The Nature of Evil ♔ ft. Galadriel

The nature of evil

Galadriel of the Noldor & Thranduil of Greenwood

Quelque part sur les rives de l'Anduin, 1600 Second Age

Du haut du balcon de la suite royale, le roi et le prince de Vert-Bois-le-Grand avaient leur regard braqué vers le Sud-Est. Tous deux pouvaient voir loin, bien plus loin que les Hommes, les Nains et même certains Elfes, mais malgré cela, tout ce qu’ils voyaient étaient de lourds nuages noirs dissimulant les sommets de l’Ered Lithui, les Monts des Cendres servant de frontières naturelles au Mordor.

- Voyez-vous quelque chose ? s’enquit Thranduil en Sindarin.

- Rien d’autre que les ténèbres, finit par répondre dans la même langue Oropher après un silence. Nous devrions agir dès maintenant. Se réunir. Si nous laissons ces ténèbres se répandre hors de l’Ered Lithui, la Terre du Milieu connaîtra le même sort que Doriath, en son temps.

Thranduil hocha doucement la tête avant de détourner ses yeux clairs de leur cible.

- Permettez-moi de me rendre en Eregion, père, afin d'y retrouver Dame Galadriel. Elle dispose d’autres moyens pour voir ce qui nous reste invisibles. Notre amitié nous lie depuis des siècles. Si l’heure est venue de combattre à nouveau, il n'y a qu'elle qui saura nous répondre et nous aider.

Oropher paru réfléchir un instant, pesant probablement le pour et le contre de cette proposition. Puis il se tourna vers son fils et posa sa main droite sur son épaule.

- Partez dans l’instant. Mais ne vous éternisez pas outre mesure. A votre retour, plus personne ne sortira d’ici et rare seront ceux que nous permettrons de fouler le sol de notre forêt.

Thranduil s’inclina et partit tout de suite vers les écuries, ordonnant au passage qu’on lui scelle Gaelin, sa majestueuse monture des bois et qu’une escorte se tienne prête à partir d’ici la fin de la matinée. Le soleil n’était pas encore au zénith lorsque Thranduil, à dos de cerf, quitta les Halls après un dernier au revoir à son père puis s’élança à travers bois, galopant fièrement à travers les arbres et les clairières suivi de près par une escorte d’une douzaine de cavaliers armés ainsi que de deux porteurs d’étendard. A cette allure soutenue, ils quittèrent rapidement Vert-Bois et se mirent à longer le fleuve de l’Anduin vers le Sud en quête du pont servant à relier les berges Est et Ouest du plus grand fleuve de la Terre du Milieu. Ils atteignirent le pont à la tombée de la nuit mais poussèrent néanmoins leur voyage jusqu’à ce qu’ils atteignent l’orée des bois de la forêt, sur les versants Est des Monts Brumeux. Ce n’est qu’à ce moment-là que Thranduil décréta qu’ils poursuivraient leur voyage le lendemain, afin de laisser les chevaux et son cerf prendre un peu de repos après cette chevauchée soutenue. Et puis, la forêt toute proche leur confèrerait la protection nécessaire s’ils subissaient une attaque d’Orcs durant la nuit.

Le campement installé, ils dinèrent simplement avant de regagner leurs tentes où Thranduil dormit d’un sommeil sans rêves. A l’aube, réveillés par les premiers rayons de soleil, la délégation princière se remit en route et entreprit de traverser la forêt. Plus petite que Vert-Bois, elle était cependant loin de manquer de charme. Le Prince de Vert-Bois, tout comme les Elfes Syvlestres composant sa délégation, se sentirent bien, en paix et en sécurité dans ces bois où baignaient une douce lumière dorée. Soudain, venant en face d'eux sur le sentier, Thranduil aperçut un groupe à cheval. Les cavaliers portaient de hautes lances brillantes comme l'argent mais c'est le cavalier - ou plutôt la cavalière - qui chevauchait à leur tête qu'il vit et reconnu en premier, bien avant de voir avec précision les bannières des Noldor qui l'accompagnaient. Thranduil sourit en la reconnaissant, fit signe à son escorte de ralentir et de le laisser la rejoindre seul. Une brillante lumière l'enveloppait et l'aurait presque rendu aveuglante aux yeux des mortels. Mais pas à ceux du Prince Sindar qui inclina respectueusement la tête en la saluant.

- Mae Govannen, Heryn Galadriel* commença-t-il en Sindarin avant de poursuivre dans la Langue Commune. Est-ce le hasard ou un bienheureux concours de circonstances qui nous fait nous rencontrer en ces lieux? Car je viens de la part de mon père. Vous avez sûrement dû sentir, tout comme nous, l'ombre malveillante qui s'est récemment élevée à l'Est?

