Six/Sept ans.
Elle passait d'ordinaire ses récréations avec son ainée et son groupe d'amis. Comme collée à la glu. Alors quand ils étaient partis en sortie scolaire au zoo. Elle avait tenté naturellement une approche auprès des demoiselles de sa classe quand elle s'était rendue compte qu'ils jouaient aux petits poneys. Elle s'était approchée doucement avait avec un souris discret, attendant sans rien dire qu'on la remarque.
« Le gros bébé ose enfin lâcher les jupes de sa frangine. Elle t'a jetée, c'est ça ? »
Shane regarda sa camarade qui venait de cracher plus qu'elle avait dite, cette phrase. C'était une pique qu'elle ne comprenait pas. Une agression gratuite. Qui en vérité était née d'une émotion des plus basique : la jalousie.
Les prunelles sombres posés sur elle la firent reculer. Elle resserra sa poigne autour de Black Beauty plus fort. C'était Laura qui l'avait choisi pour elle. Lui lisant l'histoire le soir pour l'endormir. Se mordant les lèvres Shane baissa la tête et recula. N'osant pas leur tourner le dos sans pour autant réussir à faire face.
Le soir venu, elle sauta dans les bras chauds de son étoile. Mais pas un mot ne sortie de ses lèvres. L'évènement, balayé au fond de son esprit. Une fêlure commençant à se dessiner.
Huit/Neuf ans.
Elles vivaient dans une petite ville, la classe, les années passant sauf exception départ ou emménagement, restait constituée des mêmes élèves.
Laura l'encourageait à aller jouer avec eux. Elle grandissait, et avoir constamment sa cadette sur les talons n'était pas toujours agréable. Aussi mignonne soit-elle c'était fatiguant. Prenant. Elle ne parvenait pas s'empêcher d'agir comme une grande sœur quand cette dernière était là. Elle voulait du temps à elle. Rien qu'à elle. Après tout, elle était en CM2 désormais quand sa cadette était en CE2. Elle quitterait bientôt l'établissement et cela rajoutait une inquiétude : celle qu'elle n'arrive pas à s'intégrer.
Alors, elle initia des jeux entre les petits et les grands.
Lorsqu'elle était présente, tout se passait à merveille même si Shane demeurait invariablement un peu en retrait. Elle ne savait pas cependant que cette dernière était devenue le mouton noir de la classe. Et que les enfants ignorants pouvaient être bien cruels.
Vingt-cinq ans.
Elles avaient reprit la route tôt, rattrapant avec aisance Wednesday et Shadow. D'après Laura, son cher et tendre était aussi visible que le nez au milieu de la figure. Il était éblouissant à des kilomètres à la ronde.
Et puis, ces derniers s'étaient arrêtés à un motel pour dormir.Tout de suite plus facile quand ils cessaient de bouger dans tous les sens.
Shane loua une chambre pendant que la chérie étant bien décidée à confronter son Puppy. Entrait par effraction dans la chambre de ce dernier.
Ennuyée, stressée, ne sachant que faire d'elle-même, celle qui respirait encore sortie dans l'air relativement frais du soir pour s'aérer la tête. Faisant les cents pas. L'arrivée de la police en fanfare la prit de court, la forçant à se planquer en vitesse. Une multitude de jurons fusant dans sa tête alors qu'elle observa les deux hommes se faire arrêter.
Le silence se fit à nouveau, le calme de la nuit reprenait peu à peu le dessus au fur et à mesure que les lumières des gyrophares s'estompaient dans l'horizon.
C'est alors qu'une espèce d'armoire à glace rousse défonça sans effort, juste en la poussant, la porte de la chambre où se trouvait sa sœur.
Elle couru. Sans réfléchir. Instinctivement. Priant que ça ne soit rien de grave. Priant d'arriver à temps. Terrorisée à l'idée de la perdre encore. Emplie d'une grande incompréhension face à toute cette situation qui la dépassait. Elle s'arrêta en dérapant, choppant le montant de la porte pour s'empêcher de s'étaler par terre. Tout ça pour assister à une scène surréaliste qui s'emballer son palpitant comme jamais.
