There's nowhere to run | Elsa

There's nowhere to run

@(Pr.) Jürgen Voller & @(Dr.) Elsa S. Voller

TW : MENTIONS DU RÉGIME NAZI, D'IDÉOLOGIE EXTRÉMISTE - DE RACISME - D’ANTISÉMITISME ET DE XÉNOPHOBIE, VIOLENCES, SEXUALITÉ EXPLICITE, EMPRISE PSYCHOLOGIQUE, MANIPULATION, COMPLOT.

Tout était parfait, tout était sous contrôle. Il avait su prouver, par l’exemple, que le cours du temps et des événements pouvait être altéré, qu’il était possible de rebâtir des fondations anciennes et de les solidifier afin de s’assurer que la structure, imprenable, ne ploie sous aucune menace. Il avait vu son rêve se réaliser, se concrétiser sous ses yeux. Mais il n’en avait pas été le spectateur passif, ça non. Bien au contraire, même. Dès lors qu’il a franchi ces portes découvertes à Syracuse, et s’est retrouvé projeté dans ce qu’il a estimé être son propre passé, Jürgen Voller n’a été rien d’autre que proactif, bien déterminé à mener à bien tous les projets qu’autrefois le Cadran de la destinée, si longuement convoité, devait lui permettre de conquérir. Combien avaient-ils été, à espérer remonter le temps pour tuer le führer qui avait fait trembler l’Europe, et même le monde, en son temps ? Nombreux, mais tous étaient alors armés d’ambitions stupides, impérieusement convaincu qu’Hitler serait le mal absolu, et que le détruire changerait la face du monde. Naïfs… Tous plus naïfs les uns que les autres. Hitler n’avait jamais été la solution, non, mais pas parce qu’il aurait été trop machiavélique ou inhumain, mais uniquement parce qu’il s’était montré trop lâche, trop faible… Il n’avait pas été à la hauteur des ambitions qu’il avait prétendu caresser. Fut un temps où Voller avait fait de Mein Kampf son livre de chevet, aujourd’hui, ces mots lui paraissent diablement creux, plus creux que jamais. Son prédécesseur n’avait pas été à la hauteur, mais Jürgen Voller, lui, avait été convaincu qu’il en serait tout naturellement capable.

Alors, comment les choses avaient-elles bien pu dégénérer à ce point ? La question se pose, et la réponse n’est pas si évidente que cela… Parce que pour commencer, tout avait été à l’image même de ce qu’il avait anticipé, et mieux encore. Abattre cet ennemi qui avait un temps court été son idole à l’insu de tous avait été un jeu d’enfants, et prendre sa place ne lui avait demandé guère plus d’efforts. Très rapidement, il s’est assuré de faire une différence rapide et magistrale. Tout vient à point à qui sait attendre, certes, et peut-être s’était-il montré trop empressé, en plus d’être trop ambitieux, mais il avait tant peaufiné ce projet, dans son esprit, pendant de si nombreuses années qu’il ne se voyait définitivement pas passer à côté. Alors il avait fait ce qui devait l’être selon lui. Il avait réorganisé ses armées et laissé la part belle à la science, cette science tant vénérée qui était son violon d’Ingres et qui selon lui devait leur permettre de satisfaire plus facilement à ses ambitions. Dans ce monde à l’image de ses rêves les plus fous, il avait aussi retrouvé Elsa, l’amour de sa vie, et il l’avait interprété comme un signe… Ici, rien ne lui échapperait. Absolument rien.

Grossière erreur. Dont il doit constater à présent l’ampleur, alors que l’épais vernis de perfection posé avec grâce sur son œuvre sublime se laisse lentement gratter et laisse découvrir en-dessous une réalité plus incertaine, plus sinistre. Dépassé par sa création, il doit accepter que ses super-soldats soient devenus progressivement incontrôlables. Il croit encore pouvoir arranger les choses, il se promet, en son for intérieur, de changer le cours des événements une fois de plus. Peu importe le nombre d’erreurs commises, l’essentiel est de conscientiser ces erreurs et de les dépasser encore. C’est une chose dont Jürgen se sent bel et bien capable, comme il s’est montré capable autrefois, à force de témérité et de persévérance, de mener à bien le moindre de ses objectifs. S’il a besoin de temps, il en gagnera… Malheureusement, il se sent comme pris au piège d’un étau fatal. Il a parfois l’impression, comme aujourd’hui, que les murs de sa prestigieuse demeure hyper-sécurisée de la Nouvelle Chancellerie, se referment doucement sur lui. Il est à peine possible de mettre les pieds dans Berlin, les agressions, les attaques, ce feu nourri par certains citoyens qui savourent et profitent du chaos ambiant, compliquent encore davantage les choses. Assigné à résidence pour sa propre sécurité, accaparé par ses recherches et plans stratégiques afin de réparer ce qui doit l’être, il la néglige… Et le sentiment qu’il éprouve en cet instant de perdre pied n’est pas tant dû à l’angoisse de voir filer entre ses doigts son précieux Reich qu’il promettait millénaire… Mais bien la crainte de perdre la femme qu’il aime, le tout doublé d’un puissant et violent sentiment de trahison. Elle n’avait pas le droit de lui faire ça… Mais ce n’est pas une surprise. Il sait qu’il a négligé Elsa au profit de ses ambitions, mais ce n’était jamais que pour l’en faire profiter elle. Et voilà que son épouse se dérobe, voilà qu’elle lui tourne le dos. Pire, elle le trompe. Avec son pire ennemi. Il n’avait que quelques doutes jusqu’alors, mais les rapports détaillés de ses espions, qui la prennent en filature depuis plusieurs semaines déjà, ne laissent place à aucune équivoque. Elsa Voller, née Schneider, a un amant. Pire encore : Indiana Jones, ce fichu archéologue qui autrefois avait compliqué ses plans, est cet amant. Le choisir lui plutôt que n’importe qui d’autre, c’est une insulte faite à sa personne… Voller est fou de rage. Le cœur saigné à blanc, il se sent humilié, bafoué, trahi… Elle n’aurait pas pu lui faire plus de mal qu’en agissant de la sorte. Ses premières intentions à son égard ont été d’une rare violence, mais au moment d’attendre de la retrouver ce soir-là, il choisit finalement d’opter pour une autre stratégie. Il a fait préparer la salle à manger, où ces derniers n’ont presque plus jamais l’occasion de dîner ensemble, et organisé le repas le plus prestigieux qui puisse être. Il la fera culpabiliser, il l’obligera aux aveux, il lui rappellera que c’est lui, et uniquement lui, c’est là son plan.

