« Galadriel était la plus illustre des Noldor, à l'exception peut-être de Fëanor, bien qu'elle fût plus sagace que lui, et sa sagesse ne fit que croître au cours des longues années. De son nom de mère, elle s'appelait Nerwen, et elle grandit bien au-delà de la taille des femmes des Noldor ; elle était vigoureuse de corps et d'esprit, et ferme en son vouloir, capable de tenir tête, en leur jeunesse même, aux Eldar, tant hommes de savoir qu'athlètes. » — Contes et légendes inachevés — Le Second Âge — L'histoire de Galadriel et Celeborn
Années des Arbres :
Galadriel naquit en Valinor et était le dernier enfant et la seule fille de Finarfin et Eärwen. Appelée Nerwen ("jeune-fille-homme") par sa mère, et Artanis ("noble dame") par son père, elle avait choisi Galadriel comme nom Sindarin, "car c'était le plus beau de tous ses noms", et lui avait été donné par son amant, Celeborn, qu'elle devait épouser par la suite. Elle était réputée pour la beauté inhabituelle de sa chevelure, qui était d'or comme celle des Vanyar dont elle était issue par sa grand-mère paternelle Indis, mais des reflets argentés y dansaient également, héritage des Teleri auxquels appartenait sa mère.
« Les Eldar disaient que ses tresses avaient capté la lumière des deux Arbres, Laurelin et Telperion. Et ils furent nombreux à penser que ce fut ce dire qui éveilla en Fëanor l'idée d'emprisonner et de mêler la lumière des deux Arbres, idée qui entre ses mains devait prendre la forme des Silmarils. [...] Fëanor contemplait les cheveux de Galadriel dans la joie et l'émerveillement, et par trois fois il la supplia de lui accorder une mèche, mais Galadriel se refusa à lui donner ne serait-ce qu'un cheveu. Et ainsi s'installa l'inimité entre ces deux-là, qui étaient parents, et les plus grands des Eldar au pays de Valinor. »
Les cheveux de Galadriel étaient réputés pour leur beauté, mais plus encore par le pouvoir qu'ils étaient susceptibles de contenir. Par trois fois, elle refusa d'en donner une mèche à son oncle, Fëanor, puisqu'elle décelait en lui une obscurité « qu'elle haïssait et redoutait, bien qu'elle ne se rendît point compte que l'ombre du même Mal offusquait l'esprit de tous les Noldor, et le sien aussi bien. »
Pendant de nombreuses années, l'existence à Valinor fut paisible et heureuse. Mais Melkor vint semer la discorde parmi les Noldor, un temps durant lequel elle fut tiraillée. Morgoth ayant dérobé les Silmarils de Fëanor, ce dernier voulut partir et entraîner les siens avec lui. Galadriel hésita à quitter Valinor, par crainte révérencieuse des Valar, mais était tentée par l'envie de connaître des terres lointaines et de gouverner un pays qui serait sien. L'hésitation ne dura cependant pas longtemps et elle choisit de partir pour la Terre du Milieu, mais tint tête plusieurs fois à Fëanor, souhaitant le poursuivre « de sa colère partout où ses pas le conduiraient, et contrarier ses desseins de toutes les manières possibles. » Après la destruction des Deux Arbres de Valinor, elle choisit de se joindre à l'exil des Noldor. Elle suivit donc son oncle Fingolfin et lutta aux côtés des Teleri lors du Massacre d'Alqualondë. Après ce massacre, Fëanor traversa la mer avec un premier groupe puis décida de brûler les navires plutôt que de les renvoyer aux autres, leur laissant le choix de périr au beau milieu de la glace ou de rentrer chez eux :
« Alors Fingolfin [...] fut pris d’une rage amère, mais il voulut plus que jamais trouver le moyen d’atteindre les Terres du Milieu et de retrouver Fëanor. Lui et sa suite errèrent longtemps, misérables, en Araman, mais cette épreuve ne fit que renforcer leur courage et leur endurance [...]. La jeunesse et l’ardeur qu’ils avaient au cœur les firent s’aventurer jusqu’au Grand Nord et là, conduits par Fingolfin et ses fils, et Finrod et Galadriel, ils osèrent affronter les terreurs d’Helcaraxë et le chaos des glaces. Les Noldor ne surpassèrent jamais l’exploit que fut cette traversée désespérée dans le malheur et la souffrance ».
