Common Interests | Lauritz

Common interests

Son père, avec un immense mépris et une rare violence, n’avait eu de cesse de lui répéter qu’elle n’était pas seulement une sorcière médiocre, elle était une sorcière manquée, une honte au sang qui coulait dans ses veines. Morfin et ses problèmes autrement plus évidents ne souffrait pas, pour sa part, de si viles insultes, mais aux yeux du peu qu’il lui restait de sa famille, peut-être parce qu’elle ressemblait un peu trop à cette mère qu’elle n’avait jamais connue, Merope Gaunt n’était pas loin d’être une Cracmole, ce qui était à peu de choses près l’insulte la plus cruelle qui pouvait lui être faite.

Ça avait été un cercle vicieux, bien sûr. Ses capacités magiques étaient empêchées, si bien que Merope n’envisageait plus de les exprimer, au risque de s’exposer à une humiliation d’autant plus cuisante. Toute possibilité d’épanouissement, que ce dernier soit psychologique ou d’ordre magique, était immédiatement oubliée et tuée dans l’œuf. Merope Gaunt ne pouvait évidemment être qu’une source de terrible déception aux yeux des siens. Elle était née pour l’être, souffre-douleur d’une famille qui n’avait plus rien pour elle-même si ce n’est un héritage dilapidé au fil des âges, et qui ne valait définitivement plus grand-chose.

Il avait fallu le départ de son père et de son frère pour Azkaban pour qu’enfin, Merope soit autorisée à vivre à nouveau, et à déployer un potentiel magique qu’on lui avait refusé d’exprimer jusqu’alors. Merope partait de loin, mais elle avait en elle cette rage que suscite l’esprit de revanche. N’ayant pas fait ses classes à Poudlard, elle partait plus ou moins de zéro, mais elle avait en elle cette flamme incandescente qui ne semblait pas déterminée à s’éteindre quoi qu’il puisse en être… Une flamme qui s’était épanouie dans un art en particulier, cet art que, dans cette nouvelle temporalité, précédant sa naissance même, elle enseigne avec brio aux élèves de Poudlard. Elle, professeure dans cette école où son père l’avait défendue de mettre les pieds – sans doute parce qu’il redoutait de perdre l’influence qu’il avait sur elle… Un comble, n’est-ce pas ?

Chaque occasion était pour Merope prétexte à développer son art, et dans l’espoir de le pousser à son paroxysme, la jeune femme n’avait certainement pas manqué l’occasion de déployer ses talents dans toutes les proportions possibles. Oui, c’est son intention, et pour ce faire, elle est toujours à l’affût de nouveaux ingrédients, de nouveau matériel. L’apothicaire est par conséquent et assez naturellement devenu l’un de ses lieux de prédilection. Cependant, ce jour-là, quand elle passe le pas de la porte de Potions Pippin, elle est surprise, dans un premier temps, de trouver la boutique vide. Elle pense capter du bruit, néanmoins, dans l’arrière-boutique.

« Excusez-moi ? » fait-elle porter sa voix afin de signaler sa présence. « Il y a quelqu’un ? » demande-t-elle ensuite avant de reporter son attention sur les rayonnages, à l’affût de ce qui sera susceptible de satisfaire autant sa curiosité que ses prochaines expérimentations.

(c) DΛNDELION

Ça doit bien faire maintenant plusieurs semaines, voire mois, dans le fond qu’il se trouve ici, dans cette époque qui n’est clairement pas la sienne. Mais Lauritz s’y plaît. Ayant grandi dans une suprématie du sang-pur, autant dire, qu’ici, c’est limite son paradis. Voldemort se plairait amplement ici. Actuellement, il était dans la boutique de potion qu’il gérait quand son patron n’était pas là. Lau est aveugle, et autant dire, que ça surprend beaucoup qu’il puisse faire préparateur de potions sans se tromper, sans faire d’erreur quelconque. Il est doué, il est fort et il en profite grandement.