Installé à une table élégamment dressée, vêtue de son costume le plus séduisant – celui dont il sait qu’il ne la laisse jamais indifférente, il l’attend donc de pied ferme, et sait se fendre d’un sourire aimable quand il la voit finalement arriver.

« Ah, Elsa… Tu es charmante, ce soir », dit-il en la voilant pénétrer dans la pièce. Il se rapproche d’elle et dépose un chaste baiser à la commissure de ses lèvres. « Tu comptais aller quelque part ? » Retrouver son vulgaire amant, sans doute. « Il va te falloir annuler, j’en ai peur. Je nous ai fait préparer le plus délicieux des dîners », ajoute-t-il, enjôleur. « Ce soir, c’est juste toi et moi », ajoute-t-il à son oreille, avec une douceur presque menaçante.

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12 OCTOBRE 1942 › LA NOUVELLE CHANCELLERIE, CHAMBRES DU COUPLE AU POUVOIR (BERLIN ∙ ALLEMAGNE NAZIE).

TW : GUERRE, RÉGIME NAZI, MENTIONS DE VIOLENCE - D'IDÉOLOGIE EXTRÉMISTE - DE RACISME - D’ANTISÉMITISME ET DE XÉNOPHOBIE, SEXUALITÉ EXPLICITE, MANIPULATION, EMPRISE PSYCHOLOGIQUE, FANATISME, COMPLOT, INFIDÉLITÉ, FÉTICHISME (UNIFORME), PRATIQUES SM, DOMINATION, OBSESSION, NÉVROSES.

Elsa Schneider ouvre lentement les yeux, son esprit encore embrumé par le sommeil. Elle vient de faire une sieste dans l’après-midi. Le soleil est encore levé, mais est sur le point de se coucher en offrant un magnifique nuancier de teintes rosées dans le ciel dégagé de Berlin. Au fur et à mesure qu'elle se réveille, les fragments de ses derniers souvenirs se mêlent à sa confusion. Des images de sa « mort » dans la caverne du Saint Graal traversent son esprit, ce qui la laisse complètement désorientée et incertaine de son environnement. Elle se retrouve dans un lit opulent, à baldaquin, déconcertée par l'extravagance de tout cela. Elsa cherche à rassembler ses souvenirs de ces derniers jours, avec les paumes plaquées sur son front brûlant de fièvre. Elle finit par se lever en tirant les draps dans tous les sens, exténuée tant moralement que physiquement. La chute fut rude dans les abysses brumeuses de la caverne, la jeune femme a cru bien voir sa vie entière défiler sous ses yeux, horrifiée de laisser la coupe du Saint Graal lui glisser entre les doigts. Habillée d’une simple nuisette en soie et en dentelle, Elsa marche dans la chambre et se déshabille intégralement pour enfiler des sous-vêtements couleur crème, la première robe à sa disposition dans la penderie, – de couleur grise, pour la discrétion – et des escarpins noirs très élégants.

Avec un mélange de crainte et de curiosité, Elsa commence à explorer la chambre luxueuse dotée d’un splendide balcon aux rideaux en velours rouge sang et noir, – ces deux couleurs lui évoquent l’emblème de sa nation. Alors qu'elle fouille précipitamment dans les tiroirs aux meubles en bois acajou vernis et admire le décor, son regard tombe sur une série de photographies dispersées sur une coiffeuse. Des photographies en noir et blanc, au grain épais, enveloppées d’une série de cadres rectangulaires et de forme ovale en or fin. Elles dépeignent des moments figés dans le temps, – elle et Jürgen Voller, ensemble. Vraiment ensemble, main dans la main. Sur l’une d’elles, ils s’embrassent. Elle observe attentivement leurs vêtements… tous les deux sont habillés comme on est habillé le jour de son mariage. Son cœur manque un battement, lorsqu'elle réalise qu'ils se sont mariés, comme le confirment les photos de mariage, ainsi que de la bague qui orne son annulaire gauche. Une bague et une alliance, plus précisément. Une alliance en or, très fine, précédant une énorme bague de fiançailles de taille princesse. Un gros rubis, taillé en forme coussin, surplombe la bague en argent parcourue d’une multitude de petits diamants éclatants de mille feux. La vision de cette bague la frappe comme une vague, la laissant à la fois exaltée et horrifiée.