Car sa grande sœur, d'un simple claquement de doigts envoya voler sans effort la centaine de kilos que devait constituer l'homme. Soit leurs poids additionnés puisqu'elles faisaient toutes les deux environs cinquante kilos toutes mouillées. Médusée devant ce dont elle venait d'être témoins, son menton s'était décroché.
« Faire la bouche Sha. Tu vas gober des mouches. » dit-elle en lui claquant la gueule d'une pichenette.
L'embaumée avait l'air blasée. Son calme olympien impressionnant encore une fois la brune qui jugea plus prudent de rester en dehors de tout ça. La laissant gérer la situation. Elle n'avait pas réalisé la force aberrante que son ainée avait obtenue en revenant d'être les morts. L'autre n'arrivait toujours pas à retrouver son souffle. Ce ne serait pas surprenant qu'il ait une côte brisée. Ou même plus.
« Tu veux dire ma putain de pièce. »
La brune ferma la porte tandis que Laura qui s'était agenouillée scrutait le rouquin. Qui. Quand il reprit sa respiration prouva qu'il n'en avait pas perdu sa langue. Ou son sens de la répartie.
« Les morts ne peuvent pas posséder de trucs. C'est pourquoi Dieu a fait les dernières volontés et les testaments. N'imagine pas que le tient inclus mon lucky coin. »
« Pièce porte-bonheur ? » demanda-t-elle à voix haute.
Penchant la tête sur le côté, la plus jeune était intriguée, ou plutôt, dévorée par la curiosité. Savoir que les morts pouvaient revenir à la vie avait élargi ses horizons. Elle voulait comprendre. Malheureusement, il l'ignora. Totalement concentré sur celle qui apparemment. Avait ce qui lui appartenait. Même si cette dernière ne semblait pas du tout d'accord sur ce point.
Il tenta de l'agripper, elle fut plus rapide, le repoussant avec aisance d'une pichenette. Le bruit que sa main émit en frappant le mur était sans conteste celui d'os brisés. Elle le corrigea une seconde fois.
« MON lucky coin, ginger minge. »
Elle restait sans expression alors qu'à ses côtés, la brunette ne savait pas si elle devait rire de la scène insane qui se produisait sous ses mirettes ou s'inquiéter.
Il jura, tandis qu'elle lui annonçait que son mari le lui avait donné. Il était donc évidemment qu'elle ne le laisserait pas le récupérer. Il jura encore. Clamant que ce n'était pas son droit de le donner comme ça. Shane s'approcha avec douceur, tendant la main vers lui en toute bonne foi. Il essayait de se lever mais c'était laborieux.
« Ça va ? Besoin d'aide ? »
Puisque seuls des grognements sortirent de ses lèvres, la jeune femme prit l'initiative, passant son bras sous l'immense roux, soufflant sous son poids pendant qu'il s'appuyait sans gêne sur elle. Putain qu'il était lourd ! Et grand. Elle recula alors qu'il se déroulait entièrement. Dépassant les deux sœurs d'au moins une cinquantaine de centimètres. C'était du délire d'être aussi grand. Imposant. Elle aurait pu se croire dans la fable de David et du géant Goliath. La fronde en moins. Une morte vivante badass en plus.
Aussitôt sur ses deux pieds, il la repoussa sans remerciement, mais sans brutalité. Expliquant qu'il n'avait pas fait exprès. Que cette pièce-là était pour la royauté, que c'était une pièce digne d'être donnée au Roi des Amériques lui-même. Pas à son merdeux de maris. Laura restait silencieuse alors qu'il explosait. Son visage devenant, de rage, aussi rouge que sa chevelure. Quand il eut fini. Elle répondit simplement en souriant doucement.