Seul dans la boutique, il était dans l’arrière de celle-ci à prendre soin des mandragores, des tentaculas ou encore, des chous mordeurs de chine, étant donné que parfois, une feuille ou deux des plantes là peuvent être pratique pour tout simplement des potions. Concentrer sur le dictame actuellement et sur le sisymbre par exemple, il n’entend pas que quelqu’un vient d’entrer dans la boutique. Mais il finit par tout simplement sortir de l’arrière-boutique avec des potions prêtes et ingrédients à ranger. Il finit par entendre la voix, d’une jeune femme. Souriant simplement, le blond vient arriver juste derrière elle, sans un bruit, baguette en main pour se diriger.

« - Bien le bonjour. »

Il sourit. Lauritz portait une tenue de l’époque, il avait un tablier et une chemise pas très blanche, et les manches retroussés, laissant apercevoir la marque des ténèbres qui s’agite de temps en temps. Il pose son regard sur elle, sans vraiment le baisser, il ne sait pas sa taille, il est plus grand qu’elle, il faut dire. Grand, blond, large d’épaule, il passerait pour un Malfoy ou un Rowle, et ironiquement, sa tante est mariée à un Rowle.

Il sourit, allant vers le comptoir avec une facilité déconcertante, la baguette baissée, car il connaît l’endroit par cœur. Il vient alors appuyer ses mains dessus, sa baguette contrastant avec le bois sombre du comptoir.

« - Bienvenue chez Potion Pippin, en quoi puis-je vous aider ? »

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Merope Gaunt & @Lauritz Kierkegaard

Très vite, Merope constate quelque chose chez ce jeune homme qui la salue de… différent… Son regard est trouble, surtout, il n’est fixé si rien. Le jeune homme semble aveugle. Cela n’empêche pas la sorcière de sourire, par pur réflexe, un sourire que son interlocuteur ne pourra pas voir, mais ça n’a que peu d’importance. Alors que le jeune homme pose les ingrédients qu’il venait de ramener de l’arrière-boutique, elle se permet de l’observer en détail. Il porte sur l’avant-bras une sorte de marque, un tatouage, peut-être, qui intrigue beaucoup la jeune femme mais au sujet duquel elle se garde bien de poser la moindre question. Des années d’une éducation particulièrement violente et stricte lui ont appris à valoriser le silence. Même si Merope entend bien s’affirmer comme elle n’a jamais pu le faire autrefois, dans ce nouveau monde, elle n’en oublie pas ces manières ancrées en elle, et contre lesquelles elle aurait bien des difficultés à lutter.

« J’aurais besoin de refaire mon stock. » Elle extirpe de sa poche une liste d’ingrédients qu’elle avait minutieusement notés, de son écriture fine et resserrée.

Elle avait eu l’intention de confier la liste aux bons soins du boutiquier et de ne pas s’en soucier, mais il comprend bien qu’il ne pourra pas se le permettre, et elle a au moins le bon ton de ne pas se faire cette réflexion à voix haute. Ce jeune homme lui semble débrouillard, et de connaître cet endroit par cœur. C’est une chose qui rassure la jeune femme, qui n’a pas envie de perdre son temps, même si elle serait probablement capable de s’arranger par ses propres moyens si elle le décidait.

« Merope Gaunt », se présente-t-elle tout de même, avant de tendre dans sa direction une main qu’il ne serrera probablement pas – à moins d’être capable de ressentir son geste ? « Nous ne connaissons pas encore, mais nous aurons l’occasion de nous voir souvent », le prévient-elle avec un ton affable. « Je suis le nouveau professeur de potions de Poudlard », complète-t-elle afin d’apporter plus de précisions à son jeune interlocuteur… quand bien même ce dernier n’accordera peut-être qu’un intérêt très relatif à ce qu’elle lui apprend en cet instant.

Ceci fait, la sorcière se concentre à nouveau sur sa fameuse liste, sans trop savoir comment procéder. Tout dire d’un coup ou bien énoncer les ingrédients un à un ? Elle n’en est pas totalement certaine.

« J’aurais besoin de crochets de serpencendre, de dictame, d’yeux de scarabées… N’hésitez pas à me le dire si je vais trop vite », suggère-t-elle ensuite avec une certaine prudence.

(c) DΛNDELION