Premier Âge :
Galadriel s'illustra donc par sa bravoure lors de la traversée d'Helcaraxë. Après cela, les Noldor s'installèrent finalement en Terre du Milieu. Galadriel et son frère Finrod furent d'abord accueillis par le Roi Thingol à Doriath. Finrod partit habiter à Nargothrond. Mais Galadriel resta à Doriath et reçut les enseignements de la reine Melian, une Maia avec qui elle s'était liée d'amitié, et de qui elle apprit notamment beaucoup de récits concernant les Terres du Milieu.
Deuxième et Troisième Âge :
A la fin du Premier Âge, Morgoth fut vaincu par les Valar, qui proposèrent alors leur pardon aux elfes exilés, dont Galadriel faisait partie - elle en était d'ailleurs la dernière représentante - mais celle-ci décida de rester en Terre du Milieu. Galadriel quitta Doriath avec son époux Celeborn avant la destruction du Beleriand, région du nord-ouest de la Terre du Milieu, et percevant un mal venant de l'est, partit fonder le royaume d'Eregion. Mais la venue d'un certain Annatar (Sauron) provoqua une rébellion qui chassa Galadriel de l'Eregion. Cependant, peu avant la venue de Sauron en Eregion, Galadriel rendit une visite de courtoisie à Celebrimbor et ce dernier, percevant le mal-être de Galadriel quant au destin de la Terre du Milieu et à la nature qui dépérissait régulièrement, prit une décision :
« Mais tu sais que je t'aime (bien que tu aies choisi Celeborn des Arbres), et que pour l'Amour de toi je ferai ce que je peux, si la chance veut que mon art puisse atténuer ton chagrin. »
Par amour pour Galadriel, Celebrimbor forgea l'Elessar, décrit comme sa plus belle œuvre, hormis les trois anneaux de pouvoir. En effet, Sauron, sous l'apparence séduisante d'Annatar, enseigna aux Elfes à créer les Anneaux de Pouvoir, tout en créant l'Unique pour les gouverner tous.
« Pris de peur et de colère [...], les Elfes s’enfuirent, purent emporter trois des anneaux et les cacher. C’était les trois qui avaient été faits en dernier et qui avaient le plus grand pouvoir : Narya, Nenya et Vilya, les Anneaux du Feu, de l’Eau et de l’Air, sertis de Rubis, de diamants et de Saphirs. Sauron les désirait par-dessus tout, car ceux qui les portaient pouvaient échapper aux effets du temps et reculer la fatigue du monde. Il ne put les découvrir, car ils avaient été confiés aux mains des Sages qui les cachèrent [...]. Les Trois restèrent purs de toute souillure, car Celebrimbor seul les avait forgés et la main de Sauron ne les avait jamais touchés. »
« Les Elfes ne parlèrent plus ouvertement des Trois Anneaux [...], et peu même chez les Eldar savaient à qui ils avaient été confiés [...]. L’Anneau de Diamant était au pays de Lórien où vivait Dame Galadriel, la reine des Elfes des bois. C’était l’épouse de Celeborn de Doriath, mais elle faisait partie des Noldor et se souvenait du jour d’avant les jours à Valinor. Des Elfes qui étaient encore sur les Terres du Milieu, c’était la plus belle et la plus puissante. »
Peu avant que Sauron ne détruise le royaume d’Eregion, Celebrimbor confia donc à Galadriel Nenya, l'un des trois Anneaux des Elfes. Galadriel et Celeborn s'établirent dans un royaume qui prit le nom de Lothlórien. Mais, ne désirant pas prendre le titre de roi et de reine, ils furent connus en tant que Seigneur et Dame de Lórien. Grâce au pouvoir de Nenya, les bois de Lothlórien furent préservés : la protection de l’anneau enrichit la terre en préservant la flore et ses habitants du temps et de la mort, créant ainsi une force contre les puissances des ténèbres. Galadriel donna l'Elessar à sa fille Celebrian, qui le confia plus tard à sa propre fille, Arwen.
« Là sont les bois de Lothlórien ! C’est la plus belle des résidences de mon peuple. Nuls arbres ne ressemblent à ceux de cette terre. Car, en automne, leurs feuilles ne tombent point mais se muent en or. Ce n’est pas avant l’arrivée du printemps et l’éclosion de la nouvelle verdure qu’elles tombent, et alors les branches sont chargées de fleurs jaunes ; et le sol du bois est tout doré, dorée est la voûte et ses piliers sont d’argent, car l’écorce des arbres est lisse et grise. [...] La Lórien n’est pas encore désertée, car il existe toujours un pouvoir secret qui tient le pays à l’abri du mal. »
Afin de combattre Sauron, elle forma avec Elrond, Círdan, d'autres seigneurs des Elfes, et les magiciens dont Saruman, Gandalf et Radagast, un conseil connu sous le nom de Conseil Blanc. Galadriel proposa Gandalf comme chef du conseil, mais Saruman le lui reprocha, arguant qu'il était celui qui avait le plus étudié les stratégies de Sauron, et Gandalf fut réticent, si bien que Saruman fut finalement choisi.