Est-ce un rêve ? Elsa remet en question sa propre santé mentale, alors qu'elle se tient seule dans la pièce. Elle se met à faire les cent pas, son esprit s'emballe, jusqu'à ce qu'elle atteigne le balcon. La vue qui s'offre à elle déclenche un flot de nouveaux souvenirs. Elle contemple la ville animée de Berlin, pleine de vie, et soudain, tout s'éclaire. Jürgen Voller, son mari, s'est hissé au pouvoir en tuant Adolf Hitler. Il est toujours absent, absorbé par ses nouvelles responsabilités. « Jürgen... a éliminé Hitler et pris le pouvoir… Je m’en souviens. C'est incroyable. » Elle cherche à comprendre comment une telle chose a bien pu arriver, mais aucune réponse ne semble lui apporter la moindre satisfaction. Elsa ignore tout du cadran de la destinée. Elsa ignore que Voller a su retourner dans le temps malgré les difficultés rencontrées avec Indiana Jones, pour changer l’histoire en assassinant le tyrannique Adolf Hitler, afin de prendre sa place. Tyrannique… Elle ressent un pincement étrange dans son myocarde. Voller n’est finalement pas mieux qu’Hitler. Voller est simplement plus brillant qu’Hitler, songe-t-elle, les lèvres pincées.

Au milieu du flot de souvenirs, une pensée persiste : le véritable amour, sa grande passion, a toujours été les mystérieuses recherches scientifiques de Jürgen. Cela n’a jamais été elle. Il n’y en a toujours eu que pour ses travaux. Au début de leur relation, lorsqu’elle l’a rencontré, lorsqu’ils ont perdu leur enfant sur le point de naître, et également maintenant qu’il est devenu le nouveau Führer. Jürgen l'a tenue dans l'ignorance, refusant de partager les détails de ses recherches énigmatiques. Et elle, à son tour, se souvient clairement de sa liaison avec Indiana Jones, l'Américain. Elsa cache d’ailleurs soigneusement les lettres qu'ils ont échangées dans son sac de maquillage, habilement dissimulées dans une poudrière. En pensant que son mari ne songera jamais à fouiller là-bas, car il est distant et préoccupé depuis des semaines maintenant. Voller est absent, constamment, cela justifie donc certaines déchirures dans leur contrat de mariage. Voller est pris par des responsabilités nationales qui les dépassent. Avant qu’il ne se hisse à la tête de l’État allemand, elle se souvient qu’il n’a jamais vraiment été disponible pour elle. Pas que physiquement, surtout mentalement. Voller est toujours ailleurs, perdu dans ses pensées, dans ses quêtes obsessionnelles pour le pouvoir et le mysticisme, dans ses névroses pathologiques. Elsa comprend rapidement en avoir eu assez de passer au second plan, au point d’avoir renoué avec son ancien amant en espérant qu’on la délivre de cette cage dorée. Elle se souvient avoir prévu de quitter son mari pour lui ce soir. Bien décidée à aller au bout de ses plans, Elsa embarque ses affaires. Elle passe au préalable dans la salle de bain pour se recoiffer et se maquiller, avant de se précipiter sur la première valise à portée de main. (il faut se faire belle pour son amant après tout)

Avec détermination, Elsa commence à faire ses bagages, profitant de l'absence de son mari en déplacement à Münich. Cependant, ses projets prennent une tournure inattendue lorsqu'elle franchit le seuil du salon plongé dans l'obscurité. Là, dans les ombres de la pièce tamisée, se trouve Jürgen Voller habillé dans son plus bel uniforme noir, assorti d’une casquette. Un mélange d'émotions contradictoires submerge Elsa, et elle peine à garder son calme. « Jürgen ! Qu’est-ce que tu fais… là… ? » murmure-t-elle d’une voix très douce, tirant sur les aigües, tant elle ne peut lui dissimuler plus longtemps sa surprise. « Je te croyais à Münich… Tu n’étais pas attendu pour faire un discours à l’Université de Bavière ? » Son cœur souffre terriblement pour l'homme qu'elle a épousé, un homme devenu étranger à bien des égards. L'incertitude la ronge, mais elle ne peut ignorer le lien profond qu'elle ressent toujours avec lui. Malgré ses intentions de partir, Elsa réalise que son amour pour Voller persiste, y compris au milieu des tentations de l'aventure et de l'appel de son ancienne flamme, Indiana Jones. Elsa ne demande qu’une seule chose, c’est qu’il la retienne du mieux qu’il peut. Mais… Elle sait aussi qu’elle doit dépasser ses propres sentiments et s’enfuir pendant qu’il est temps de se sauver.

« Pourquoi restes-tu seul dans le noir ? » Elle s’en inquiète, et se dirige d’un pas rapide vers l’interrupteur. Rien ne change. Le lustre refuse de s’éclairer. Elle suppose que les ampoules doivent être grillées. Fronçant les sourcils, son cœur bat la chamade. Elsa est mal à l’aise. Elle veut éviter à tout prix une discussion houleuse. A-t-il déjà remarqué ses valises dans ses mains ? Oui, sans doute. Comment trouver une parade ? Un déplacement, un voyage avec des amies ? Oui. Parfait alibi. Elsa reste figée dans l'encadrement de la porte, déchirée entre deux feux. Le poids de ses décisions lui pèse sur la conscience, et tandis qu'elle fixe Voller, une seule question emplit son esprit : aura-t-elle vraiment la force de partir ? De tout quitter ? De le quitter ? Peut-on seulement envisager un seul instant de quitter le Führer ? (non, fusillée direct ma foi)Elle comprend rapidement que l'éclairage est destiné à instaurer un cadre romantique entre eux, en découvrant la manière dont la table a été dressée et décorée avec goût. « Jürgen... En quel honneur me fais-tu cette fantaisie infiniment romantique… ? » Elle désigne d'une main gracieuse les bougies romantiques réparties sur une grande table drapée et dressée pour un somptueux dîner. Un sourire timide se niche au coin de sa bouche. Ces efforts lui font chaud au coeur. Jürgen Voller est encore capable de romantisme malgré tout. Elle se sent séduite, infiniment fascinée par lui. Par tout ce qu'il dégage. Son charisme, son autoritarisme, son pouvoir, son influence, son idéologie de pureté aryenne, son intelligence proche du génie, sa culture et sa sensibilité artistique. Jürgen a toujours été le meilleur choix, le premier choix. Son premier amour, son grand et unique amour, quoiqu'il se soit passé avec Indiana Jones, le père de ce dernier, ou bon nombre d'autres amants avant qu'elle n'accepte de l'épouser. Elle le trompe actuellement, certes, mais ce n'est pas une tromperie du coeur ou de l'esprit. C'est une tromperie désespérée, et inconsciemment destinée à attirer l'attention de Voller sur la fragilité de leur mariage.

