Hungry for truth | Klaus

Hungry for truth

@(Dr.) Klaus Fischer & @(Dr.) Peter Straub

La lumière vacillante d’une ampoule à nu pendue au plafond éclaire alambics, matériel scientifiques et notes et schémas disposés dans un ordre relatif, discernable seulement par le propriétaire des lieux, sur une multitude de bureaux et plan de travail. Il est tard… Très tard… L’obscurité a envahi les lieux depuis plusieurs longues heures déjà, mais Peter Straub ne s’en formalise pas. De même qu’il attend de Klaus Fischer qu’il n’agisse pas différemment. Qu’importe le temps qu’il leur faudra consacrer à l’ouvrage, Straub les veut infatigable, au service seul des hauts projets qu’ils cultivent pour ce monde en proie aux pires vices, ceux-là même que la folie des hommes aura engendrés… Que la folie de Straub aura nettement encouragés. La pénombre ambiante les enveloppe d’une atmosphère plus secrète, plus intime… et c’est précisément ce que Straub veut.

Du jeune scientifique, Peter ne s’est pas alarmé tout d’abord. Il n’a vu en lui qu’un jeune homme intelligent, un élément fort et motivé, soucieux de bien faire, en quête désespéré de se trouver un mentor qui lui apprendrait tout ce qu’il sait. Et il est devenu ce mentor… Il s’est complu dans ce rôle, parce qu’il tenait à avoir sur le jeune Klaus un ascendant à tout épreuve, auquel ce dernier ne pourrait pas échapper. Il n’avait pas fallu longtemps pour que son jeune assistant éveille en lui un intérêt qui transcende la raison… pas seulement du fait de son intelligence vive et de son ingéniosité à toute épreuve, ça non… Mais parce que très rapidement, Peter a éprouvé à son adresse une attirance qu’il n’a éludée que partiellement. Quand Peter Straub veut quelque chose, il s’efforce, avec acharnement, de l’obtenir… et c’est sur Klaus qu’il a à ce jour jeté son dévolu. Les sentiments qu’il nourrit pour lui, l’attirance qu’il lui inspire sont, bien sûr, proprement inacceptables. Au sein du régime rigoriste dans lequel ils évoluent, au nom des idéaux qu’il caresse également… Mais voilà longtemps déjà que Straub a renoncé à refouler des émotions trop vives pour être contenues. Son attirance pour les hommes n’est pas née d’hier, il a seulement toujours su la dissimuler au regard du monde… jusqu’alors… Avec Fischer, la chose est différente. Ce n’est pas juste un bel éphèbe de passage qu’il mettrait dans son lit pour l’oublier le jour d’après… entre eux, il y a autre chose… en lui, il y a autre chose. Et ce quelque chose, il n’entend pas le nier tant l’attirance qu’il éprouve pour Klaus est proche de viscérale. Il a marqué ses propres chairs de lignes ensanglantées à chaque pensée impure qu’il a insufflé à son esprit détraqué… Cette proximité le tuera s’il n’y remédie pas… Et Peter compte bien y remédier.

Non, dans un premier temps, Peter Straub ne s’était pas inquiété de Klaus Fischer, aveuglé, très certainement, par sa présence, par les traits élégants de son visage, par sa beauté parfaite et son intellect brillant… mais depuis quelque temps, les choses ont changé, néanmoins. La situation a pris une tournure très différente. Peter a des doutes, des soupçons qu’il ne sait plus taire, et ce qui n’était pour commencer qu’une simple pensée insidieuse qu’il s’empressait de chasser pour ne pas la laisser l’empoisonner complètement s’était mu en déplaisant constat. Les allées et venues suspectes de Klaus, ses messes basses, ses questions indiscrètes… quelque chose, dans son comportement, fleure bon la trahison… et c’est une chose que Straub ne peut supporter. Alors qu’ils se retrouvent tous les deux, seul à seul, dans l’imposant laboratoire, à une heure indue de la nuit, il a déjà pris sa décision, il sait déjà pertinemment quoi faire. Et comment le faire. Ce soir, Klaus n’échappera ni à ses doutes, ni à sa concupiscence, ainsi Peter Straub en a-t-il décidé, et quand ce dernier a une idée en tête, idiot serait celui ou celle qui aurait à l’esprit la fantasque idée de l’en déloger… La chose est bien sûr peine perdue.