(Traduction: * Heureux de vous revoir, Dame Galadriel)

(c) DΛNDELION

@Galadriel of the Ñoldor kokoro

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Galadriel & @Thranduil of Greenwood

Avec élégance, Galadriel descend de sa monture, ses pieds touchent la terre ferme sans que son regard, respectueux, ne se détourne de celui qui, elle le sait, est venu en retour la trouver, en quête d’une lumière que les ténèbres menaçantes promettaient d’étouffer s’ils ne faisaient rien pour l’empêcher. Galadriel gratifie Thranduil d’un sincère sourire au moment pour ce dernier de la saluer. Leur amitié remonte à des temps ancestraux, et jamais n’en a été ternie. Des siècles de loyauté leur ont assuré que les années passant n’altéreraient en rien leur affection mutuelle autant que le respect qu’ils ne cesseraient jamais de s’adresser l’un a l’autre.

« Thranduil. J’aurais voulu vous revoir en de plus heureuses circonstances », répond-t-elle, à son tour en Sindarin pour commencer.

Malheureusement, l’heure n’est pas aux retrouvailles naïves ou heureuses. Galadriel lui adresse un sourire à la fois bienveillant et lourd de signification quand son interlocuteur s’interroge sur les motifs de leur rencontre en ces lieux. Non, cette rencontre n’est pas fortuite. Aucune rencontre ne l’est jamais vraiment, et celle-ci moins encore que les autres. Galadriel avait voulu le trouver, de même que Thranduil, pour sa part, était probablement venu la quêter. Thranduil lui fait comprendre s’être mis en chemin au nom de son père, et cette information n’a rien pour surprendre la Dame du Lothlorien, de même qu’elle ne saurait prétendre être surprise de l’entendre évoquer cette ombre malveillante qui menace de son opacité l’Est de la Région, et s’étendra davantage s’ils ne font rien pour l’empêcher. Ces ombres, épaisses, néfastes, ont ceci d’insidieuses qu’elles ne se contentent pas d’envelopper de ténèbres ce qui se trouve à l’extérieur. Galadriel peut sentir ces mêmes ténèbres l’envelopper et prendre d’assaut un cœur qui s’en défend avec la plus grande vigueur et une forme d’autorité qui pourrait bien la tromper elle-même, en tout cas de manière temporaire. Car le cœur se trahit de lui-même… et il semble impossible d’y faire quoi que ce soit.

« J’ai à ce sujet des informations la plus grande importance. Je venais vous trouver, vous et votre père, afin de vous apprendre ce que je sais. »

Elle ne commettra pas l’erreur d’affronter l’obscurité seule, elle doit accepter l’inacceptable. Elle ne peut lutter seule, elle n’a jamais été aussi déterminée et dans le même temps moins à même de mener ces combats par elle-même. Elle doit compter sur tout le soutien disponible. C’est pour cette raison qu’elle avait tenu, dans l’immédiat, à s’assurer le soutien d’Elrond et des elfes réfugiés en Lindon, du Conseil blanc… et des Elfes sylvestres, le peuple elfique le plus proche de la région investie par Sauron, qui ne tardera pas à vouloir étendre plus loin et plus dangereusement son sinistre empire.

« Je reviens du Mordor… », ajoute-t-elle sans développer son propos mais en adressant à Thranduil un regard entendu qui ne saurait prêter à équivoque quant à ce qui lui a été donné d’y voir. Tout ce qu’elle avait toujours redouté, tout en en ayant présagé l’inéluctabilité malgré tout.

(c) DΛNDELION

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Quelque part sur les rives de l'Anduin, 1600 Second Age

Amitié et respect. Voilà comment le Prince de Vert-Bois qualifiait le lien qui l’unissait à la Dame de Lorien. Aussi, lorsque leurs regards se croisèrent, il sut que son père avait eu raison de l’envoyer quérir son conseil. La sagesse de son père avait une nouvelle fois vu juste, tout comme les rumeurs glaçantes qui étaient accourues jusqu’à Vert-Bois depuis les noires terres de l’Est. A l’instar du sourire dont Galadriel l’avait gratifié, ce fut son propre sourire qui disparut lentement de son visage, lorsqu’il l’entendit avouer avoir préféré le revoir en d’autres circonstances. Même Gaelin, son cerf brun, s’ébroua, sentant lui aussi le danger dans ce dont Galadriel avait du être témoin. Cette dernière eut tout de même la gentillesse de lui adresser un sourire bienveillant, quoique Thranduil lut dans son regard une lueur qu’il n’avait encore jamais vu briller dans les yeux clairs de la Dame de Lorien avant ce jour. Elle semblait alarmée.

