Playing with your mind | Clarice

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@(Dr.) Hannibal Lecter & @(Ag.) Clarice Starling

TW : MANIPULATION PSYCHOLOGIQUE - SEXUALITE EXPLICITE.

Combien de fois avait-il rêvé à ces douces étreintes, ces harmonieuses communion du corps qui viendrait confirmer cette compatibilité d’esprit qu’il avait observée et ressentie à l’instant même où son regard s’était posé pour la première fois sur cette jeune envoyée de Crawford, qui d’un mot et d’un regard, lui avait offert de comprendre combien il la chérirait comme il n’avait jamais chéri personne ? L’attente nourrit le fantasme, et le fantasme peut s’en retrouver déçu. Pas avec elle. Jamais avec elle. Ces étreintes délicieuses ont été le début et la fin de tout. Il les avait si bien et si mal anticipé en même temps, car rien ne pouvait le préparer réellement à ces délices charnels qu’elle pouvait être seule à savoir lui faire apprécier dans une intensité telle qu’Hannibal n’a pas tardé à sacraliser cet instant à ce qu’il estime être la juste mesure de ce dernier. Avec une douceur et une lenteur dévote, il avait sculpté de ses doigts contre sa chair les formes voluptueuses d’un corps qu’il s’était si souvent plu à imaginer nue. La perfection de Clarice ne s’est jamais réduite à sa seule plastique, elle est unique en tant d’endroits et par tant d’aspects qu’en énumérer la longue liste exigeraient des heures d’un temps infini. Il a apprécié sa chaleur, gardé en mémoire la mélodieuse symphonie de ses soupirs et gémissements, qui vaudront tous les opéras les plus sensibles et justes, toutes les œuvres orchestrales composées par les grands génies de ce siècle et du précédent. Il l’a aimée comme il a toujours voulu l’aimer… Et elle l’a aimée en retour, il le sait.

Elle n’était pas tout à fait elle-même, c’est vrai, mais elle ne l’était pas dans le but qu’elle le redevienne. L’esprit dénaturé pour se confronter à sa propre nature, il est convaincu de n’avoir pas pour autant forcé son désir pour lui. Elle l’a voulu autant qu’il l’a voulu, et le temps de cette communion intense des corps et des esprits, le temps s’était arrêté, et plus rien n’avait existé. Le reste, devenu accessoire, ne pouvait plus avoir d’incidence sur leur vie et leur mode de pensée. Elle était elle, il était lui. Il était elle et elle était lui, fondus en un seul même être, les créatures d’Aristophane revenues à leur état initial.

Clarice, à présent, doit se demander si tout ceci n’a été qu’un fantasme élaboré par son esprit troublé, ou bien si ces chaudes étreintes ont effectivement eu lieu. C’est à présent qu’Hannibal peut intervenir, lever ou entretenir le doute en fonction de ses propres aspirations… Et ces dernières sont déjà toutes décidées. Il sait précisément de quelle manière il veut orienter cette nouvelle séance, et c’est pour cette raison qu’il a décidé qu’elle se déroule dans un cadre différent, plus intimiste dira-t-on, moins impersonnel. C’est chez lui, en effet, dans l’espace confortable, élégant et moderne de son très grand appartement situé dans les chics quartiers français de La Nouvelle-Orléans, qu’il a décidé d’inviter Clarice, pour une nouvelle thérapie, qu’elle a estimé urgente après que, semble-t-il, quelques considérations troublantes aient accaparé son esprit. Un souvenir dont elle n’est pas tout à fait sûre qu’il se soit agi d’un souvenir.