En un éclair, elle en oublie sa volonté de fuir avec Indiana Jones. En un battement de cil seulement, Voller la rappelle à ses pieds, en lui montrant insidieusement où se trouve sa véritable place. A ses côtés, et certainement pas en Amérique. Elsa reste sans voix quelques minutes, tant elle se sent frappée par le bonheur d'être enfin considérée amoureusement par son mari, après des mois d'absence et de silence. Enfin, il la voit. Enfin, il répond à ses attentes. Enfin, il lui propose un dîner en tête à tête. C'est exactement tout ce qu'elle espère de lui. « Oh, Jürgen. Il ne fallait pas t’embêter à ce point. Je suis… profondément touchée par tes attentions, mais j’ai bien conscience que tu es un homme débordé désormais. J'ose espérer que tu ne le fais pas uniquement pour moi, et que cela t'enthousiasme également de passer une soirée en ma seule compagnie. » Elsa est sincèrement touchée par sa proposition. Elle le laisse déposer un baiser à la commissure de ses lèvres, et se surprend même à regretter que celui-ci soit si furtif. Voller lui manque, quoiqu’elle en dise. Elsa ferme les yeux, savourant pleinement la proximité de leurs lèvres. C’est un moment rapide, intense en même temps. « Jürgen… » Elsa pousse un gémissement léger, en gardant les yeux clos, le temps que dure cette caresse. Elsa s’abandonne, contre toute attente, alors qu’il ne lui a encore rien fait. Elle glisse ses paumes sur son torse, en cherchant sa présence, les battements de son myocarde. Il a le corps chaud, et ferme. Elsa frissonne. Elle en vient à effleurer le coton rigide de son uniforme, tout en évitant soigneusement les différentes décorations militaires qui l’orne pour ne pas les déplacer, ou même de se frotter à sa ceinture très fine en cuir noir de peur de l'abîmer. (elle exagère oui oui) Il est parfait et doit le rester. Comme une statue de cire. Une photographie dont elle ne se lassera jamais. Elle comprend surtout que derrière ce choix de vêtements, alors qu'ils sont en privé, juste tous les deux, sans cérémonie officielle ou déplacement quelconque sur la scène publique, se cache une envie sincère de la part de Jürgen de lui plaire. De raviver la flamme presque éteinte entre eux.

Elle n'a que de bons souvenirs de cet uniforme, du moins, seulement en ce qui concerne Voller. Tous les autres officiers de la Schutzstaffel... C'est une autre histoire. Elle s'est longtemps méfiée de cette classe spécifique d'officiers nazis, car ils ne sont uniquement là pour faire la guerre, ils sèment la peur et l'horreur dans les contrées. La simple présence de ce badge argenté en forme de tête de mort sur leurs casquettes illustre ce qu'ils représentent dans le pays, ce qu'ils doivent accomplir, et à quel point ils sont prêts à tout pour assurer l'ordre, ainsi qu'un semblant d'équilibre dans une population fracturée. Malgré cela... Le coeur de Schneider a ses raisons que la raison ignore. (il l'a maraboutée avec des grigris nazis ouais) Comme Elsa aime cet uniforme, comme elle raffole de découvrir son mari enveloppé dans ses plus beaux atours sinistres et autoritaires. (fétichiste spotted) Ces bottes noires parfaitement ajustées, ce pantalon aussi sombre typique de l'armée allemande, cette veste de la même couleur littéralement pleine de décorations et d'insignes militaires, ce brassard épinglé à son bras gauche aux couleurs pétantes sont autant de symboles de terreur et de sang. La croix gammée présente au centre du brassard en coton effraie le monde entier, mais pas elle. Jürgen ne lui fera jamais de mal. Elle lui fait confiance. (ouais enfin elle veut quand même se barrer je dis ça je dis rien) Son allégeance pour Jones est faillible, car son attraction pour Voller dépasse l’entendement. Elsa Schneider est une fanatique dévouée. Lorsqu’il s’éloigne pour l’inviter à prendre place à ses côtés, Elsa ne se le fait pas dire deux fois. Elle s’assoit élégamment, et remonte les plis de sa robe distinguée, un peu trop serrée, afin de croiser les jambes plus facilement sous la table recouverte d'une belle nappe en soie couleur rouge noir.