- Dans ce cas, répondit-il dans le parler chantant des Elfes, en entendant qu’elle voyageait justement vers Vert-Bois, permettez-nous de vous accompagner jusqu’aux Halls.

Il inclina légèrement la tête et fit un geste de la main vers sa propre escorte tandis qu’il faisait, de l’autre main, pivoter Gaelin pour reprendre la route en sens inverse, vers Vert-Bois-le-Grand. Les bannières et lances du royaume d’Oropher et de celui de Galadriel étincelaient dans les rayons intermittents du soleil, qui filtrait à travers les arbres, avant de briller au grand jour lorsqu’ils traversèrent l’Anduin pour rejoindre la lisière de la forêt de Vert-Bois. Ils chevauchaient en silence, préférant goûter au chant des oiseaux et à celui de la brise à travers leurs différents étendards, plutôt que de vociférer des chansons paillardes comme seules les tribus de Nains peuvent le faire. Mais lorsque Galadriel brisa ce silence pour lui dire d’où elle revenait, même Thranduil, d’ordinaire aussi impassible et mystérieux que son père, ne put dissimuler le choc de cette nouvelle.

- Ma Dame, il n’y a personne, à Vert-Bois ou, j’en suis persuadé, parmi les autres peuplades Elfiques de la Terre du Milieu, qui ne saurait remettre votre parole ou votre courage en doute. Mais le Mordor… Thranduil soupira et secoua doucement la tête. Cette terre est maudite. C’est un miracle que vous ayez survécu à moins que…

Il leva l’index de sa main droite et son escorte s’arrêta en même temps que lui.

- A moins que l’on vous ait permis d’en sortir. Thranduil blêmit et considéra soudain Galadriel différemment. Comme il l’avait dit, beaucoup louait le courage et la sagesse de la Dame de Lorien mais il savait également que certaines voix s’élevaient contre elle, la qualifiant d’inconsciente et même de « tête brûlée ». De tels qualificatifs n’avaient jamais trouvé la moindre considération auprès des Elfes de Vert-Bois-le-Grand mais après cette révélation choque, pour la première fois depuis qu’il l’a rencontré, Thranduil posait un nouveau regard sur elle. Peut-être bien que, finalement, il ne la connaissait pas aussi bien qu’il ne le pensait…

- Vous l’avez vu, n’est-ce-pas ? Sauron, déclara-t-il, la voix pleine de dégoût en prononçant ce nom interdit parmi les Peuples Libres.

(c) DΛNDELION

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Galadriel & @Thranduil of Greenwood

Dans le silence d’un instant se lit parfois plus de sens que l’on en découvrirait en des dizaines de mots. En un regard, Galadriel sait qu’elle a su se faire comprendre de Thranduil et lui faire prendre la pleine mesure de la menace à laquelle ils s’exposent à présent. Tout doit être dit encore, mais insister quant à l’urgence de la situation n’est, en revanche, pas nécessaire. La dame de Lothlorien accompagne prestement son ami à travers la forêt de Vert-Bois, dans un mutisme quasi solennel, qu’elle n’interrompt qu’au moment d’évoquer – fait indispensable – son voyage en Mordor dont elle est, fort heureusement, revenue indemne… Ou du moins physiquement indemne.

Thranduil n’est pas dupe. Il a beau connaître son courage et sa détermination de fer, il a raison de penser qu’elle n’aurait en aucun cas pu revenir ici si on ne le lui avait pas permis. Une faveur qui a tous les atours d’un cadeau diablement empoisonné. En effet, il n’y a que du vrai dans les paroles toujours sages de son interlocuteur. En effet, les terres du Mordor sont maudites, et on ne peut en saisir la pleine désolation, toute l’horreur, qu’en les foulant soi-même de ses pieds. Les légendes qui entourent ces lieux n’exagèrent absolument rien…

« Oui », admet-elle en tournant vers Thranduil ses prunelles sombres, dans l’espoir de ne lire dans son propre regard aucune forme de jugement.

Elle sait que son comportement a été hâtif et malvenu, elle sait qu’elle aurait probablement dû s’organiser, comme elle souhaite le faire à présent, plutôt que de confronter le serviteur de Morgoth avec tant de verve et si peu de réflexion. Elle le sait… de même qu’elle sait que la détermination qui fut la sienne à retrouver Sauron ne puisait pas son origine en une source saine ou honorable. Sur ce dernier point, elle est fermement décidée à réprimer la force de sentiments qu’elle pensait adresser à un autre, et qu’elle est révulsée d’avoir accordés si légèrement à l’ennemis.