« Non. »
Elle irradiait d'assurance. Et lui, le pauvre bougre, continuait de mouliner dans la semoule, lui jurant qu'elle ne le verrait plus jamais si elle lui donnait. Le jurant sur les années qu'il avait passé dans ces putains d'arbres. Ce qui une nouvelle fois fit tiquer Shane. MAIS BORDEL. C'était qui ce type ? Ou quoi ? S'approchant avec fureur, pointant du doigt l'objet de son ire, il beugla.
« Donne-moi ma pièce, CUNT ! »
CLAC. Le doigt fut brisé. Le hurlement que produisirent ensuite sa gorge et ses poumons fut incomparable. Il réveilla assurément le motel tout entier. Pour autant. Nul ne se déplaça pour vérifier le pourquoi et le comment de ce cri de douleur.
Emporté par la souffrance, il s'étala de tout son long sur le dos. Faiblesse dont l'ainée sans scrupule tira profit en posant sa botte sur sa main, l'écrasant jusqu'à ce qu'il recommence à gémir. La morte avait des questions. Et elle voulait qu'il réponde honnêtement. Lui narrant comment, la dernière fois qu'elle avait donné un coup de pied dans les noix d'un gars, son pied ne s'était pas arrêté jusqu'à ce qu'elle ait atteint sa gorge. Menace on ne peut plus explicite.
« Comment connais-tu mon mari ? »
« On m'a dit d'aller dans un bar pour chercher la bagarre avec ton homme. Il a dit qu'il voulait voir de quoi ton homme était fait. »
« Qui a dit ? » Insista-t-elle en appuyant une énième fois. Usant de cette force providentielle pour le faire beugler. Elle était glaciale. En contrôle. Tout bonnement flippante.
« Utilise tes mots. »
« Grimnir ! Le gars qu'il appelle Wednesday ! »
Il jeta un coup d'œil à sa main, et, satisfaite de ses réponses, elle le relâcha. Il en profita pour ramper jusqu'à un fauteuil pour s'y adosser. Additionnant lentement deux plus deux, la cadette avait pigé que c'était grâce à l'erreur du malheureux que sa sœur parcourait miraculeusement les landes des vivants. Posant sa main sur le bras glacial de celle qui avait veillé sur elle toute sa vie, elle lui fit les yeux doux. Requête implicite. Elle désirait qu'elle arrête de maltraiter le pauvre homme. Ce dernier en un râle avait remis son os en place. Répondant ensuite à la surprise de ses interlocutrices que le vieux que suivait Shadow était un Dieu.
Si cela émerveilla la plus jeune dont le visage s'éclaira. Le scepticisme de la zombie se traduisit avec clarté alors qu'elle tirait la gueule.
« Tu ne me crois pas ? »
« Non, non, juste assimilant l'info. Hm. Qu'est-ce que Dieu t'a dit de faire ? » Le ton était moqueur. Condescendant même. Mais il lui répondit avec sérieux. S'il était taré. Il était partit tellement loin qu'il était irrécupérable.
« Tu ne devrais pas lui faire confiance. Grimnir. »
« Wednesday. »
« Ne lui fais pas confiance. »
« Je n'ai pas à lui faire confiance. »
« Ton homme le fait et il ne devrait pas. » Ils se répondaient du tac au tac. Shane aurait voulu participer. Poser des questions. Elle en avait plein qui lui brulait la langue. Mais elle se tut. Ce n'était clairement pas le bon moment pour faire son rat de bibliothèque ou laisser échapper son côté sombre de fangirl. « Écoute, juste donne-moi mon putain de coin, yeah ? » Il respirait fort, la situation lui coutait de l'énergie. Il haletait et de la sueur couvrait son front. « Hey, il en a plus là d'où ça vient. » Ses yeux étaient dévorés par une folie douce alors qu'il revenait à la charge. Désespérément. « Je t'en donnerai un autre. » Une pièce d'or se matérialisa comme par magie entre ses doigts. Il la jeta dans sa casquette. « Juste aussi bien. Hell. Je t'en donnerai un shitload. » Ses doigts remuèrent les uns contre les autres alors qu'il déversait bien cinq douzaines de pièces dans son couvre chef sous les pupilles dilatées d'excitation de l'une, et blasée de l'autre. Pas comme par magie. PAR MAGIE. Un grand sourire éclot sur les lèvres de la brunette. Son cœur battant à tout rompre.