« J’ai intercepté par erreur un courrier qui ne m’était pas destiné. »

La voix de Straub remplit l’espace du laboratoire, brisant un silence qui s’éternisait depuis plusieurs longues minutes déjà. Il a choisi son moment, laisser à la fatigue due à un dur labeur le temps de faire son œuvre, afin de percer au mieux les défenses du jeune scientifique.

« Une lettre de votre sœur. Vous ne m’en voudrez pas, j’espère ? »

Ces mot, il le prononce dans le dos de Fischer, lui-même attablé à son poste de travail. Straub est penché au-dessus de lui, son souffle déposé contre son oreille et au creux de son cou… Comme toujours, il force entre eux une proximité trop grande, favorise effleurements et paroles formulées trop près du visage de l’autre, il veut le voir céder. Et cette nuit, il veut l’entendre avouer. Quoi de mieux, pour cela, que d’invoquer l’argument le plus susceptible de faire mouche. La sœur de Klaus. La prunelle de ses yeux.

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@(Dr.) Peter Straub & @(Dr.) Klaus Fischer

BUREAU D'ÉTUDES. LABORATOIRE DU DR. PETER STRAUB. HELIGOLAND.

TW : MENTIONS DU RÉGIME NAZI, D'IDÉOLOGIE EXTRÉMISTE - DE RACISME - D’ANTISÉMITISME ET DE XÉNOPHOBIE, SEXUALITÉ EXPLICITE, DIFFÉRENCE D'ÂGE IMPORTANTE, EMPRISE PSYCHOLOGIQUE, TRAUMATISMES D'ENFANCE, COMPLEXE D'ABANDON, OBSESSION AMOUREUSE, FANATISME RELIGIEUX, HOMOSEXUALITÉ REFOULÉE, HOMOPHOBIE, INSTABILITÉ ÉMOTIONNELLE, ABUS D'AUTORITÉ.

Tout était sous contrôle, se disait-il. Quelle monstrueuse erreur faisait-il en se croyant intouchable. Comme s’il avait une poker face des plus efficaces. Il ignorait que son mentor et employeur, le docteur Straub, connaissait déjà tous ses petits secrets de comploteur. Klaus Fischer n’avait pas le choix que de mentir à son patron. Dans les premiers temps, Klaus croyait sincèrement en lui, avant de se rendre compte… de la monstruosité des créations du docteur Straub. Il conduira le pays et même le monde à la destruction. L’humanité est corrompue entre ses mains. Ce scientifique, certes brillant, ne peut rien apporter de bon. Klaus l’avait idolâtré durant des années. Il s’était réjoui de rejoindre ses rangs. À quel prix ? Il voulait tant apprendre de Straub, partager ses secrets scientifiques. Straub avait été pour lui un véritable mentor pendant des mois. Il l’avait aidé à perfectionner ses connaissances scientifiques, et en échange, Klaus lui avait dévoilé ses propres compétences en physique, afin d’améliorer les armes fonctionnant à l’énergie Geiskraft. Straub est un monstre. Quelqu’un de diabolique avec des projets maléfiques. Straub n’est pas bon pour l’Allemagne. Klaus, conscient de la face cachée de Straub, doit l’empêcher d’agir, même si cela doit lui coûter la vie.