« Mademoiselle Starling », l’accueille Hannibal avec aux lèvres ce sourire poli qui lui sied à ravir, alors qu’il ouvre plus grand la porte pour la laisser entrer. « J’espère que vous ne m’en voudrez pas de vous accueillir chez moi, nous effectuons quelques menus travaux au sein du cabinet, j’estimais que nous serions plus à notre aise ici », ment-il avec une décontraction remarquable. Elle n’interrogera pas ses raisons quoi qu’il en soit, il le devine aisément à sa posture délicieusement maladroite. Pas qu’elle le soit de nature, bien sûr, mais en cet instant, elle ne doit probablement pas savoir sur quel pied danser avec lui, et Hannibal n’a guère l’intention de lui faciliter la tâche. Au contraire, il compte bien se jouer autant de sa mémoire défaillante que de ses convictions vacillantes… Même si ce dont l’esprit peine à se remémorer, le corps en conserve généralement une redoutable mémoire, qu’il est toujours des plus plaisants de mettre à l’épreuve. « Vous sembliez agitée au téléphone, je reconnais m’être inquiété », dit-il en l’invitant à rejoindre son grand salon à la décoration design et minimaliste, des tons sombres et pourtant chaleureux, un espace lumineux encouragé par de grandes baies vitrées qui réchauffent de leur lumière un espace parfaitement agencé, révélateur du goût raffiné de son propriétaire. Chez Hannibal Lecter, rien, absolument rien, n’est jamais laissé au hasard. Tout est toujours réfléchi et minutieusement calculé, sans la moindre exception. Comme dans tous les aspects de sa vie, somme toute. « Je vous en prie », complète-t-il en l’invitant à prendre place sur un fauteuil. « Dites-m’en plus. »

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@(Dr.) Hannibal Lecter & @(Ag.) Clarice M. Starling

JUIN 2023. BUREAU DU DOCTEUR LECTER, DANS SA MAISON. VIEUX CARRE FRANÇAIS. NOUVELLE-ORLÉANS. LOUISIANE. (USA). UNE SEMAINE APRÈS LA PREMIÈRE SÉANCE D’HYPNOSE.

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Clarice Starling franchit le seuil de l'appartement somptueux d'Hannibal Lecter, avec le myocarde battant comme un cheval fou. L'air est différent ici, plus lourd que dans son cabinet, et parfumé. Elle a accepté cette rencontre, même si une partie de son esprit hésite encore, redoutant les souvenirs qui dansent aux limites de sa conscience. Lecter lui ouvre la porte, fidèle à lui-même. « Bonjour, docteur Lecter. » s’annonce-t-elle en lui offrant un sourire maladroit. Clarice est une brebis dans l’enclos de Lecter. Son cœur bat plus fort que tout, ses jambes tremblent en déambulant dans les couloirs de l’appartement moderne, très luxueux, du thérapeute. « Je vous remercie d’avoir pris le temps de me recevoir après mon dernier appel. » Un appel qu’elle confesse… avoir été totalement déraisonné. Clarice l’a regretté à l’instant même où elle a raccroché le combiné. Comment a-t-elle ainsi pu l’appeler en détresse, en plein trouble ? Elle a fait une crise, ce soir-là. Elle l’a appelé, dès le lendemain de leur dernière séance. Cela fait une semaine maintenant. Elle l’a appelé… pour se rassurer. Juste pour le plaisir d’entendre sa voix rauque et intelligente derrière le téléphone, parasitée par la distance. Clarice voulait l’entendre et se faire une idée… de ce qu’elle croyait s’être réellement passé au cours de leur dernière séance de thérapie. Habillée d’un petit tailleur-jupe foncé, la jeune femme se montre docile devant le loup. Elle jette un coup d'œil furtif à Hannibal, son sourire poli et son attitude courtoise dissimulant des profondeurs qu'elle ignore être traîtres. Ses doigts frôlent timidement le tissu de sa blouse colorée, une habitude nerveuse qu'elle ne peut pas tout à fait réprimer. Elle était agitée quand elle l'a appelé, un tourbillon de confusion à l'intérieur de son esprit. Mais maintenant, face à lui dans ce cadre intime, son agitation prend de nouvelles dimensions.