« Juste aussi bien ? »
Laura releva en haussant un sourcil. Elle récupéra une pièce du chapeau. L'observant. Avant de la donner à sa sœur qui récupéra cette dernière comme si elle était faite de cristal. La retournant dans tous les sens pour l'admirer. Preuve tangible que ce dont elle avait toujours rêvé existait. LA MAGIE.
« Hm. À mon avis, ces coins vont pas faire le job que mon coin est en train de faire. »
Il fit la mou. Laissant retomber sa main tendue avec son trésor. Il remit son couvre chef sans qu'aucune s'en échappe en laissant échapper un lourd soupir. Elles s'étaient volatilisées.
Laura eu une révélation. Son expression changeant du tout au tout. On aurait dit un chat bienheureux. Qui avait boulotté impunément le canaris de la maison.
« Tu peux pas le prendre, n'est-ce pas ? »
La garce remuait le couteau dans la plaie avec délectation. Shane se passa la main sur le visage. Navrée. Le côté sadique de son ainée ressortait.
« Il faut que je te le donne librement. Correct ? »
« Correct... »
Il tirait une gueule de six pieds de long. Il avait les boules. La cadette s'approcha s'agenouillant à son tour pour être à sa hauteur. Lui dédiant un doux sourire contrit.
« Merci. », murmura-t-elle. Merci de t'être trompé. Merci de ne pas pouvoir le reprendre par la force. Merci de m'avoir permis de retrouver ma sœur qu'elle pensait sans oser formuler à voix haute. Il la fixa avec surprise.
Et puis le moment fut ruiné par le ricanement derrière eux.
« Eh bien, t'es baisé. Je ne vais pas te le donner. Aller... Je pense pas que tu vas jamais récupérer ton coin. Jamais. Jamais. Jamais. Non, jamais. » Elle était mauvaise. Elle avait la même expression que lorsqu'elle avait craché cette phrase exacte au visage de leurs parents par ce qu'elle ne leur pardonnerait jamais leur enfance de merde.
Il fit la moue. Une lueur mauvaise au fond des iris.
« Pas à jamais. »
Il commença à expliquer crûment, que tôt ou tard, plutôt tôt que tard, si elle continuait à profiter de bons bains chauds. Sa peau allait glisser sur sa carcasse. Il se redressa. Tous ces muscles, qui la faisaient tenir en un seul morceau, eh bien, ça allait se liquéfier. Que lorsqu'elle se retrouverait dans un chaud, humide jour d'été, cuisant sous cette chaleur lourde... Elle allait juste simplement, tomber d'ses os. C'était son tour d'arborer un beau sourire narquois. Car quand ce moment arrivera, il n'aurait plus qu'à tendre la main sous ses côtes pour cueillir ce coin comme une baie.
Il prit une gorgée d'un alcool non identifié, proposa sa flasque aux filles. Mais la première était trop occupée à le foudroyer du regard tandis que la seconde avait senti son cœur se briser en mille morceaux alors qu'elle réalisait que le miracle ne serait pas éternel.
Perdue dans ses pensées, elle fut prise de court quand l'enfoiré chargea, traversant le placo et propulsant Laura dans le bain désormais froid. Shane choppa une lampe de chevet, la fracassant sur la tête du roux qui ne broncha pas. Continuant de maintenir la tête de sa victime sous la surface. Ne la lâchant que quand des flics intervinrent. Apparemment le cri avait bel et bien était signalé et la cavalerie était arrivée avec un timing terrible. Tiré en arrière, il affirma qu'elle n'était pas morte. Couvrant de sa voix grave les insultes plus colorées les unes que les autres que lui adressait la brune. Son affirmation tomba à plat alors que le corps sans vie de Laura restait au fond de l'eau.
