Je m'appelle Rose Dewitt Bukater et je vais vous raconter mon histoire.
Je suis née le 11 juin 1895 à Philadelphie. Naissant dans la bourgeoisie, je n'ai manqué de rien dans ma vie. Tout du moins au début. Ma mère Ruth était une femme sévère et j'ai vite compris que sa propre survie comptait bien plus que mon bonheur. Mon père est décédé, nous laissant avec un nombre incalculable de dettes de jeu. Nous avons failli tout perdre. C'est pour cela que je suis revenue de l'université. J'ai su d'ailleurs à ce moment là que ma mère m'avait promise à Caledon Hockley, un bon parti qui me donnait la nausée. Je n'appréciais guère ses pensées sur notre société et son goût si prononcé pour le luxe et la richesse.
Je n'appréciais guère non plus son arrogance et son côté possessif. Je ne voulais pas l'épouser mais cette maudite société m'oppresse et m'oblige à l'épouser. La bourgeoisie...
Cependant, il y a eu le Titanic...
Le 10 avril 1912, nous avons tous les cinq embarqués sur le Titanic. Cal, ma bonne Trudy Bolt, Spicer Lovejoy, le valet de Cal et un homme que je détestais d'ailleurs ainsi que ma mère Ruth et moi. Ce paquebot de rêve soit disant qui n'était pour moi qu'un navire négrié qui me conduisait enchainée en Amérique. Nous étions en première classe. Je commençais à montrer une certaine rebellion à l'égard de ma vie et des choix qu'on me poussait à faire.
Tout commença par "Je ne vois pas pourquoi tout ce tapage, il n'a pas l'air plus grand que le Mauretania.". J'avais besoin de parler, d'exprimer mes pensées plutôt que de tout garder en moi. J'appréciais penser autrement que ma mère ainsi que Cal, je le démontrais clairement en disposant dans notre suite des oeuvres de Monet ou encore de Picasso, qui ne plaisaient guère à mon fiancé.
Les heures passent et le voyage démarre bien. Lors d'un repas au café-véranda, je m'amuse à offusquer ma mère en fumant une cigarette avant de critiquer ouvertement le président de la White Star Line, Bruce Ismay. Quand je suis sortie, c'est la première fois que mon regard a croisé celui de Jack mais ce n'est pas allé plus loin.
Puis il y a eu le repas...Ce maudit repas où j'avais tout bonnement l'impression que personne ne se soucie de moi. Que tout n'est que mondanités, ennui et monotonie. J'avais cette affreuse impression de voir ma vie entière comme si je l'avais déjà vécue. Je suis partie en courant. J'ai traversé tout le paquebot avant d'arriver au bout. Enjambant la balustrade, je voulais simplement lâcher. Tomber dans les flots et échapper à cette vie. Cette vie qui n'était pas pour moi.
Mais il y a eu Jack. Il s'est approché et c'est comme ça que tout a commencé. Même si en premier lieu, je lui ai dit de me laisser tranquille, que ça ne le concernait pas. Il est resté et quand j'ai glissé, sa main à rattrapé la mienne. Il m'a ramenée de l'autre côté de la balustrade et même si tout le monde a cru qu'il venait d'essayer de me violer, je savais parfaitement que ce n'était pas le cas et qu'il m'avait simplement sauvé la vie.
C'est pour cela que lorsque j'ai vu tout le monde contre lui, j'ai inventé une histoire. Je fais croire à tout le monde que je suis tombée en voulant voir les hélices et d'un regard, demande à Jack de confirmer mes dires. C'est ainsi que ma tentative de suicide est passée sous silence. Nous possédions désormais tous deux un secret. Cal invite Jack à venir dîner avec nous en première classe le lendemain soir pour le remercier de m'avoir sauvé la vie.
Le soir-même, Cal viens auprès de moi dans ma chambre et m'offre Le Coeur de l'Océan, un diamant rare et précieux, autrefois porté par Louis XVI. Mais pour moi, ce n'était qu'un objet beaucoup trop gros et trop lourd.