Alors qu'Hannibal la guide plus loin dans l'appartement, elle ne peut s'empêcher de détailler ce nouvel environnement. La simplicité élégante de l'espace ne fait qu'accentuer son sentiment de vulnérabilité. C'est comme si chaque pièce du riche mobilier soigneusement choisi, chaque couleur, avait pour but de créer une atmosphère pour la déstabiliser. C’est la première fois qu’elle pénètre dans « son antre ». La première fois… qu’elle découvre l’appartement du docteur Lecter. Il est à son image. « Votre appartement est magnifique, docteur Lecter. » confesse-t-elle, beaucoup trop spontanément. « Si je puis me permettre une indiscrétion. » se corrige-t-elle presque aussitôt. Clarice se maudit pour son indiscrétion. Elle aimerait ne pas s’enthousiasmer du fait de découvrir l’endroit où il vit au quotidien. L’endroit où il dort… Elle ne peut brider sa curiosité malsaine, encore moins après ce qu’elle pense s’être passé entre eux. Le souvenir brûlant de leurs étreintes charnelles… dans son cabinet en plein centre. Leurs corps entrelacés, leurs gémissements étouffés, leurs soupirs partagés et leurs souffles entremêlés ont produits en elle un véritable désordre mental. Les images lui reviennent à l’esprit, lorsque Lecter se tourne vers elle, et alors, Clarice retient sa respiration pour s’empêcher de rougir. C’était un rêve… Juste un rêve. Un rêve si beau, si puissant, si libérateur. Jamais Lecter n’aurait rompu ses principes, insulté la déontologie pour se vautrer dans son propre canapé avec l’une de ses patientes. Clarice lui fait confiance. Elle l’a érigé sur un piédestal assez rapidement, persuadée qu’il ne lui veut que du bien.

Lorsqu’il la tire de ses pensées, Clarice porte une attention particulière à sa voix, doucement veloutée. Elle lève les yeux pour rencontrer les siens, si intenses et concentrés, comme s'ils contenaient des secrets qu'il était seul à connaître. Il lui explique les raisons de sa présence dans son appartement en ville. Il s’en excuse même. Quel homme poli et bien attentionné. Clarice est séduite, quoiqu’elle veuille bien se dire pour induire le plus de distance physique et émotionnelle entre eux. « Tout va bien. Ne vous en faites pas, docteur Lecter. J'apprécie votre flexibilité. » Clarice parvient à esquisser un faible sourire, en luttant pour trouver une voix neutre, et non tremblante. « C’est le signe d’un grand professionnalisme. » Elle émet des doutes. Est-ce qu’il se souvient de ce qu’il y a eu entre eux ? Il n’a pas l’air de vouloir y faire référence… Il n’a pas l’air de savoir non plus ce qui la tourmente. Elle-même ne garde que des souvenirs flous et imprécis de cette maudite journée. On l’a droguée à son insu. Elle n’a toujours pas compris le jeu du docteur Lecter, elle ne sait pas non plus c’est lui qui l’a droguée dans le thé pour abuser de son esprit. Clarice se dit alors, qu’au vu de sa réaction polie et distante, qu’elle a tout halluciné. Ils n’ont jamais couché ensemble dans son cabinet. Ses yeux le balayent, son esprit est plein d'images qui semblent à la fois vives et insaisissables. Leurs rencontres ont laissé des marques indélébiles dans sa psyché.

Alors qu'elle s'installe dans la chaise qu'il lui indique, son esprit manque d’exploser. Les sensations lui sont familières, la chaleur de son toucher, le rythme de sa voix, mais elles semblent aussi être des fragments d'un rêve, glissant entre ses doigts lorsqu'elle veut les saisir. Il lui demande de tout lui raconter, et insiste lourdement sur l’agitation qu’il a décelé dans sa voix, au téléphone. La voix de Lecter est un murmure bas qui semble l'envelopper comme une caresse. Il s’est inquiété… Son cœur se serre douloureusement à cette pensée. Lecter s’est inquiété pour elle… Clarice est touchée par sa bienveillance. Son nom sur ses lèvres envoie des frissons dans le dos. « Je… » Sa voix vacille et elle ferme les yeux, dans l’espoir de retrouver son calme, avant de reprendre la parole, d’une voix plus maîtrisée, cette fois. Clarice se sent fortement intimidée et honteuse. Honteuse de devoir lui annoncer ce qui la tourmente. Ces fragments de souvenirs brûlants, passionnés… Elle a honte, craignant de se ridiculiser devant lui, que tout ne soit que dans sa tête. « Je ne sais pas quoi en penser. C'est comme si je me trouvais dans un labyrinthe, en essayant de rassembler les fragments d'un puzzle... incohérent. » La vérité la hante… Clarice ferme les yeux brièvement, en voulant évacuer les émotions tourbillonnantes en elle. La vérité est une épée à double tranchant, elle est capable de la libérer de ses chaînes, mais aussi de briser l'équilibre délicat qu'elle a réussi à maintenir. « Vous avez dit que vous vouliez m'aider. » murmure-t-elle, ses doigts agrippant l'accoudoir de la chaise d’un mouvement désespéré. « Comprendre. »