« Oooh... tu es un trou du cul. T'es un putain de trou du cul dead wife ! Putain de trou du cul dead wife ! Tu es un trou du cul dead wife ! »
Il fut trainé dehors tandis qu'un autre officié s'occupait de la cadette enragée. Elle le bouscula d'un coup d'épaule, se précipitant vers sa sœur. Qui lui fit un clin d'œil. La vague de soulagement lui coupa les jambes et elle s'effondra en arrière.
Elle fut forcée de la laisser là. Montant dans une autre voiture que celle où ils enfermèrent celui pour qui. Désormais, elle ressentait beaucoup moins de pitié. Et beaucoup plus d'envie meurtrière.
L'arrivée au commissariat se fit en silence. Lorsqu'ils s'aperçurent qu'aucune lumière n'éclairait l'intérieur, elle fut sommée de rester sans bouger dans l'habitacle. Mais quand des coups de feu éclatèrent, illuminant la nuit, elle choisit de désobéir promptement et de prendre la poudre d'escampette. L'autre fit de même, tout en s'émasculant en sortant par la fenêtre. En effet, il avait perdu son appuie. Son pied glissant. Permettant à son service trois pièces de faire connaissance avec brutalité avec la portière.
Un rire joyeux échappa à la jeune femme tandis qu'il se tortillait douloureusement par terre. Effet cathartique immédiat. Voir sa poisse en action apaisa son courroux. Un peu. Fallait pas exagérer. Elle n'allait plus lui proposer son aide.
Sans un regard en arrière, elle commença à courir pour regagner le motel. Sa sœur l'y retrouverait sans aucun doute dès qu'elle parviendrait à s'échapper de la morgue.
La p'tite dernière arriva en premier, demandant aussi poliment que possible malgré le stress et l'énervement au réceptionniste où était la voiture. Alors quand il lui répondit qu'elle était partie à la fourrière par ce qu'elle appartenait à la femme morte. Elle se pinça les lèvres. Hochant la tête en remerciement et sortie. S'éloignant le plus possible pour éviter de rameuter du monde.
« PUTAIN DE PUTE BORRRGNEEE !!! »
Son éclat tira un ricanement rauque au rouquin qui venait de la rejoindre silencieusement. La faisant bondir de trouille. Elle ne l'avait pas vu ni entendu. Mais réaliser que c'était que lui la rassura. Un peu. Sale con.
« Va. Te. Faire. Foutre. »
Ses iris bleu clair dans l'ombre étaient fantomatiques. Et auraient pu être flippant s'il n'avait pas eu l'impression que c'était un spitz noir qui lui aboyait dessus. L'image qui lui popa dans le cerveau fit redoubler ses gloussements. Du moins. Jusqu'à ce qu'en représailles, elle shoote dans son tibia. Il couina et la douleur le fit s'agenouiller.
Tournant les talons, elle aperçut la chevelure de miel de sa frangine. Elle accéléra. L'autre sur ses talons. Elle tirait sur la corde depuis un moment, et avev le soulagement de la voir en chaire et en os revenue, l'adrénaline se tarie, la fatigue tombant sur ses épaules comme une chape de plomb. Il entra même en premier dans la loge alors que Laura cherchait à comprendre où était passée la police.
« La police est morte. Premier morceau de chance que j'ai eu depuis des jours. »
Laura se retourna, frustrée de le voir déjà de retour. Énervée par son sourire et sa salutation. Heureuse retrouver sa cadette. Le contraste était saisissant quand elle passa de l'un à l'autre. Attendant qu'elle corrobore ou pas les dires de la carotte géante.
« Il dit vrais... Quand on est arrivés il y avait une fusillade. Je me suis barrée le plus vite possible. »
« Sons of a bitch. »
Serrant la mâchoire, levant les yeux au ciel, elle prit une décision en un clignement de cils.