Mes pas me conduisent le lendemain à passer toute la journée avec Jack. Petit à petit, nous apprenons à faire connaissance et je comprends vite que nos deux mondes sont totalement différents. Pourtant, j'envie sa propre vie. La liberté d'aller où bon nous semble. Vivre une vie indépendante et pouvoir sortir de ce monde qui veut me faire épouser un homme que je n'aime pas...
Finalement, la conversation dévie et c'est pour cela que j'en viens à lui piquer son porte documents. J'y découvre alors ses dessins. Grande amatrice d'art que j'étais et que je demeure encore aujourd'hui, je lui fais rapidement comprendre qu'ils sont très bons, voir même excellents. Je fais comprendre à Jack qu'il sait voir les gens et suit déçu quand il me dit que je n'aurais jamais sauté. Je pensais qu'il verrait autre chose...
Tout au long de la journée, nous apprenons à faire connaissance plus en profondeur et nos relations deviennent vraiment amicales. Bien trop sans doute au regard de ma mère quand nous sommes surpris par cette dernière accompagnée de Molly Brown et la Comtesse de Rothes alors que Jack m'apprend à cracher comme un homme. Bien sûr, je comprends vite que ma mère trouve inacceptable mon attitude ainsi que la sois-disant mauvaise influence que Jack pouvait avoir sur moi et surtout du danger qu'il pouvait représenter...
Finalement, le dîner à lieu et j'y retrouve Jack. Je lui fais découvrir mon monde, lui expliquant les gestes et les attitudes à avoir à table avant de lui présenter d'autres illustres passagers de la première classe. John Jacob Astor et son épouse Madeleine, le couple le plus riche du paquebot ou encore l'industriel Benjamin Guggenheim qui se trouve avec sa maîtresse Léontine Aubert. Ou bien encore Sir Cosmo Duff Gordon et sa femme Lucille....
Etrangement, Jack s'en sortait plutôt bien entouré de toutes ces richesses...Bien sûr, c'était sans compter sur ma mère qui a rapidement montré sa froideur vis à vis de Jack. Même la légère jalousie de Cal ne semble pas affecter Jack. Ce dernier joue un jeu plus habile et reçoit l'amitié de nos amis qui lèvent même leur verre pour fêter sa venue dans notre monde...
Le dîner se conclue et Jack me propose de le rejoindre en haut du grand escalier. Il me conduit ensuite à une vraie fête. Une fête à la mode irlandaise dans l'entrepont. Enfin un peu de liberté. Je me laisse aller à mes véritables envies, dansant avec Jack, fumant, buvant, me donnant totalement en spectacle, sans me douter bien sûr que je suis surveillée par le valet de Cal.
Le lendemain lors du petit-déjeuner, je comprend vite que Cal est au courant et ce dernier s'emporte violemment. Il me menace de mettre fin au mariage si je ne reviens pas "sur le bon chemin" dirons-nous. Par la suite, je me retrouve également sermonnée par ma mère qui me fait comprendre que ce mariage arrangé avec Cal permettra d'éponger les dettes secrètes laissées par mon père. Je choisis de sacrifier mon propre bonheur pour celui de ma mère et refuse de revoir Jack. Ce dernier tente cependant de me ramener à la raison mais c'est chose vaine, tout du moins au début...
Bien vite, la monotonie de ma vie bourgeoise me fait comprendre que c'est auprès de Jack que je me sens bien. Je retrouve donc Jack à la proue du navire. Ce dernier me fait monter sur le garde-fou et me fais tendre les bras. A cet instant, j'ai l'impression que plus rien d'autre que l'océan n'existe entre nous. Tombant sous le charme du moment, nous échangeons notre premier baiser.
Je l'emmène par la suite en première classe dans ma suite pour lui demander de me dessiner entièrement nue, juste avec le Coeur de l'Océan. C'était vraiment le moment le plus érotique de toute ma vie. Il s'est exécuté bien sûr. Une fois que je me suis rhabillée, nous avons dû fuir en vitesse suite à l'arrivée de Lovejoy. On prend l'ascenseur jusqu'au dernier pont avant de le semer dans le couloir.