« En effet, je prévoyais de sortir. Je pensais rendre visite à Magda. C'est une bonne fréquentation. Tu la connais, elle est si gracieuse et dévouée au régime. Elle possède une superbe maison secondaire à Caputh, au bord du lac de Schwielowsee. Elle m’a proposé de passer quelques jours avec elle pour lui tenir compagnie… Prendre un peu l’air frais. Elle souffre beaucoup depuis qu’elle a découvert que son mari la trompait avec une célèbre actrice allemande. Je me suis dit que cela me changerait de Berlin. Je ne pensais pas que tu rentrerais aujourd’hui. » prétexte-t-elle avec une honnêteté feinte. Elsa éprouve le besoin de préciser à quel point cette Magda est une bonne fréquentation pour elle, afin de dissiper les doutes de son mari. Voller peut être si catégorique sur ses choix de fréquentations, de toilettes luxueuses, ou même d'activités. Une femme de chef d’État doit être irréprochable et incarner la perfection. Être une vraie aryenne, mais dans son cas, être une simple aryenne ne suffit pas, elle doit être la reine de toutes les aryennes. Comparable à une déesse nordique. L'idéal de la pureté selon la philosophie nazie. Son idéal. Elsa s'applique minutieusement à combler les exigences fantasques de son époux. Au bout de quelques secondes de battement, elle laisse un rire amusé s’échapper de ses lèvres crispées, maquillées de rouge, pour détendre une atmosphère étrangement tendue. Elsa sent bien que son argumentaire est parfaitement ficelé, mais cela ne l'empêche pas d'éprouver une pointe de nervosité. Jürgen ne peut y voir que du feu.

(c) DΛNDELION

Every single day, every word you say. Every game you play. Every night you stay. How my poor heart aches with every step you take? Every move you make, every vow you break. Every smile you fake. Every claim you stake. I'll be WATCHING you. Since you've gone, I've been lost without a trace.

WE ARE THE MONSTERS UNDERNEATH YOUR BED.

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@(Pr.) Jürgen Voller & @(Dr.) Elsa S. Voller

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« Ainsi si je veux te faire plaisir, il faudrait que j’aie une raison sous-jacente, ainsi, si je veux précisément faire ce que tu déplores probablement que je ne fasse pas assez, ce sera naturellement pour autre chose que pour te plaire. J’espérais que tu serais heureuse de passer cette soirée avec moi. »

Il affiche un air songeur, navré. Ses mots sont peut-être manipulatoires – ils le sont même très clairement –, son tourment et sa déception n’en sont pas moins réelle. La réaction d’Elsa lui donne le sentiment de l’avoir déjà perdue. Au fond, à quoi s’attendait-il d’autre. Il sait qu’elle brûle de se retrouver dans les bras de son amant, que sa présence l’insupporte sans doute, que la pensée de l’embrasser le dégoute, mais… Allez savoir pourquoi, il avait eu la naïveté de penser que la lueur de quelques bougies suffiraient à raviver une flamme qui de son côté ne s’est jamais éteinte. Jürgen a bien trop mal aimé Elsa, c’est un fait. Il a sans cesse privilégié son travail, ses ambitions… il l’a négligée. Elle est en droit de lui en vouloir. Elle est en droit d’avoir décidé de voir ailleurs. Il est au fond fautif de cette situation. Mais quand ses sentiments à elle se sont éteints, lui n’a jamais cessé de l’aimer, comme au premier jour, profondément. Son erreur a probablement été de la croire acquise, et il paie cette erreur lourdement. Un prix insoutenable. Il se sent à un rien de tout perdre… Si elle doit lui échapper elle aussi, alors il redoute que ce pourquoi il s’est toujours battu perde également de son sens. Il a un vague espoir, néanmoins, quand il sent les doigts fins de sa moitié se déposer avec douceur et dévotion sur son torse, par-dessus sa chemise. Est-ce qu’elle peut sentir à quel point son cœur bat fort ? C’est toujours le cas quand elle est à proximité… Toujours. Quoi qu’il advienne. Il veut qu’elle l’aime, et il veut l’aimer, réussir à l’aimer vraiment… Sauf que sa proximité aussi belle que soudaine met aussi en exergue la force de leur éloignement. C’est vertigineux pour lui de songer au fait qu’elle pourrait seulement tourner les talons et partir.

« Tu comptais partir sans me prévenir, donc », répond-t-il une fois qu’ils sont installés autour de la table et qu’elle lui invente des excuses qui lui arrachent le cœur en lambeaux. « Et tu serais revenue ? » il affiche un sourire cynique. Parce que la question n’exige pas de réponse. Il sait déjà ce qu’il en est… Cette Magda n’existe pas, ce séjour n’est pas un séjour mais une fuite, une évasion, un abandon. La fin d’eux, comme si ce n’était rien, comme s’il ne méritait même pas ce sentiment de clôture. « Ton amie Magda et moi aurions beaucoup de choses à nous dire. De toute évidence, nous avons de nombreux points communs, elle et moi », dit-il avec amertume. Il laisse passer un temps de silence, lourd, pesant. « J’aurais aimé que tu m’aimes et me respectes suffisamment pour vouloir au moins me dire adieu. Ou bien être honnête avec moi quand je t’en donne l’occasion. » Il sourit, un sourire d’une tristesse infinie. « Mais je suppose que selon toi, je ne mérite plus ton respect, n’est-ce pas. Peut-être même que tu te dis que je ne l’ai jamais mérité… » Il serre les poings. « J’ai tout fait, pourtant… » Sa voix devient fébrile, tremblante. « Je voulais tellement que tu m’admires. »

Il voulait être une source d’admiration pour tous, bien sûr, ce führer que l’on admirerait de toute son âme, il aurait voulu que ce qui les unissait sache survivre aux mensonges, aux dissimulations, aux travers de son insupportable caractère. Est-il capable de la laisser s’en aller maintenant qu’il sait la vérité ? Pour être tout à fait honnête, non. Il ne se sent certainement pas la force de dépasser le sentiment de douleur. Il doit la garder à tout prix. Il pourrait peut-être… Passer l’éponge, lui promettre de faire des efforts ? Mais il n’est pas capable de dissimuler la colère qui ronge chaque infime parcelle de son être et qui ne demande qu’à se libérer.