« As-tu une voiture ? »
« Oui. J'ai. »
« Et bien. Chop chop. Ginger minge. Allons-y. »
Elle attrapa la paluche chaude et moelleuse de sa sœur et l'entraina sans effort dans son sillage. Celle-ci n'avait pas l'impression qu'elle évoluait dans la réalité... Tout ça, c'était trop beau pour être vrais. Elle craignait d'être endormie, ou bien dans un coma et de se réveiller pour découvrir que rien de tout ça ne s'était produit. Que la magie n'existait pas. Que sa sœur était toujours morte.
Elle plongea son autre main dans sa poche, faisait tourner la pièce d'or entre ses doigts. Appréciant sa froideur, la douceur et sa dureté. C'était tangible. Elle se remit à respirer.
« Laquelle est la tienne ? »
« Choisis en une. »
« OH pour l'amour de Dieu. Celle-là ! »
Plus elles le côtoyaient. Plus il leur courait sur le haricot. Il se racla la gorge, tournant le dos pour leur rappeler les menottes. Dead wife soupira, tout en obtempérant rapidement. Il ne pouvait pas voler une voiture en étant menotté. Lui ordonnant de se bouger, qu'elles s'en chargeraient à partir de là. Elle se confronta à son refus net. Il allait vraisemblablement les coller comme une tique jusqu'à ce que son lucky coin soit de retour dans sa poche. Il passa devant la voiture qu'elle avait choisie. Elle protesta, mais il lui expliqua que l'alarme du véhicule, il ne pouvait rien y faire. Mais que celle du taxi oui. Cette alarme. Cette alarme-là était son amie. Il ouvrit le capot, retirant une partie du truc. Alors que Laura tentait de négocier. Lui demandant de voler une autre putain de voiture. Par ce qu'elle ne voulait pas conduire ce vieux tacot de merde tout pourri. Il la rectifia.
« Je conduis. V'êtes à l'arrière. »
Les deux filles louchèrent sur la banquette. Et sans même se concerter se tournèrent vers lui en cœur.
« C'des latrines. »
« C'vos latrines maint'nant. Dead wife. Yappy dog. »
« Yappy dog ? », couina Shane. Littéralement alors que la traîtresse à ses côtés fut obligée de bloquer son hilarité avec son poing. Ce sale type avait un don pour les surnoms.
« Yappy. Little. Dog. »
Il avait pris son temps cette fois. Prenant plaisir à la voir fulminer. Il ouvrit la portière. Argumentant qu'il avait fait les calculs. Et que s'il voulait récupérer son bien. Il fallait qu'elle n'en ait plus besoin. Il fallait donc que comme son ami Jésus-Christ. Elle ressuscite. Littéralement.
« Viens-tu de laisser tomber le nom de Jésus-Christ comme un gars qui connait un gars qui connait gars ? »
L'incrédulité marquait ses traits. L'espoir marquant ceux de Shane. Il leur confirma que son gars et que le gars assit à côté de ce gars, était leur gars.
« Je connais bien quelqu'un qui connait quelqu'un. »
Il contorsionna son corps de géant pour réussir à démonter le panneau sous du volant. Triturant différents fils.
« Et qui est ce gars que ton gars connait ? »
Encore une fois, elles l'avaient prononcé en cœur. L'une avec perplexité. L'autre avec un enthousiasme qu'elle ne tentait même pas de masquer. S'attirant ainsi un coup de coude réprobateur.
« Quelqu'un qui peut exécuter un sort de résurrection sans l'utilisation d'une pièce enchantée. »
« Et tu vas juste convaincre ce gars de me ramener à la vie ? »
« Il y aura forcément un prix à payer. »
« Je peux être très convaincant. »
Elles échangèrent un regard dubitatif alors qu'il se prenait un coup de jus. Oui. Très convaincant...