Quand elle rouvre les yeux, Hannibal la regarde toujours, son regard inflexible mais étrangement rassurant. Et en cet instant, au milieu de la tourmente des souvenirs et des désirs, Clarice Starling fait un choix. Elle se confronte à ses doutes, peu importent les risques. Prenant une grande inspiration, elle rencontre son regard miellé avec une détermination nouvelle. « D'accord. Commençons. Je vous dirais tout, mais sachez une chose avant cela… Je me sens coupable de vous infliger ces confessions. » Terriblement coupable. « Je me sens coupable pour… ce qu’il s’est passé ou ce qu’il ne s’est pas passé… entre nous. » Elle marque une pause, ses mains tremblent de plus en plus, lorsqu’elle déroule son discours. « Je me sens vraiment confuse, docteur Lecter. J’ai l’impression qu’il s’est passé quelque chose… Le jour de la première séance sous hypnose. Depuis… Je garde des souvenirs très flous. Je me souviens que vous m’avez endormie et… de certaines choses… qui se sont passées entre… vous et moi. Des choses… intimes. J’ai ces souvenirs très vifs à l’esprit… dans lesquelles nous aurions, vous et moi, eu un rapprochement dans votre cabinet, ce jour-là. C’est embarrassant. Je ne vous les décrirais que si vous insistez. Sachez juste que nous sommes allés… jusqu’au bout. » Clarice espère qu’il comprendra. « J’ai besoin de savoir maintenant ce qu’il s’est vraiment passé, docteur. S’il vous plaît. Est-ce que c’était vrai ? Vous vous comportez comme s’il ne s’était rien passé entre nous, comme si rien n’avait changé, mais d’où me viennent ces souvenirs ? » Elle plaide. Clarice plonge son regard noisette dans le sien, en cherchant une lueur de compréhension, ou de complicité. « Je me sens groggy. Je ne dors plus correctement depuis une semaine. Je suis hantée par ces réminiscences, ces rêves… quoique ce soit. Vous êtes partout… Je vous vois… partout. Je vous vois lorsque je dors, lorsque je mange… » Lorsqu’elle est sous la douche, aussi. Quoiqu’elle fasse, il est partout.

« Croyez-vous que je sois en train de développer… des sentiments pour vous ? Ou du moins, un début d’attirance. Suite à cet épisode ? Je crains d’avoir tout imaginé. Qu’est-ce que c’est, docteur Lecter ? » Des fantasmes. Clarice pense très fort à ce mot, mais elle veut l’entendre de sa bouche. « J’ai envie de croire que ce n’était pas un rêve. C’était si réel… J’ai encore… votre parfum sur la peau. » Clarice l’a dit. Mot pour mot. Elle ferme les yeux en terminant sa phrase, dite dans un souffle tremblant. L’esprit oublie peut-être, mais le corps n’oublie jamais. Il garde un trace indélébile du passage d’un corps, d’une caresse, d’un simple baiser… « Alors, dites-le-moi honnêtement. Je suis adulte. Je peux tout entendre. Est-ce que nous avons bien… fait l’amour, ce jour-là ? Ou bien est-ce… moi qui… ai imaginé toutes ces choses, pour j’ignore quelle raison grotesque ? Je ne suis pas une obsédée de l’amour, docteur Lecter. Je sais garder mes distances. Je vous le jure. J’ai très à cœur le respect des règles et de la déontologie, toute profession confondue. Si j’ai eu un comportement inapproprié à votre encontre… et que vous le regrettez… Ce qui serait d’ailleurs la raison pour laquelle vous prétendriez qu’il ne s’est rien passé… Je m’en excuse profondément. Il faut que je sache, si c’était réel ou dans mon… imaginaire. » C’est un très bel homme, il a forcément reçu des avances de ses patientes. Clarice est écœurée à cette pensée. Elle refuse d’être comme toutes ces femmes désespérées, en mal d’amour, qui s’éprennent de leur thérapeute, car ce dernier est la seule personne qui leur accorde de l’affection. « Et pourquoi. Pourquoi, docteur Lecter. Pourquoi, si l’origine de ces flashs se trouve dans mon imaginaire… Pourquoi maintenant ? Pourquoi éprouverais-je le besoin de vous imaginer… dans cette position, avec moi ? » Sa détresse est sincère, profondément touchante. Elle ose soutenir son regard, sans ciller, pour l’encourager à faire preuve de transparence. « J’ai beaucoup de respect pour vous. Je ne peux pas croire que je puisse… être désespérée à ce point. Je n'ai jamais eu ce pensées pour personne… sans qu’il ne se soit réellement passé quelque chose. »