Nous voilà arrivés dans la chaufferie. Je suis Jack jusque dans une cale où nous y trouvons une voiture Renauld. Je l'entraîne rapidement à l'intérieur avant qu'on ne fasse l'amour pour la première fois. Après cela, on remonte sur le pont de proue où l'on s'embrasse à nouveau mais des secousses sur le paquebot nous oblige à nous séparer.
Le paquebot vient d'heurter un iceberg. Iceberg qu'on voit rapidement passer sous nos yeux. Incertains, on fini tous deux par comprendre que quelque chose de va pas et est même grave lorsque le charpentier John Hutchinson dit à Thomas Andrews et au Commandant Smith que des compartiments sont inondés.
Il fallait absolument qu'on prévienne Cal et maman. C'est pour cela que j'ai demandé à Jack de venir avec nous. Mais au moment de notre arrivée dans la suite, je remarque rapidement la présence du Capitaine d'Armes et la présence du coeur de l'Océan dans la poche de Jack lorsqu'ils le font fouiller. Je ne sais plus vraiment qui croire...Est-ce-que Jack s'était rapproché de moi uniquement pour ma classe sociale ?
Ce dernier est emmené par le Maître d'Armes tandis que je reste seule avec Cal. Il ne tarde pas à me gifler et m'insulter quand il comprend ce qu'il s'est passé avec Jack dans les heures précédant ces instants. Nous sommes cependant interrompus par un steward qui nous demande de mettre nos gilets de sauvetages et de nous rendre sur le pont...
Nous nous rendons dans le Grand Escalier mais ma mère est la seule à avoir enfilé un gilet de sauvetage. Nos pas nous font croiser ceux de Thomas Andrews, qui ne tarde pas à me faire comprendre que le Titanic va sombrer. Il me rappelle rapidement qu'il n'y a pas assez de canots et qu'ils ne pourront sauver que la moitié des passagers. C'est sur le pont suite aux remarques ironiques de Cal que je me rend compte qu'il est derrière toute cette histoire. Que c'est lui qui a orchestré l'arrestation de Jack et qu'il est innocent bien que je l'avais compris bien plus tôt...
Je devais sauver Jack. Laissant ma mère monter seule dans le canot numéro 6 en compagnie de Molly Brown, je tente de fuir avant que Cal ne m'arrête. Je ne tarde pas à lui cracher à la figure et fuit rapidement. Trouvant Monsieur Andrews, je lui demande où je peux trouver un homme arrêté par le maître d'armes. Je le retrouve rapidement dans le bureau du maître d'armes, menotté à un tuyau. Ne trouvant pas la clé, je me rend dans le couloir et court chercher une hache.
Je réussis à briser ses chaines et nous remontons tous les deux jusqu'au pont de la Troisième Classe. On y retrouve les amis de Jack, Frabicio et Tony. Nous finissons par arriver sur le pont. Cependant, à ce moment là comme je m'en doutais, la plupart des canots sont déjà partis. Le canot n°2 est encore là mais le deuxième officier Charles Lightoller ne laisse monter que les femmes et les enfants. Cela me pousse bien évidemment à ne pas vouloir monter. Jack me supplie d'embarquer dans le canot, rapidement approuvé par Cal qui nous rejoint.
Cal me ment et m'explique avoir un arrangement avec un officier et qu'il peut en faire profiter Jack. Je me résous alors à monter dans le canot. Cependant, lorsque ce dernier est affalé, je perçois le regard de Jack et comprends que Cal m'a menti. Je décide de remonter à bord du paquebot par une fenêtre du pont A et retrouve Jack dans le Grand Escalier. Nous voilà poursuivi par Cal qui a volé l'arme de Lovejoy. On réussis à lui échapper mais l'on se retrouve malheureusement dans les couloirs envahis par des torrents d'eaux mais malgré que l'on soit emportés, l'ont fini par s'en sortir.
Remontant, notre chemin croise celui de Thomas Andrews dans le salon-fumoir. Ce dernier me fait comprendre qu'il a choisi de sombrer avec "son" navire. Il me donne son gilet que j'enfile rapidement. Nous nous rendons tous deux à la poupe du navire, suivant tous ceux qui n'ont pas pu monter sur des canots. Le navire finit par se briser en deux. La première partie coule. Puis la seconde. Nous sommes emportés pendant quelques instants sous les flots avant de refaire surface.
