la Justice en courant après eux. La Nouvelle-Orléans était bien trop calme. Elle manquait de cris de terreur.

- Et vous ? Etes-vous originaire de cette ville ?

Il serait difficile de refuser de répondre à la question, alors que tu avais fait l’effort pour la sienne. Tu n’imaginais pas l’autre homme de nature impolie ; au contraire, il avait l’air de ceux qui était tant charmant qu’il était aisé d’oublier que n’importe qui pouvait être dangereux. Il était intriguant, et tu avais hâte de découvrir ce que ce masque cachait.

(c) ANAPHORE

And at the end of fear...

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@(Dr.) Hannibal Lecter & @(Dr.) Jonathan Crane

Il a voyagé dans quelques univers… Fut un temps où une telle formule aurait probablement prêté à sourire, si ce n’est à s’inquiéter (mais Hannibal s’inquiétait rarement pour ses interlocuteurs, même s’ils devaient être ses patients, il s’amusait de leur détresse, il l’entretenait avec soin… mais jamais en revanche il n’affichait d’inquiétude réelle.. à une seule exception près). Mais ici, à La Nouvelle-Orléans, et après tout ce qu’il a vu et lui-même traversé, la donne a naturellement et sensiblement changé. Lui-même se hasarderait à peine à parler d’autres univers tant le monde qu’il a quitté ressemble à s’y méprendre au monde qu’il a rejoint (quelques décennies plus tard)… mais il sait que d’autres ont l’expérience de destinations bien plus fantasques, et qu’il n’est pas simple de conceptualiser, même pour les esprits les plus éclairés.

Il évoque une ville du nom de Gotham, qu’il ne connaît pas et qui serait une sorte de substitut à New York… Soit. Il ne fait aucun commentaire. Une ville où règne folie et criminels… c’est à peine si cette description lui permet à distinguer Gotham de la ville à laquelle elle s’est substituée… Quant au fait de compter dans les rues plus de criminels que ce monde ne devrait en connaître… Hannibal a sa propre expérience en la matière.

« Je crois devinez que vous y étiez très épanoui », observe Hannibal, les lèvres suspendues au-dessus d’une flute de champagne, alors que son regard perçant observe en détail l’homme qui lui fait face et dont il est loin de tout comprendre et tout savoir encore, mais dont il devine un intérêt commun pour…. Ce qui sort du commun. Jonathan Crane aime les défis, c’est ainsi qu’Hannibal le conçoit, avide d’expérience et d’observation. Comme lui. « Je ne m’inquiète pas véritablement du fait que vous trouverez ici grand nombre d’éléments singulièrement intéressants », lui assure-t-il sans rien expliciter.

Enfin, il daigne boire une gorgée de boisson pétillante et alcoolisée. Avant de prendre la peine de répondre à son interlocuteur, Hannibal prend le temps de savourer ce millésime qui, à l’instar de tout ce qu’il boit ou déguste, se doit toujours de tenir d’une forme très spécifique de raffinement.

« J’ai grandi en Europe », répond Hannibal d’un ton évasif en guise de préambule. De sa prime enfance en Lituanie et de tous les souvenirs qui y sont associé, Hannibal ne parle absolument jamais… Il y met un point d’honneur. « Le monde que j’ai connu est sensiblement semblable à celui que nous foulons tous deux à présent », ajoute-t-il en acceptant, en retour de l’effort d’honnêteté de son interlocuteur, de faire de même. Quid pro quo, donnant-donnant, cela a toujours été dans ses méthodes. « Vous disposez d’un esprit scientifique, n’est-ce pas ? Je suppose que vous avez déjà déduit quelques hypothèses des événements qui nous auront précipité à cet endroit particulier. »

(c) DΛNDELION

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- Je me suis spécialisé dans la peur… J’ai, en effet, un intérêt particulier pour les mécanismes de cette dernière. Bien entendu, mes recherches sont poussées par mon désir d’aider mes patients à affronter leurs phobies et guérir de ces dernières.

Sous ces mots, que tu fis bienveillant, se cachait un sous-entendu que tu ne pouvais t’empêcher de glisser – et dans les mots d’Hannibal, tu pouvais déceler une certaine malice qui reflétait la tienne. Quelque chose chez cet homme te poussait à croire qu’il serait ravi de t’entendre conter tes exploits ; mais, avant de lui accorder ta confiance, il te fallait davantage d’informations.

Tu l’observas savourer sa boisson, ta propre main vide par crainte que l’alcool ne se mélange à ton cocktail médicamenteux expérimental. Tu ne fis pas l’effort de saisir un verre pour te fondre dans la masse, préférant ne pas vexer ton hôte en ne faisant pas honneur à la boisson que tu ne porterais même pas à tes lèvres. Il serait, de toute manière, davantage étrange de se servir sans l’intention de boire. La réponse d’Hannibal fût vague, et tu ne cherchas pas à le pousser à se confier. Impossible de le berner avec des paroles pour le moment. Pas quand ton confrère était également sur ses gardes.

- La théorie du multivers, ou bien celle de penser que nos actions nous mènent, par la force du destin, à cet événement particulier ?

Plaisantas-tu, bien que tu restasses intrigué quant au passé de cet homme, vraisemblablement apprécié de la société. Ce qui te faisait légèrement tiquer, toi qui n’y avais jamais eu ta place. Toi, qui étais traité comme un criminel depuis que Scarecrow avait prit le dessus, comme si les travaux du Dr. Jonathan Crane n’avait jamais existé. Tes efforts toujours anéantis par l’incompréhension des faibles d’esprit.

- Ou bien y aurait-il d’autres hypothèses, selon vous ? La folie, une simulation créée par le malin génie, une œuvre du surnaturel ? Je peux créer diverses hypothèses, néanmoins ce ne serait pas scientifique d’affirmer l’une ou l’autre sans les paramètres nécessaires pour le prouver.

(c) ANAPHORE

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