« Tu ne m’aimes vraiment plus du tout ? » suggère-t-il sans oser entendre sa réponse. Il serre les poings. « Je ne peux pas te laisser partir, tu comprends ? Je ne peux pas… » Son poing tape soudainement contre la table. C’en est trop pour lui. Il n’arrive plus à contenir ses émotions. Elles le bouleversent et elles le submergent au poing qu’il n’arrive plus à penser à autre chose. Il se sent totalement dépassé par ce qu’il ressent, et c’est définitivement insupportable. « Dis-le. Dis-le une bonne fois pour toutes. Ne m’oblige pas à le faire à ta place. » Il prend une grande inspiration. « Vide tes valises. Je veux voir ce qu’elles contiennent. »

(c) DΛNDELION

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12 OCTOBRE 1942 › LA NOUVELLE CHANCELLERIE, CHAMBRES DU COUPLE AU POUVOIR (BERLIN ∙ ALLEMAGNE NAZIE).

TW : GUERRE, RÉGIME NAZI, MENTIONS DE VIOLENCE - D'IDÉOLOGIE EXTRÉMISTE - DE RACISME - D’ANTISÉMITISME ET DE XÉNOPHOBIE, SEXUALITÉ EXPLICITE, MANIPULATION, EMPRISE PSYCHOLOGIQUE, FANATISME, COMPLOT, INFIDÉLITÉ, FÉTICHISME (UNIFORME), PRATIQUES SM, DOMINATION, OBSESSION, NÉVROSES.

Il parle, il se montre des plus sceptiques, et en réponse, elle préfère subir ses propos accusatoires sans un mot. Que peut-elle lui dire ? Oui, elle n’a pas souhaité l’avertir de son projet de « vacances » ? Oui, elle ne pense pas revenir auprès de lui ? Oui, elle a prévu de lui faire faux bond de la manière la plus lâche qui soit ? Fuir avec son amant, un Américain, qui plus est ? Elle lui répond par une expression froide, sans sourire, sans sourcils froncés, presque sans vie. Elle a l’impression désagréable de voir sa vie entière défiler sous ses yeux… Quelque chose lui dit que le comportement de Jürgen, aussi nerveux et cynique, accuse des maux terribles dont elle est principalement responsable, mais la belle Autrichienne ne veut pas admettre… qu’il puisse déjà avoir vent de sa liaison. Elsa s’assoit donc, contrainte de jouer la comédie. Elsa doit donner l’illusion à Jürgen qu’il n’y a absolument aucun problème entre eux, même si c’est un énorme mensonge. Ses paroles ont percé quelque chose en elle, exposant à la surface un mariage sur le déclin. Elsa se sent tiraillée entre l'amour qu'elle a autrefois éprouvé pour lui, – et qu’elle continue envers et contre tout d’éprouver – et le désir d'autre chose, qu'elle a trouvé dans les bras d'un autre homme. Indiana Jones. Son plaidoyer pour qu'elle reste, sa confession de l'aimer encore, tirent sur les cordes sensibles de myocarde. Mais elle ne peut ignorer la douleur qu'elle a endurée depuis des mois, la solitude qui l'a consumée en silence pendant qu'il faisait le choix de privilégier ses ambitions au détriment de leur relation. La négligence de Jürgen a eu des conséquences, et malgré ses tentatives désespérées de raviver leur connexion amoureuse, cela semble obstinément vain. Alors qu'il parle sans mettre des mots sur son chagrin, Elsa peut voir le tourment dans ses yeux d’ambre, et pendant un instant, elle se sent presque coupable de lui causer une telle souffrance. Mais l'amertume qu’il éprouve à ce moment lui rappelle ses stratagèmes manipulatoires. Il sait. Il ne le dit pas clairement, mais il sait tout. Pour la liaison, peut-être même pour l’identité de son amant. Elsa en prend religieusement conscience. Les sous-entendus de Voller sont… révélateurs. Il ne croit pas en ce qu’elle dit. Elle le voit dans l’expression de ses yeux accusateurs et voilés d’une colère sourde, grondante. Une jalousie qui ne dit pas son nom. Quelque part, cela la flatte, réveille la flamme de la passion en elle. Elsa se rappelle soudainement à quel point elle l’aime. Pour cette passion déchaînée, mais aussi pour son besoin compulsif de la garder sous son joug. Comme s'il pensait qu'en dévoilant toute la force de son amour, il pourrait la maintenir captive de ses désirs. Et cela marchera.