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@(Dr.) Hannibal Lecter & @"(Ag.) Clarice Starling"

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« Ne me remerciez pas de ce qui n’est autre que naturel. Je trouverai toujours du temps pour vous, Clarice. »

C’est la vérité, c’est entièrement sincère. Peu importe le temps écoulé et les circonstances, rien n’y changera. Il prendra toujours le temps de répondre à ses appels, qu’ils aient vocation à apaiser sa conscience, la malmener ou la distraire. Clarice Starling concentre la moindre de ses attentions, elle est au cœur même de la moindre de ses considérations. Pour cette raison et pour tant d’autres, au nom de ce que son cœur ne sait exprimer qu’en sa seule compagnie, il fera toujours d’elle son unique et remarquable priorité, à aucune autre comparable. Sans ajouter un mot de plus, il l’invite à découvrir son appartement, appréciant l’attention que Clarice sait accorder à chaque détail, sans exception. Une fine esquisse de sourire étire ses lèvres alors qu’elle commente la tenue et la beauté de son appartement. Tout y a été décidé et disposé avec soin… Hannibal possède un véritable souci du détail. Rien, jamais, en ce qui le concerne, n’est laissé entre les mains du hasard – c’est une chose qu’il ne tolérerait pas. Il la remercie d’un simple sourire, sans lui reprocher un seul instant une indiscrétion qui n’a été rien d’autre que d’une très agréable politesse.

Il s’exprime le moins possible, du moins pour le moment. Il veut donner à Clarice la possibilité de s’exprimer comme bon lui semblera, de la manière qu’il estimera la plus satisfaisante. Elle s’exprime en images, en métaphores tout à fait évocatrices et parlantes, comme au moment de parler de cette sensation qu’est la sienne de se trouver dans un labyrinthe, ou face à un puzzle dont elle ne serait pas capable d’associer les pièces afin d’obtenir un dessin cohérent. Les métaphores, comme les symboles, ont toujours eu la faveur du psychiatre, et il ne sait, tout naturellement, qu’apprécier sa manière de formuler les choses, de la même manière qu’il apprécie son trouble et son égarement, puisque l’un et l’autre lui permettront d’obtenir très précisément ce qu’il désire.