« Fuck ! »
« Est-ce que c'est toi te montrant convaincant ? Par ce que là, tu es nul. Sauf si tu essayes de me convaincre que tu es un trou du cul. »
Elle s'appuya sur la portière. Ses propos n'avaient pas eu de réels impacts sur l'homme. Et il répliqua simplement qu'il essayait de la convaincre de vivre. De vraiment vivre. Pas cette vie où elle pourrissait sur ses deux jambes. Par ce que qu'importe ce que cette vie actuelle était. Elle ne durerait pas. Surtout durant un été brûlant. Quoi que ce soit, deviendrait de la soupe. Et une soupe, ne risquait pas de reconquérir pas son mari. Si bien sûr, c'est ce après quoi la soupe courait après.
La brune retenait son souffle. Il savait appuyer où cela faisait mal. Lui envoyant à la gueule sans ménagement tout ce qu'elle lui avait déjà dit avec douceur. Et vu la tronche que la zombie tirait. La méthode brutale fonctionnait bien mieux. Ça avait plus d'impact.
Mais comme d'habitude, elle se déroba. Demandant ce qu'il était, ce qu'ils étaient tous putain. Mais qu'il leur dise en premier ce que lui était putain de merde.
« Je suis un Leprechaun. »
Laura renifla. Shane s'étouffa. Dévisageant l'homme en face d'elle.
« Un Leprechaun... c'est censé faire max quatre-vingt-dix centimètres ! Je suis plus proche d'en être une que toi ! T'es gigantesque bordel ! », elle avait presque crié. Laissant son regard parcourir le corps du géant de bas en haut. Incrédule.
« Bon. Bah ça fait sens. », lâcha Laura, totalement blasée par la situation.
« Vraiment ? »
« NOOONNN ! », encore une fois, elles s'exprimèrent en cœur. Criant leur frustration et leur incompréhension.
Ce fut ce moment-là que choisit le propriétaire légitime du taxi pour se manifester. Grâce au son reconnaissable encore mille d'un gun qu'on arme. Le lutin irlandais leva immédiatement les mains en l'air alors qu'instinctivement Laura se positionna devant sa mortelle cadette. Qui se décala quand même, curieuse. Et se sentant pas franchement menacer par le dernier arrivant. Il avait un trop bonne bouille pour ça. Perdu qu'il était dans un pull trop grand pour lui.
« S'il vous plait. Arrêtez de voler mon taxi. Avez-vous dit que vous êtes un leprechaun ? »
Ce dernier leva les yeux au ciel avant de répondre en grimaçant que oui. Ce qui surprit tout le monde fut la demande du chauffeur de taxi.
« Avez-vous déjà rencontré un Djinn ? »
Cela sembla piquer l'intérêt du malchanceux. Qui lui demanda s'il en cherchait un. Et effectivement, il voyageait en direction de la Mecque depuis des jours à la recherche d'un Djinn bien spécifique.
« Feu pour les yeux, merde pour le cerveau ? »
Cette formulation laissa les trois humains normaux perplexes. Mais parut à moitié cohérente à au moins, l'un d'entre eux. Puisqu'il répondit que oui, et probablement, non. Baissant son flingue pour continuer la discussion de façon plus civilisée.
« Ma chance, c'est d'la merde, j'préférais n'pas conduire. »
« Bien. Je conduis. »
« Yeah. Tu conduis. Tu conduiras direct dans un putain d'arbre à la première chance que tu auras. »
« Dis pas n'importe quoi. Je suis aussi dans la voiture.
Il haussa les épaules. Se tournant vers l'arabe.
« Amène nous à Kentucky. Je te dirais où trouver ton Djinn. Je te dirais où trouver un paquet de tueurs de dieux. Demi ou autre. Chaque putain d'entre eux. Je te dirais. Une fois qu'on sera au Kentucky. »
Au final le dénommé Salim prit le volant. Laura le côté passager. Tandis que Sweeney prenait presque toute la banquette arrière, pressant Shane contre la portière sans qu'il s'en rende vraiment compte et sans qu'elle ose protester. Il avait une solution pour sauver définitivement sa frangine après tout !