« Que dites-vous, docteur ? » s’étonne Klaus, tout en terminant une phrase. Il prend des notes depuis des heures. Tous les deux se trouvent à travailler dans le bureau privé de Straub, dans son laboratoire sur l’île. L’heure est tardive. La nuit est tombée depuis trois bonnes heures maintenant. Ils ont l’habitude de partager de longues nuits d’études et de réflexions scientifiques ensemble. Ce qui est inhabituel, en revanche, c’est l’évocation de correspondances litigieuses. Ils n’abordent jamais des questions privées, lorsqu’ils travaillent. Ils restent toujours particulièrement concentrés sur leurs travaux. Leurs recherches étant toujours de la plus haute importance. Straub est de plus un homme particulièrement secret. Les rares fois où ce dernier s’aventure à quelques confidences ou besoin d’en obtenir de la part de son assistant, c’est pour installer entre eux une sorte de bulle intime vulgaire qui répugne Fischer autant qu’elle l’attire comme un papillon devant une flamme. Klaus clair dans son jeu. Straub essaie de le déstabiliser en lui faisant du rentre-dedans. Il essaie de flirter avec lui. Flirter. Deux hommes flirtent ensemble. C’est un crime passible de la peine de mort en Allemagne. Klaus veut croire qu’il n’en est rien entre eux. Il veut croire que l’affection exprimée par son mentor et patron est purement respectueuse. Une affection comparable à celle d’un père envers son fils.

« Une lettre… » Une lettre. Straub précise son propos. Une lettre de la sœur de Klaus. Son sang se glace. Il se refroidit. Ce ne peut pas se passer comme ça… Ce ne peut pas être… Straub n’a pas pu l’ouvrir… Sa correspondance régulière avec sa sœur, Marie, est sur le point de causer sa perte. Klaus compte bel et bien trahir son mentor. Cela fait des mois qu’il en discute avec sa sœur par lettres. Il lui dévoile les projets sournois de Straub, il lui glisse des informations importantes pour aider les renseignements secrets américains à l’insu de son employeur. Apprendre que Straub a pu mettre la main sur l’une d’entre elles le cloue littéralement sur place. Il essaie de ne rien exposer à son supérieur. Il essaie de rester indifférent, froid et distant avec Straub. Straub sait tout… Et pourtant, il continue de jouer à ce petit jeu sordide du chat et de la souris. C’est révoltant. Klaus ignore que Straub le mène en bateau. C’est du bluff, rien de plus. « Je ne vous en veux pas, bien sûr que non. Comment le pourrais-je ? Vous avez tous les droits dans ce laboratoire. » Un brin de cynisme dans la voix, Fischer veut garder la face. Tout est perdu, mais Fischer se montrera digne et gardera le port de tête fier. Klaus est si concentré sur ses pensées chaotiques qu’il ne s’est pas rendu compte que Straub bien de se glisser hors de son bureau pour se poster droit comme un I dans son dos. Fischer peut sentir la présence du vieux scientifique derrière lui, près de sa chaise en bois vernis. Une main non loin de ses épaules. Il se crispe sur son stylo.

Cette proximité que lui impose le nazi est proche d’insurmontable. Il peut sentir son souffle dans son dos, tout contre son oreille. Ce souffle chaud et interdit qui s’engouffre le long de sa nuque, et termine son trajet dans son cou. C’est si dur. Cela ne devrait pas lui faire autant d’effet. Klaus est dérangé. Mais pourquoi ? Il refuse de creuser la question. « Docteur Straub… » murmure Fischer sur un ton suppliant. Il est désolé. Terriblement désolé. Mais aussi profondément effrayé. Maintenant que Straub sait, il risque bien pire que de perdre la vie. Straub va le torturer comme il aime torturer les cadavres de ces pauvres soldats Allemands pour les transformer en des abominations répugnantes, ces zombies. Ou peut-être compte t-il faire de lui une nouvelle arme ? Un engin de torture ? « Je peux tout vous expliquer. » Klaus ferme les yeux. Combien de temps encore peut-il prétendre que tout est sous contrôle ? Rien ne l’est. Plus rien ne l’est. Il doit simplement implorer le pardon de Straub, ou bien alors trouver un mensonge très convainquant.

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Straub reste attentif à chaque détail du visage de son interlocuteur. Il ne veut laisser aucune de ses émotions lui échapper. Il veut au contraire s’en délecter, en même temps qu’il gardera le regard plongé dans les yeux si hypnotique de celui en qui il serait capable de se noyer, s’il ne tenait pas tant à ce que Klaus se noie le premier. Il peut entendre le trouble dans sa voix, et dans la demi-pénombre, il est capable de distinguer une lueur d’inquiétude dans ses somptueuses prunelles. L’esprit détourné de ses si précieux travaux, il est obligé de prendre en compte son discours, de même qu’il ne peut faire mine d’ignorer la proximité que le scientifique leur impose pour son propre intérêt. Il ne dit rien, il ne précise rien, il attend d’entendre ce que Klaus aura à répondre… Il attend de le voir tomber dans son piège, ou chercher à s’en extirper ou à le déjouer par tous les moyens possibles et imaginables.