Grâce à mon gilet, j'ai pu remonter sans trop de difficultés mais c'est plus compliqué pour Jack qui réussi néanmoins à remonter à son tour. Jack trouve un morceau du grand escalier et me fait monter dessus avant de choisir de rester dans l'eau. Le temps passe. Tout commence à devenir silencieux tandis que les canots ne reviennent pas et que beaucoup de passagers meurent de froids dans les flots. Nos chances de survies devenant incertaines, Jack me fait promettre de tout faire pour m'en sortir et mourir vieille et âgée dans mon lit, bien au chaud.
Finalement, un canot finit par revenir. Trop tard malheureusement. Une étendue de cadavres se trouvaient désormais dans les flots. Lorsque je l'aperçois, j'en préviens Jack mais il ne répond pas. J'insiste et comprend qu'il est trop tard. En premier lieu, je décide de rester auprès de lui mais me souvenant de ma promesse, je lui assure que je n'abandonnerais jamais. Je laisse couler le corps de Jack et grâce au sifflet de l'officier Henry Wilde, j'attire l'attention du canot. Je passe la nuit emmitouflée dans une couverture, incapable de bouger et de me remettre de la mort de Jack.
Au matin, nous sommes retrouvés et secourus par le Carpathia qui nous ramène en Amérique. Je choisis de rester en troisième classe et me cache lorsque je remarque Cal qui me recherche. A notre arrivée à New-York, le steward dressant la liste des rescapés me demande mon nom. Observant la Statue de la Liberté, je lui réponds "Dawson. Rose Dawson" car mon coeur appartiendrais toujours à Jack. J'étais enfin libre de mon passé. Rose Dewitt Bukater est morte cette nuit là sur le Titanic.
Après le naufrage, je choisis de devenir actrice. Voyageant à Santa-Monica ou encore Monterey, des endroits où Jack s'était rendu. Je rencontre et épouse par la suite Monsieur Calvert même si mon coeur ne battait pas en entièreté pour lui. Nous nous installons à Cedar Rapids où nous devenons parents de deux enfants. Finalement, les années passent et la vieillesse arrive.
Je vis seule désormais avec ma petite fille Lizzy, mon chien, mes poissons et mes photos. Ayant désormais beaucoup de mal à marcher, je suis désormais munie d'une canne ou souvent d'un fauteuil roulant. Tout pourrait s'arrêter là mais le 11 mai 1996, j'ai vu le chercheur d'or Brock Lovett à la télévision qui cherchait le Coeur de l'Océan. Sur l'écran apparaît alors le dessin de Jack qu'il a fait de moi la nuit du naufrage. Je décide de contacter ce dernier avant de le rejoindre sur le Keldysh, son navire de recherches.
J'y retrouve le dessin parfaitement conservé, et beaucoup d'autres objets qui m'avaient appartenus. Mon regard se pose sur les images filmées du navire, ce qui s'avère dure à vivre étant donné les nombreux souvenirs qui se répercutent dans ma tête. Cependant, ce voyage était pour moi le moyen de me libérer de ce si grand secret. Toute mon expérience à bord du Titanic et partager l'existence de Jack.
Pour me libérer de ce fardeau, je choisis donc de raconter toute l'intégralité de mon histoire, et ce durant trois jours. N'ayant rien omis, je me rends tard sur la poupe du bateau comme je l'avais fait 84 ans plus tôt sur le Titanic, avant de jeter à l'océan le Coeur de l'Océan pour enfin me libérer de ce second fardeau. Car oui, Cal avait glissé le coeur dans la poche du manteau et me l'avait donné avant le naufrage.
Cependant, alors que je me rendais vers ma cabine pour mon dernier sommeil, une porte est apparue et mes pas m'ont menés à la traverser. Lorsque je me suis rendue compte que je me trouvais à la Nouvelle-Orléans, j'ai tenté de comprendre ce qu'il s'était passé et lorsque j'ai aperçu mon reflet dans le miroir, j'ai compris que quelque chose d'incroyable s'était produit. Quelque chose qui allait au delà de ce que je pouvais connaître... Une seconde chance ? Peut être bien.