C’est une fois qu’ils sont confortablement installés, tous deux, dans son salon, que Clarice daigne s’exprimer plus longuement au sujet de ce qu’elle ressent, de ce qu’elle éprouve, de ce qu’elle sait appréhender, et de ce qu’elle n’est pas en mesure de véritablement comprendre, quand bien même elle s’y efforce, autant qu’elle le peut, de toutes ses forces. Elle évoque, bien sûr, la séance sous hypnose, son souvenir confus de sensations exceptionnelles, ces choses intimes qu’elle les soupçonne très fortes d’avoir faites, ces souvenirs incompréhensibles… Il sait que deux options pourraient se présenter à lui, à présent. Décider de prétendre que rien ne s’est passé, ou admettre la réalité à demi… Sur ce point, le psychiatre a déjà fait son choix. Elle s’exprime sans détour sur ces réminiscences, elle le fait sans détour, et elle est exceptionnellement attirante quand elle cherche à dénouer cette information, à comprendre à quoi, à qui elle peut encore se fier. A lui ? Certainement pas, mais elle a la pureté de cœur de se sentir responsable d’une situation qu’il a pourtant provoquée. Elle devrait être affligée à l’idée même qu’il ait pu abuser de ses compétences et de son ascendant pour la posséder, mais elle ne présente pas les choses de la sorte : au contraire même, au moment d’évoquer leurs ébats, elle ne lui demande pas s’ils ont couché ensemble. Elle lui demande s’ils ont fait l’amour… Le choix de ces mots n’a rien d’anodin. Oh, il y a tant de sensualité dans la détresse de Clarice ! Elle n’en est que d’autant plus irrésistible aux yeux du psychiatre qui n’avait guère besoin de cela pour être déjà proprement envouté par la seule présence de la sublime jeune femme.

« Pour commencer, vous n’avez à vous excusez d’aucun de vos fantasmes, cela ne fait pas de vous quelqu’un d’instable, d’impardonnable, et cela ne doit en rien favoriser votre honte. » Il marque une pause. « Vous êtes une femme magnifique, Clarice, je devrais être aveugle pour ne pas vous désirer. » Il marque une pause. « Mais pour rien au monde je ne me permettrais de franchir des limites que vous ne m’autoriseriez à franchir, quand bien même… ma propre imagination a été nettement bouleversée par notre rencontre, je l’admets. » Ce n’est pas entièrement faux. Mais leur rencontre remonte à bien plus loin qu’elle ne l’imagine. « La confusion entre souvenirs et réalité n’a rien d’exceptionnelle ni de grave, dans le cadre de votre thérapie. Progressivement, vous saurez plus clairement faire cette essentielle différence. » Il marque une pause. « Je vous remercie d’avoir trouvé le courage de m’en parler, et de me faire suffisamment confiance pour aborder ces sujets librement, c’est essentiel. » Il marque une pause. « Accepteriez-vous de me parler plus en détails de ces « souvenirs » ? »

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@(Dr.) Hannibal Lecter & @(Ag.) Clarice M. Starling

JUIN 2023. BUREAU DU DOCTEUR LECTER, DANS SA MAISON. VIEUX CARRE FRANÇAIS. NOUVELLE-ORLÉANS. LOUISIANE. (USA). UNE SEMAINE APRÈS LA PREMIÈRE SÉANCE D’HYPNOSE.

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Toujours assise dans l'opulent appartement de Hannibal, ses émotions et ses pensées s’agitent dans un capharnaüm désespéré. Elle est extrêmement consciente de l’aura dangereuse de l'homme qui se tient à ses côtés, un ami qui ne lui veut pas que du bien, chaque mot et chaque action semblent la tirer davantage dans sa toile diabolique. Clarice tremble, agitée par ce qu’elle pense être vrai, et ce qui ne l’est pas. Il donne un air rassurant, apparemment pas offensé le moins du monde par ses sous-entendus explicites. Il ne répond pas à ses craintes, puisqu’il ne lui fournit ni confirmation ni infirmation de ce qu’il y a réellement eu entre eux. Lecter ne fait que se montrer extrêmement vague, avouant toutefois qu’elle aussi, lui a laissé un souvenir marquant. « Qu’entendez-vous exactement par votre imagination s’est trouvée nettement bouleversée par notre rencontre ? Dois-je croire que vous attendriez quelque chose de moi qui dépasse le cadre de ces séances ? » Clarice est comme en apnée. Est-ce son attirance, si peu déontologique, comporte une réciprocité ? Les paroles de Hannibal ont un pouvoir dangereux sur elle, à la fois perturbant et apaisant. Sa promesse de toujours trouver du temps pour elle, de la prioriser parmi tous ses patients, crée en elle une sensation de manque, de co-dépendance. Alors qu'une partie d’elle se délecte de l'attention, une autre, en revanche, remet en question la sincérité de ses intentions. Clarice ressent son étrange double nature, c’est cette dualité qui la maintient perpétuellement sur le qui-vive. « J’apprécie votre sincérité, docteur Lecter. J’apprécie surtout de savoir que vous ne feriez jamais rien… que je ne vous aurais pas autorisé. » Pendant leur conversation, Clarice ne peut s'empêcher de remarquer le soin méticuleux qu'Hannibal a apporté à la décoration de son appartement. Tout est soigneusement agencé, reflétant son attention méticuleuse aux détails. On dirait qu'il a créé un monde qui lui ressemble à l'intérieur de ces murs, un monde sur lequel il exerce un contrôle total. Cela la fascine autant que cela l'effraie. Le silence de Hannibal est aussi puissant que ses paroles. Il lui permet de parler, de s'exprimer, de révéler ses pensées les plus intimes, et elle se surprend à s'ouvrir volontiers à lui. La façon dont il l'écoute, son attention inébranlable, est perturbante. Clarice ressent une inquiétude sincère de sa part, ce qui la pousse à se livrer les yeux fermés, sans craindre un jugement.

