Paloma ne s’est jamais douté un seul instant se trouver tête à tête avec un psychopathe en puissance tel que Paul Beresford. Peut-être aurait-elle dû se méfier, en fin de compte. Paul Beresford avait tout du parfait gentleman anglais, et tout ce qui est trop beau est toujours… vénéneux. Elle déglutit, impuissante. Incapable de parler, ou même de bouger. Le regard fixe et vide, planté sur Beresford. Ces deux grands yeux d’un bleu profond. Comme elle se déteste à cet instant précis. Comme elle s’en veut d’avoir sous-estimé la dangerosité de son nouvel meilleur ami. Paul Beresford l’a dupée sur toute la ligne. Et aujourd’hui, le voilà qui jubile devant elle et qui se gargarise de ses projets machiavéliques. Paloma ne peut même pas serrer la mâchoire pour montrer le moindre signe de désapprobation. Elle ne peut que garder les yeux ouverts et les cligner de temps en temps. Paloma est littéralement sous le contrôle de Paul Beresford. Elle est devenue un vulgaire pantin vivant, une poupée gonflable en chair et en os, soumise aux envies et aux caprices de ce détraqué. Paloma aimerait l’insulter et lui cracher au visage pour tout le cynisme dont il fait preuve, mais elle en est incapable. Elle y pense très fort, car le comble de l’humiliation, c’est qu’elle a su garder sa conscience intacte. Elle voit et entend tout. Elle ressent aussi. Si bien que lorsqu’il se met à glisser ses doigts chauds dans ses cheveux, ou toucher la peau de sa joue, son corps s’embrase d’un feu ardent impossible à éteindre, à moins de se jeter dans un bac d’eau glacée. Elle le hait si fort, mais elle le désire tout aussi fort. Ce n’est en rien son état de pantin qui la rend particulièrement sensible à ses intentions, cela a toujours été le cas. Paul lui plaît physiquement. Et là est tout le problème.
Il lui demande s’il était difficile d’admettre ce qu’elle ressentait pour lui, de se jeter dans une relation passionnée avec lui. Paloma a bien envie de rétorquer que cela l’était, et qu’elle n’aurait pour rien au monde changé d’avis, mais elle ne peut rien faire d’autre que de continuer à le fixer comme une statue de cire. Paloma est assise sur un fauteuil, sage et docile. Comme l’une de ces poupées de porcelaine. C’est ce qu’elle est aujourd’hui pour Paul Beresford. Une vulgaire poupée de porcelaine. Une Barbie. Une poupée pour un adulte, un homme d’âge mûr. Une poupée entre ses mains… sous ses yeux vicieux. Une poupée dont il est maître, et qu’il peut déshabiller et utiliser à loisir. Paloma ne répond qu’au doux son de sa voix rauque et est supposée obéir spontanément à tous ses caprices. Paloma se demande obstinément ce qu’il compte à présent lui faire. Elle est terrorisée par lui. Elle obtient sa réponse quelques secondes plus tard, lorsqu’il entreprend de glisser ses doigts le long de sa joue, puis de sa gorge, jusqu’à s’arrêter à la naissance de sa poitrine encore dissimulée par son chemisier en soie fine. Paloma tremble de l’intérieur, car elle comprend ce qui va se passer entre eux. Beresford est en passe de tout avoir, — elle comprise.
Les doigts de Beresford s’attardent à présent sur sa poitrine délicate, laissée nue et sans soutien-gorge sous son élégant petit chemisier. C’est à cet instant que Paloma se maudit pour avoir négligé d’enfiler ce matin l’un de ces soutien-gorges push-up en dentelle noire. Beresford lui caresse les seins, très superficiellement, par-dessus le tissu de soie. Paloma ne dit rien, mais elle n’en ressent pas rien pour autant. Ce qu’elle ressent est extrêmement frustrant. Les réactions naturelles et intuitives de son corps se soumettent aux caresses obscènes de Beresford. Elle ne le quitte pas des yeux un seul instant, captant la lueur vicieuse qui s’échappe du bleu électrique de ses deux orbes rivés sur elle. Il jubile, elle le voit bien. Paloma sent un long frisson courir dans sa colonne vertébrale, lorsque Paul s’amuse ensuite à faire rouler ses tétons sensibles entre l’index et le pouce. Paloma voit que son corps réagit au quart de tour. Son dos se cambre dans la direction de Beresford, en quête de davantage de friction. Plus il appuie ses gestes sur ses seins vulnérables, et plus ses tétons durcissent, et rougissent sous le tissu en soie de son chemisier. Ils sont comme nus, sous le tissu. Paloma ne peut espérer une protection plus rembourrée comme celle offerte par un soutien-gorge. Quelle idée d’être sortie aussi effrontément, le décolleté ouvert, qui plus est, et plongeant. Il donne facilement une vue intéressante sur la naissance de ses seins, deux fins traits qui partent en arrondis sur le bas, et laissent supposer la douceur soyeuse d’une peau finement hâlée. Beresford s’en donne à coeur joie. Paloma voit apparaître deux pointes dures sur le tissu du chemisier, grosses et demandeuses. Une tension horrible naît dans son bassin, chaud et parcouru de spasmes. Paloma meurt d’envie d’assouvir cette tension, de soulager tous ces muscles, et de jouir. De jouir sous ses mains, sous ses lèvres, sous sa langue et sous son… organe.
Il approche son visage de son oreille pour lui chuchoter quelques mots, en vantant son caractère parfaitement docile. Paloma se tend davantage. Quel enfoiré — pense-t-elle, sans le quitter des yeux. Elle l’admire longuement. Les baisers qu’il repose dans le creux de son cou ou sur son oreille la font frissonner de plaisir. Paloma sait qu’il s’en apercevra. Les frissons qui courent sa peau sont si nombreux et puissants, que Beresford les sentira sous la pointe perverse de sa langue. Elle est à sa merci. Paloma ferme les yeux. C’est un réflexe involontaire, signe que son corps approuve toutes les caresses de Beresford. Elle ferme les yeux de contemplation, de bonheur et d’excitation. Très lentement, son visage se penche en arrière pour lui donner accès à son cou, afin qu’il puisse continuer. Paloma est docile, toute à lui. Les réactions naturelles de son corps illustrent bien cet état d’abandon total des réticences et de l’esprit. Un gémissement s’échappe même de ses lèvres entrouvertes, lorsque Beresford s’amuse à rouler un peu trop bien ses tétons sous ses doigts experts. La chaleur de la bouche de Beresford, logée contre son oreille, lui donne davantage de frissons. Paloma a si chaud, si chaud de lui. Faim aussi. Elle s’en veut de réagir ainsi, elle a même le sentiment de se trahir. Beresford était leur cible avec Bond. Le fameux homme travaillant comme consultant et banque personnelle de SPECTRE, c’était lui. C’était lui qui distribuait tout cet argent aux caisses de SPECTRE. Beresford est un dangereux criminel. Comment Paloma a-t-elle pu l’avoir sous les yeux et à portée de main si longtemps pour ne pas s’apercevoir avant qu’il travaillait pour SPECTRE ?