Les pensées d'Elsa s’éloignent doucement de l’amour qu’elle éprouve toujours pour Voller et se perdent dans les moments échangés avec son amant, la passion et l'intimité qui ont été absentes de sa vie pendant si longtemps. Elle ne peut nier l'excitation qu'elle a ressenti avec lui, ou bien la façon dont il l’a faite se sentir vivante et désirée, pendant l’absence de Voller. La culpabilité ronge sa conscience, sachant qu’elle ne cesse de trahir l'homme qui a autrefois été tout pour elle. Il s’énerve brusquement en heurtant la table élégamment dressée pour le dîner de son poing, et alors, Elsa tremble. Il hausse la voix, crie presque. Il perd tout contrôle sur ses émotions, et c’est en cela qu’il devient vraiment dangereux. Prenant peur face à la réaction violente de son mari, son palpitant rate un premier battement et son réflexe est alors de retenir sa respiration jusqu’à ressentir un frisson de douleur. Elsa est littéralement effrayée de constater sa fureur (führer – je te fais le jeu de mot ?). Il lui faut un certain temps pour assimiler cet état de fait. Elle avale sa salive pour sembler parfaitement normale, et reprendre son souffle discrètement. « Je n'ai jamais voulu que cela arrive. » finit par dire Elsa, sa voix tremblant de tristesse. Il mérite des réponses, une transparence absolue. « J'ai tant essayé de faire fonctionner les choses, d'être ce dont tu avais besoin, mais je ne pouvais plus vivre dans ce vide sans amour. » Elsa observe longuement Jürgen, en cherchant le moindre signe de compréhension dans ses yeux, mais tout ce qu’elle peut apercevoir, c'est de la douleur et de la colère. Cela la peine de le voir ainsi, mais Elsa ne peut vraiment plus ignorer ses propres besoins. « Oui, je t’ai menti. Il y a quelqu’un d’autre, Jürgen. » Il lui a demandé un peu plus tôt… Si elle comptait revenir, après son voyage. Il s’est étonné amèrement qu’elle soit capable de s’absenter sans le prévenir. « Je ne serais pas revenue. » affirme-t-elle, la gorge nouée, craignant une nouvelle crise de colère intempestive.

« Je pourrais dire que je peux tout t’expliquer, mais je suppose que tu sais déjà tout. » soupire-t-elle, sans s’interrompre dans ses explications qu’elle souffle avec peur. « Quand tu as commencé à passer plus de temps au travail, j'ai eu l'impression de te perdre. » continue Elsa, en jouant avec le bout de sa fourchette en argent, sans grand intérêt. Elle laisse lentement son index glisser le long des dents, pour les caresser nerveusement. Il lui faut toucher quelque chose, calmer son émoi. Ne pas se trahir. « Je voulais être tout pour toi, ta confidente et sa partenaire de combat, partager tes rêves et ambitions, mais j'avais l'impression d'être… un fardeau dont tu ne pouvais plus te débarrasser assez vite. » Son cœur se serre pendant qu’elle se remémore les innombrables nuits angoissantes qu’elle a été forcée supporter seule, désirant son affection, un simple geste ou une étreinte chaleureuse de sa part. Jürgen s’est absenté trop de temps, trop de nuits pour être pardonné aussi facilement. Elle se demande s'il a même remarqué sa solitude, ses appels silencieux à l'attention. « Il n’y en a toujours eu que pour ton travail… Tu as toujours refusé de m’en parler. Tu ne m’as jamais laissée… entrer dans cette partie de ta vie et partager… tous tes secrets. Tu m’as menti, Jürgen. Et pas qu’une fois. Je ne te l’ai jamais reproché. Je l’ai toujours su. » Elle ne l’a jamais reproché jusqu’à maintenant. « Je l'ai rencontré à un moment où j'avais besoin que quelqu'un me voie et m'entende… » avoue Elsa, les larmes aux yeux. « Il m'a fait me sentir vivante, aimée, désirée. J'ai trouvé du réconfort dans ses bras, et pour une fois, j'avais l'impression de compter dans la vie d’un homme, de vraiment compter, et pas juste d’être… comme un vulgaire trophée de chasse gentiment posé sur son étagère. » Elle a gardé ses sentiments cachés si longtemps, craignant la réaction de Jürgen. Mais maintenant, la vérité est nue. « Je n'ai jamais voulu te faire de mal, Jürgen. » murmure-t-elle, tendant la main pour toucher la sienne depuis le bord de la table en bois vernis, mais Elsa ne trouve pas le courage de l’étreindre. « J'espérais que nous pourrions retrouver notre complicité, mais je ne peux pas ignorer mon bonheur. »

Un tumulte d'émotions envahit Elsa, partagée entre l'amour qu'elle ressent encore pour Jürgen et le désir d'un autre amour qui la comble complètement aux côtés d’Indiana. Elle a l'impression de marcher sur des charbons ardents, incertaine de son destin. « J'ai besoin de temps, d'espace pour réfléchir. » confesse Elsa, d’une voix à peine audible, en baissant les yeux vers son assiette en porcelaine élégante. Voller a vraiment fait les choses bien comme il faut. « J'espère qu'un jour, nous pourrons trouver la paix, même si cela signifie prendre des chemins différents. » Elsa se lève de la table, son cœur lourd du poids de leur amour désormais brisé. Elle regarde Jürgen une dernière fois, ses yeux remplis de tristesse, avant de se confronter à l’inévitable, lorsqu’il lui ordonne de lui présenter ses bagages. « Fouille-les autant qu’il te plaira. Je ne ferais rien pour t’y aider. Ce que tu fais est… d’une indécence, Jürgen, qui me glace. » C’est l’ironie qui se fout de la charité. Voller lui donne envie de vomir par son comportement, même s’il s’avère justifié. Elle détourne encore le regard, honteuse, tandis que ses valises sont scrutées à la loupe.

(c) DΛNDELION

Every single day, every word you say. Every game you play. Every night you stay. How my poor heart aches with every step you take? Every move you make, every vow you break. Every smile you fake. Every claim you stake. I'll be WATCHING you. Since you've gone, I've been lost without a trace.