Alors que Clarice explore les souvenirs de sa séance d'hypnothérapie, elle se sent vulnérable et exposée. La confusion entre la réalité et le souvenir pèse lourd sur elle. Clarice est partagée entre le désir de faire confiance à Hannibal et la crainte qu'il ait profité de sa vulnérabilité pendant cette séance. Le mot « amour » a franchi ses lèvres très rapidement, un mot qui porte en lui un sens profond, et elle ne peut s'empêcher de se demander s’il s’agit vraiment d’un ressenti ou bien d’une idée implantée dans son esprit troublé par le docteur Lecter. « Docteur, vous me dites que je ne devrais éprouver aucune honte pour ces… fantasmes, mais j’en ai honte. Je ne devrais pas penser à vous de cette manière. C’est contre-productif. » cingle Clarice, qui cherche à agir pour le mieux, quitte à se priver de son propre bonheur. La réponse de Hannibal est un mélange magistral de réconfort et de tentation. Il reconnaît ses fantasmes sans jugement, en reconnaissant sa beauté et son désir. Il prétend que sa propre imagination a été perturbée par leur rencontre, une déclaration qui la laisse avec plus de questions que de réponses. « J’ai le sentiment de trahir votre confiance en laissant mon esprit vagabonder… vers ce qui ne doit jamais être entre nous. » Jamais. Clarice met un point d’honneur à respecter les règles, la déontologie médicale surtout. « Je comprendrais que vous ne désiriez plus me suivre en thérapie, et que vous préféreriez me recommander à un confrère, pour ne pas vous sentir… gêné de me recevoir après aujourd’hui. Je le comprendrais et je ne vous en voudrais pas. Je trouverais même cela normal. » Ce qu’elle ne lui dit pas, c’est à quel point cette idée lui ferait mal au cœur. « Vous voulez vraiment savoir ? » s’étonne Clarice, de plus en plus nerveuse. L'invitation du psychiatre à en dire plus sur ses souvenirs la laisse dans un état d'indécision. Une partie d'elle brûle de se confier à lui, de rechercher sa guidance et sa compréhension. Une autre partie la met en garde contre le fait de révéler trop, de s'embourber davantage dans le sordide et le cliché de l’amour éprouvé par une patiente pour son thérapeute. « Vous êtes quelqu’un d’honnête, docteur Lecter. Je me sens coupable de pervertir nos rapports. » Sa voix tremble légèrement, et elle se sent vulnérable en dévoilant ses pensées. Elle fixe son regard sur Hannibal, cherchant des réponses dans ses yeux perçants. « Je m’en voudrais de vous troubler davantage, mais… » Mais elle en a besoin. Clarice se pince les lèvres. Elle pèse le pour et le contre. « Très bien. » lâche-t-elle dans un soupir résigné.