« C’était une démarche impulsive et naïve, mais au moins m’a-t-elle offert d’observer de mes propres yeux ce que mille récits n’auraient été susceptibles de plus fidèlement décrire. »

Ce n’est pas pour elle une manière de s’en justifier, elle sait pertinemment que ses actions auraient pu avoir des répercussions autrement plus grandes non seulement pour elle-même mais pour les siens, et une telle légèreté de comportement ne saurait être excusée ou justifier. Elle a agi par égoïsme, elle a occulté ce qu’elle sait posséder de sagesse au profit de ce qu’elle possède parfois et peut-être trop souvent d’orgueil.

« Ne me jugez pas trop sévèrement. Il était absurde de ma part de penser pouvoir l’affronter seule et de laisser de bas instincts de vengeance embrumer mon esprit. » Son regard observe au loin, à présent, il semble se fixer sur un point proche d’inaccessible. « J’ai l’esprit très clair, à présent. Je ferai ce qui doit l’être, et de la meilleure manière. »

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Quelque part sur les rives de l'Anduin, 1600 Second Age

Les murs de pierres des Halls se rapprochaient de plus en plus au fur et à mesure qu’ils progressaient, d’abord en Rhovanion puis, après en avoir franchi la lisière, au cœur même de Vert-Bois. Leur avancée était silencieuse, solennelle, et ni le Prince de ces lieux, ni la Dame de la Lothlorien ne venaient troubler cette paix presque monacale en de vaines et vides paroles. Néanmoins, il osa poser la question qui lui brûlait les lèvres, pour laquelle son père l’aurait probablement sévèrement réprimandé s’il l’avait entendu. L’avait-elle vu, LUI ? Un Elfe ne peut pas faire montre ainsi publiquement de sa curiosité, encore moins un Elfe de haute lignée. Mais puisqu’elle s’y était rendue et en était même ressortie en vie, elle avait forcément dû voir plus qu’il ne pourrait jamais en apprendre sur Sauron et le Mordor par la lecture ou les peintures. Thranduil hocha lentement la tête à sa simple affirmation mais ne rajouta rien, conscient que ce que son amie avait vécu en ce noir territoire devait être affreux. Et puis, ne se rendaient-ils pas tous deux aux Halls, devant le Roi son père, justement pour qu’elle leur parle de ce qu’elle a vu ? Inutile donc de lui faire revivre ces moments difficiles deux fois.

- Cela est aisément compréhensible, fit-il en inclinant légèrement la tête en signe de respect. Néanmoins, jamais ne se serait-il permis de la juger, de quelque façon que ce soit.

- Jamais je ne vous jugerai, Dame Galadriel. Mon père le fera probablement, comme vous devez vous en douter, mais je ne suis pas comme lui. Si vous vous y êtes rendue, alors vous deviez forcément avoir vos raisons, quelles qu’elles soient et je n’ai pas nécessairement le droit de le savoir. Mais à vous entendre, il semblerait qu’il connaisse votre plus grande faiblesse. La perte de votre frère. L’amour que l’on porte à autrui est ce qui nous rend vulnérables.

Il soupira puis sourit en voyant enfin les pierres des grottes dans lesquelles son père, lui et leur peuple avaient élu domicile, il y avait de cela des siècles.

- Je vous crois volontiers, ma Dame. Et je vous aiderai dans votre quête autant que possible.

La délégation du Prince de Vert-Bois-le-Grand, grossie par les troupes de la Lothlorien, franchit les hautes portes des Halls. Thranduil mit pied à terre et tendit sa main à Galadriel pour l’aider à descendre de sa monture, geste galant et poli plus qu’autre chose car il savait bien qu’elle n’avait nullement besoin d’aide pour cela. Mais elle restait une haute descendante des Noldor et, qui plus est, leur invitée aux Halls. Il l’invita ensuite à le suivre dans un dédale de couloirs montant et descendant au gré des chemins creusés dans la roche et le bois.

- Attendez-moi ici, finit-il par lui dire après au moins cinq minutes à marcher au cœurs des Halls.

Lorsqu’il revint vers elle, il était précédé d’un homme lui ressemblant en tous points, excepté la sagesse et les âges passés sur cette terre qui se lisaient avec facilité sur les traits de son visage ainsi que dans son regard.

- Dame Galadriel de Lorien, la salua le Roi Oropher. Soyez la bienvenue à Vert-Bois. Les Halls et mon peuple sont honorés par votre présence.

Il s’inclina légèrement devant elle, eu égard à son haut rang, supérieur au sien malgré son statut de Roi.

- Mon fils me dit que vous avez des nouvelles en provenance des noires terres de l’Est ? Venez, asseyons-nous et parlons, dit-il en désignant une table garnie de fruits, de pains en tous genres, de vin et d’eau fraîche.

(c) DΛNDELION

@Galadriel of the Ñoldor kokoro