« Tous les droits, non, n’exagérons rien », répond Straub, amusé de la réflexion de Klaus, qui ne s’épargne pas un soupçon de cynisme que le scientifique ne manque pas de trouver quelque peu… attirant.

Klaus est encore jeune, et en certaines occasions, il peut véritablement se comporter comme un véritable petit con arrogant… ce n’est pas pour déranger Straub. Il également attiré par la fougue juvénile de cet homme dont il veut tout obtenir, tout sans conditions. En vérité, Fischer n’a pas entièrement tort… Straub s’octroie beaucoup de droits sur son interlocuteur… Et les quelques frontières qu’il ne franchit pas, il ne le franchit absolument pas par bonté d’âme, mais pour le plaisir de voir Klaus lui céder par choix, quoi qu’il puisse en dire…. Et parce qu’il est évident que le désir qui brûle en lui à l’égard de son bel assistant n’est rien d’autre que réciproque.

« Je ne vous forcerai, par exemple, jamais à quoi que ce soit à titre personnel », il répond avec un fin sourire. « J’espère que vous le savez, n’est-ce pas ? » ajoute-t-il en se penchant vers lui, en déposant ses mains sur ses épaules tout en se penchant doucement au-dessus de lui.

Il ne lui dit toujours pas ce que contient cette lettre inexistante, il veut laisser à son interlocuteur l’occasion de se trahir, de lui en dire plus qu’il ne devrait. Il le regardera s’enfoncer dans l’erreur, et il prendra un plaisir délectable à le voir se méprendre toujours davantage. Ce n’est qu’une maigre punition, après tout, au regard de sa trahison, une trahison que Straub vit comme une gifle brutale… Une gifle qu’il rendra au centuple à l’homme qui mérite définitivement la plus terrible des punitions. C’est leur proximité, la chaleur qu’il veut infuser dans le corps tout entier de Klaus, qui abattra toutes ses résistance. Il referme plus profondément ses doigts dans la chair de ses épaules, au point de probablement lui faire mal. Le ton de Fischer est devenu suppliant au possible. Voilà, il a peur. Et il a de bonnes raisons d’avoir peur… la sentence de Straub pourrait bien être terrible. Et il n’est rien qu’il ne se sentira capable de faire pour que la situation abonde entièrement dans son sens… et dans son sens seulement.

« Tout m’expliquer, vraiment ? » répète Straub d’un ton toujours plus menaçant.

Klaus va céder, c’est certain, et il va céder avec une facilité des plus déconcertantes, même, car il sait qu’il n’a pas le choix, et parce qu’au fond de lui, il regrette profondément, du plus profond de son âme brisée, d’avoir pu heurter un homme qu’il estime, qu’il admire… et qu’il aime probablement… que Straub lui fera aimer par tous les moyens possibles et imaginables si ce n’est pas encore le cas.

« Je vous en prie, Klaus. » Il marque une pause. « Allons, ça va aller », ajoute-t-il d’un ton apaisant, à la manière d’un père qui chercherait à apaiser son enfant. « Vous pouvez tout me dire », ajoute-t-il, prenant le plus grand soin à tisser sa toile autour de son jeune assistant. « Vous le savez, n’est-ce pas ? »

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@(Dr.) Peter Straub & @(Dr.) Klaus Fischer

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TW : MENTIONS DU RÉGIME NAZI, D'IDÉOLOGIE EXTRÉMISTE - DE RACISME - D’ANTISÉMITISME ET DE XÉNOPHOBIE, SEXUALITÉ EXPLICITE, DIFFÉRENCE D'ÂGE IMPORTANTE, EMPRISE PSYCHOLOGIQUE, TRAUMATISMES D'ENFANCE, COMPLEXE D'ABANDON, OBSESSION AMOUREUSE, FANATISME RELIGIEUX, HOMOSEXUALITÉ REFOULÉE, HOMOPHOBIE, INSTABILITÉ ÉMOTIONNELLE, ABUS D'AUTORITÉ.