« Ces souvenirs, docteur Lecter, ils sont confus, comme des éclats de rêves. Je ne sais pas si je dois leur faire confiance ou bien les considérer comme des illusions. Et quand j'ai dit ‘faire l'amour,' je... Je ne sais pas si c'est ce qui s'est réellement passé ou si c'était une suggestion de mon esprit perturbé, mais… Docteur Lecter, cette scène s’est produite au cours de notre séance de la semaine dernière. C’était la première fois. J’étais assise sur le canapé dans votre bureau… Je terminais ma tisane. Vous… Vous vous êtes approché. Vous m’avez interrogé sur mes traumatismes et mes cauchemars. Je ne me souviens pas exactement de ce que je vous ai répondu, mais je me souviens pourtant vous avoir confessé vous trouver un certain charisme et… » Clarice se sent rougir, fortement même. « Vous vous êtes approché par derrière, vos mains sur mes épaules, et votre souffle dans mon cou… J’ai frissonné. Vous m’avez demandé si je vous trouvais grossier… Je vous ai demandé de m’embrasser dans le cou. Vos mains… ont pris le relais pour tirer mes vêtements et vous laisser m’embrasser toujours plus intimement, pour me toucher… Vous avez pris votre temps à me découvrir, comme si j’étais… un diamant dans un écrin. Lorsque vous m’avez rejointe sur le canapé, nous sommes embrassés, cela me semblait si naturel… Si bon, si libérateur… J’en ai adoré chaque seconde. J’ai honte de vous le confier, mais je n’avais jamais… éprouvé ces émotions pour quelqu’un. On s’est déshabillés et on a… on a fait l’amour sur votre canapé. C’était… bon… Long, intense et passionné. Tout en sensualité. Je n’avais jamais fait l’amour de cette manière. Vous étiez l’amant parfait, prévenant et extrêmement bienveillant. Vous avez fait passer mon plaisir avant tout le reste, même avant le vôtre… Je caressais vos cheveux… pendant que nous le faisions. Vous m’embrassiez le cou, la mâchoire… Vos mains étaient sur ma… sur ma poitrine. Nue. J’étais nue, complètement nue. J’ai ce souvenir imprégné en moi, docteur Lecter, quoique je fasse. Cette image de votre corps… de votre torse nu… Je pourrais même vous décrire les endroits de votre buste où vous possédez une certaine… »

Clarice s’interrompt, incapable de le regarder dans les yeux après ça. Mais elle doit aller au bout, pour le bien de la thérapie. Le docteur Lecter lui a demandé d’être plus précise sur ses souvenirs. Il peut l’aider, elle le sait. Clarice doit simplement réussir à dépasser sa pudeur de puritaine. « … pilosité. » Elle détourne le visage et se passe la main dans les cheveux, tremblante. « Pardonnez-moi. Je suis confuse. » Il lui faut un moment pour s’en remettre et oser croiser le regard d’ambre du thérapeute. « Je me souviens avoir regretté… que les choses se terminent. J’aurais voulu rester dans vos bras encore plusieurs heures… Que rien ne vienne troubler notre tranquillité. On était heureux. J’étais heureuse. J’éprouvais un sentiment de béatitude, de libération… Je n’avais plus honte de rien, ou peur de paraître ridicule, puisque dans vos bras, j’avais le sentiment d’être une déesse. Vous me rassuriez, vous me disiez à quel point j’étais unique… votre âme-sœur. Vous me disiez que vous n’aviez jamais aimé qui que ce soit comme vous m’aimiez. J’étais… envahie par votre amour, par votre désir… Flattée… » Elle baisse les yeux, se mordillant légèrement sa lèvre inférieure, avant de reprendre, cherchant des réponses et une certaine clarté dans cette obscurité troublante. « Je me sens perdue. » admet-elle, défaite, en relâchant les muscles de ses épaules, tout en s’enfonçant dans le siège confortable. « Auriez-vous encore de la tisane ? Mes nerfs en ont besoin… » La tisane lui donnera du courage, elle le sait. La dernière fois aussi, elle s’est sentie prise d’une montée d’adrénaline, de confiance et de courage. C’est du courage en bouteille. (non c’est juste de la drogue)

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