À l'époque de la Guerre de l'Anneau, Galadriel apporta son aide à la Compagnie de l'Anneau, qui séjourna en Lothlórien pendant un mois :
« Dans deux fauteuils placés contre le fût de l’arbre sous le dais d’une branche vive siégeaient côte à côte Celeborn et Galadriel. Ils se levèrent pour accueillir leurs hôtes, à la manière des Elfes, fussent-ils réputés puissants monarques. Ils étaient très grands, la Dame non moins que le Seigneur ; et ils étaient graves et beaux. Ils étaient entièrement vêtus de blanc, et les cheveux de la Dame étaient d’or foncé, et ceux du Seigneur Celeborn, longs et brillants, étaient d’argent ; mais il n’y avait en eux aucun signe de l’âge, sinon dans l’intensité de leur regard ; car leurs yeux étaient aussi pénétrants que des lances à la lumière des étoiles, et cependant profonds, puits de souvenirs enfouis. »
Elle offrit à Frodon Sacquet, le Porteur de l'Anneau, l'occasion de regarder dans son Miroir, dans lequel l'on peut voir des visions du passé, du présent et du futur. Frodon découvrit qu'elle portait Nenya et lui offrit l'Unique, mais elle résista à la tentation qui la hantait pourtant depuis longtemps :
« Vous me donnerez librement l’Anneau ! À la place du Seigneur Ténébreux, vous établirez une Reine. Et je ne serai pas ténébreuse, mais belle et terrible comme le Matin et la Nuit ! Belle comme la Mer et le Soleil et la Neige sur la Montagne ! Terrible comme la Tempête et l’Eclair ! Plus forte que les fondements de la terre. Tous m’aimeront et désespéreront !
[...] Elle se dressait devant Frodo, paraissant à présent d’une taille démesurée et d’une beauté insoutenable, terrible et digne d’adoration. Puis elle laissa retomber sa main, et la lumière s’éteignit ; elle rit soudain de nouveau, et voilà qu’elle était toute rapetissée : elle était devenue une mince femme elfe, vêtue simplement de blanc, à la voix douce et triste.
- Je soutiens l’épreuve, dit-elle. Je diminuerai, j’irai dans l’Ouest et je resterai Galadriel. »
Lorsque la Compagnie quitta la Lórien, elle offrit des présents à chacun de ses membres :
- à Frodo, la fiole de Galadriel, contenant la lumière de l'étoile d’Eärendil
- à Sam, une graine de mallorn et de la terre de la Lórien, ainsi qu’une corde elfique magique
- à Legolas, un arc des Galadhrim et un carquois
- à Gimli, trois cheveux, à la stupéfaction de tous
- à Merry et Pippin, des ceintures d’argent
- à Boromir, une ceinture d’or
- à Aragorn, un fourreau pour Andúril et un joyau vert aux vertus de guérison et de préservation
- à tous les huit, une cape elfique fermée par une broche, permettant à son détenteur de passer inaperçu aux yeux de ses ennemis, ainsi que du lembas, pain de route des Elfes
Après la destruction de l'Anneau Unique, Galadriel assista au couronnement d'Aragorn Elessar comme roi de Gondor et d'Arnor et à son mariage avec sa petite-fille Arwen, la fille de Celebrían et d'Elrond. Ayant triomphé de l'épreuve de l'anneau, elle revint aux Terres Immortelles à la fin du Troisième Âge, car le pouvoir des anneaux s'estompant, le temps des Elfes en Terre du Milieu était révolu et devait céder la place au temps des Hommes.
Et pourtant, ce fut bien en Terre du Milieu qu'elle reparut. Seulement, le temps où elle se trouvait désormais était un temps qu'elle pensait résolu. Un temps qui appartenait à sa relative jeunesse. Comprenant qu'il ne tenait plus qu'à elle d'agir, puisque sa seule présence ne pouvait qu'influencer le cours des événements, elle songea très rapidement à la souveraine qui lui avait accordé ses enseignements… et rechercha sa compagnie en même temps que ses conseils. De même, elle se promit de retrouver la Galadriel appartenant à ce temps.