« Je vous assure que vous les avez. » affirme Klaus en hochant la tête de manière respectueuse, malgré la présence d’un fin rictus cynique au coin des lèvres. Le docteur Straub possède tous les droits dans son laboratoire. Il le lui a suffisamment fait comprendre depuis quelques années pour que Klaus ne cherche pas à déroger à ses règles un seul instant. Straub est un homme brillant, réellement intelligent, mais profondément dangereux. Il a beau affirmer qu’il ne le forcera jamais à rien de « personnel », Klaus n’y croit pas un seul instant. Straub est pervers et fourbe. Le vieux professeur espère le manipuler. « Vous êtes le seul maître en ce lieu, et vous le savez très bien. Je vous ignorais aussi modeste quant à vos qualités. » plaisante-t-il en rejoignant ses paumes devenues moites sous le coup de l’anxiété. « Je travaille pour vous parce que vous êtes le meilleur, docteur Straub. » confesse-t-il dans un élan soudain de sincérité, et probablement de désespoir. Il sait que le pire est encore à venir. Straub le liquidera, une fois qu’il saura absolument tout de ses manigances. Probablement que c’est même d’ailleurs le cas… Straub n’ignore rien des correspondances entre lui et Marie, — sa grande soeur. Straub ne fait pas de secrets là-dessus, et appuie sadiquement que ce qui est susceptible de faire le plus de mal. Klaus est bien naïf sur ce point. Straub ignore tout. Ce n’est rien d’autre qu’une tentative de bluff, dans laquelle l’assistant physicien et spécialiste en énergie Geiskraft plonge avec les yeux fermés. Il se dira avec le recul une chose : comment a-t-il pu être aussi stupide ? Il lui suffisait mentir à Straub, comme toujours. Straub l’aurait peut-être bien cru. Il devait juste lui renouveler sa confiance, et non de se mettre aux aveux avec pratiquement les genoux au sol.

À genoux, Klaus n’y est pas encore, mais il n’est pas loin de franchir ce pas. Straub s’apprête à le mettre à genoux, implorant tant sa pitié que sa bienveillance. Il ne le voit passe mouvoir dans sa direction sous cet angle, mais il peut sentir le vieux professeur s’approcher de lui dans son dos. Straub se trouve derrière sa chaise en bois, les mains posées le long de ses épaules finement musclées, exerçant une emprise tant physique que psychologique. Klaus ne répond rien. Le ton de Straub se fait plus menaçant, tandis que la force de ses muscles ainsi pressés le long des épaules du jeune assistant lui fait un mal de chien. « Oui. » balbutie Klaus, qui peine à avaler sa salive. « Je peux tout vous expliquer. » Un frisson lui parcourt l’échine à cet aveu. Il va essayer de tout lui dire, tout en se gardant bien de donner les détails les plus compromettants. Il ignore en fin de compte ce que sait Straub, notamment sur quelles lettres ce dernier s’appuie pour confronter sa trahison au régime nazi. « Promettez-moi que tout va bien se passer, s’il vous plaît, docteur Straub. » Klaus se sent comme un enfant pris en faute, attendant d’être sévèrement réprimandé par un père autoritaire. « Je me ferais pardonner. Ce que j’ai raconté à ma soeur… n’engage en rien ma loyauté profonde à votre égard, ou même le respect que je peux bien porter à votre intelligence… » Il déglutit. Straub est beaucoup trop près. Le souffle du vieux professeur le fait frissonner. Straub est malin. Il prend son ton le plus paternaliste pour mieux le piéger. Et ça fonctionne. « Il se peut que j’ai partagé certaines informations sur nos expériences à ma soeur, mais c’est une personne de confiance. C’est ma soeur. Je n’ai plus qu’elle. Marie est… la seule famille qu’il me reste. Elle vit à l’étranger, comme vous avez pu le constater sur l’enveloppe… Marie ne représente aucun danger pour nous. » plaide Klaus Fischer, qui espère duper Straub sur les réelles intentions de sa soeur.

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