WE ARE THE MONSTERS UNDERNEATH YOUR BED.

There's nowhere to run

@(Pr.) Jürgen Voller & @(Dr.) Elsa S. Voller

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Elle n’a jamais voulu que cela arrive, affirme-t-elle, et pourtant, c’est en train d’arriver, c’est en train de se passer là, sous ses yeux impuissants, et il constate qu’il ne peut rien faire contre cela… elle l’a provoqué, elle est responsable. Au même titre que lui-même, mais il a trop mal, la blessure est trop cuisante, pour le moment, pour qu’il sache admettre directement ses propres erreurs pourtant évidentes. Elle n’a jamais voulu que cela arrive, mais elle ne fera rien pour l’empêcher. Elle n’attend que le moment de partir une bonne fois pour toutes. Son esprit est déjà ailleurs. Son esprit est déjà avec lui.

« Bien sûr, tu es si innocente… », il rétorque entre ses dents, elle qui vante tous les efforts qu’elle aurait faits pour sauver leur mariage, alors qu’elle se vautrait joyeusement dans les draps d’un autre homme et que tous les deux se foutaient probablement allègrement de sa gueule ce temps durant. « Sans amour… »

Ces mots se répètent en boucle dans son esprit. Il les prononce dans un souffle. Ils lui font mal. Tant de mal… S’il a mal exprimé son amour envers elle, il n’a en revanche jamais cessé de le ressentir… mais en deux mots seulement, Elsa lui fait comprendre que ses sentiments ne sont pas réciproques, qu’ils ne le sont probablement plus depuis bien longtemps… Il a la réponse à sa question… Elle ne l’aime plus. Elle ne serait pas revenue. Il serait rentré dans cette demeure vide, privé de tout, privé d’elle… Le sol se dérobe sous ses pieds. Cette situation est insoutenable. Il a envie de se réfugier au plus loin de sa colère pour ne plus souffrir, mais la douleur est telle qu’elle est tout bonnement inévitable. Il ne sait en faire abstraction, ni prétendre qu’elle n’existe pas. Sa détresse émotionnelle est telle qu’elle le fait trembler de tous ses membres et c’est à peine s’il parvient encore à faire la part des choses. Tout se mélange dans son esprit, dans un chaos particulièrement insoutenable et confus.

En effet, il n’attend pas d’elle qu’elle lui explique quoi que ce soit, il a en effet tout compris, tout deviner, et il a un sourire cynique quand, une fois de plus, elle lui impute la responsabilité de sa trahison. C’est de sa faute si elle l’a trompé, c’est de sa faute pour tout. A l’entendre, elle n’est qu’une blanche colombe qui n’aurait aucune responsabilité dans le déclin de leur couple. En attendant, lui, n’a jamais cessé de l’aimer… jamais. Oui, il s’est enfermé dans son travail, par peur, par passion, par besoin de contrôle, mais ce n’est pas pour autant que… si… si, peut-être que son travail comptait davantage, mais à présent qu’il sent qu’il va la perdre… il se sentirait prêt à tout envoyer promener, pour elle. Mais pourquoi… pourquoi ne sait-il pas tout avoir ? Il devrait être plus fort, plus capable que cela. Il est incommodé, profondément incommodé par sa propre impuissance… Les choses ne devaient pas se passer ainsi, elles ne doivent pas se passer ainsi.

« Tu t’y es pris excessivement mal. Je crois au contraire que tu te délectes de chacun des coups que tu me portes », il rétorque alors qu’elle lui affirme n’avoir jamais voulu lui faire de mal. Il glisse sa main sous la table afin d’ignorer celle, timide, de son épouse qui avait cherché à l’atteindre. Oui, c’est ainsi qu’il le voit, qu’il le perçoit. Elle lui fait du mal, elle en a conscience… Et elle adore le voir souffrir. Quoi qu’elle puisse en dire. Elle adore ça. Et elle réussit son coup. Au fond, elle est peut-être même heureuse d’être revenue, le temps de constater ses pitoyables efforts dans l’espoir de la reconquérir, dans l’intention stupide d’être choisi. Il n’est plus rien pour elle. Et depuis longtemps. « Ne fais pas semblant d’avoir besoin de réfléchir. Ne me fais pas l’affront de me croire idiot à ce point. »

Elle n’a pas besoin de réfléchir, elle n’a besoin que de le fuir. Et elle y parviendra. Il ne réussirait à la retenir que par la force… Est-ce qu’il n’en éprouve pas l’envie ? Si, bien sûr. Il en meurt d’envie, même, mais supporter le dégoût et la rage dans son regard, c’est trop pour lui. Jürgen a échoué, à tous les niveaux. Non, ils ne trouveront jamais la paix… Ou du moins, Jürgen ne la trouvera pas. Il a tout perdu, il est en train de tout perdre, et il est convaincu qu’elle jubile. Il la voit quitter la table, et quand elle lui dit qu’il n’a qu’à regarder ses bagages de lui-même, il est tenté de ne pas le faire… Seulement, un regard dans sa direction le convainc de le faire tout de même. Alors il traine sa valise et la pose lourdement sur le coin de la table. Il en débarrasse un à un chaque vêtement, des micro-parcelles d’elles qu’elle abandonne à un autre. La pulpe de ses doigts rencontre la dentelle d’une nuisette élégante, et il craque, quelque chose se brise pour de bon en lui. Il dérange ses vêtements avec rage, en pleine crise de désespoir, en larmes.

(c) DΛNDELION