Sing the song ∣ ft. Ariel

( Sing the song )

Attrapant ma brosse, je tente de démêler cette crinière blonde qui me sert de chevelure. Soupirant, je finis par attraper une pince et les attachent en quelque chose de potentiellement correct. Me tournant sur ma chaise, je regarde mon appartement. Bordélique peut être un peu. mon regard se pose sur mon journal intime, seul symbole de ma vie passée. Mes pas me mènent jusqu’à lui alors que je m’installe en tailleur sur mon lit. Je passe mon index sur la couverture rose devenue rugueuse. Finalement je me décide à l’ouvrir. Je parcours les quelques pages que j’ai écrites et un léger sourire perle sur mes lèvres.

Les pages refermées, je pose le carnet sur ma table de chevet.

« Allez Donna, il serait temps de se préparer ! » énonçais-je à ma propre intention.

Ouvrant le placard de ma garde robe, j’en sors un jean, un chemisier ample couleur pourpre et une paire de baskets en toile. Finalement, je retire la pince et laisse ma chevelure blonde vaquer à ses occupations. Attrapant mon portable, je le laisse tomber dans mon sac bandoulière, saisis mes clés et quitte rapidement les lieux pour me rendre au bar dans lequel je dois chanter ce soir. C’est comme ça que je paye mon loyer, en chantant. Même si les Dynamos me manquent, c’est un moyen pour moi de me rapprocher de mes deux meilleures amies.

Il ne me faut pas beaucoup de temps pour arriver jusqu’au bar. Poussant la porte, je dépose mes affaires avant de me diriger vers le bar. Commandant un verre d’ice-tea, je me dirige vers la scène et attrape le micro avant de me mettre à chanter. Une première chanson, puis une seconde, puis une troisième. Finalement viens le temps de la pause. Reposant le micro, je passe une mèche derrière mon oreille avant de descendre de scène pour aller boire un peu et reposer ma voix.

C’est là que je l’ai entendue. Cette si jolie voix. Levant le regard, je remarque rapidement que cette si belle voix appartient à une jeune femme tout aussi jolie, quoi j’ai pas le droit de dire qu’elle est jolie ? Un léger sourire perle sur mes lèvres avant qu’elle ne se retrouve bientôt à ma hauteur. Je me lève avant de me retrouver en quelques pas devant elle.

« Bonjour, on ne se connait pas. Je m’appelle Donna, Donna Sheridan et ta voix est magnifique. » me présentais-je alors.

( Pando )

@Ariel of Atlantica

Sing the song

Ariel of Atlantica & @Donna Sheridan

Au passage in extremis des portes qui l’avaient mené ici, à La Nouvelle-Orléans, Ariel avait le sentiment d’avoir perdu beaucoup. Toujours perchée sur deux jambes humaines, l’usage de ces dernières lui paraissait bien vain en l’absence de celui par qui tout avait commencé. Ses recherches avaient été vaines, nulle trace d’Eric en ce monde. Nulle trace de quiconque, en vérité… et, tous autant qu’ils sont, ils lui manquent terriblement. Impossible pour elle de rejoindre son royaume sous-marin, impossible pour elle de reprendre contact avec le sien.

Le monde des humains la fascine toujours autant, mais elle a eu tout le loisir, depuis plusieurs mois qu’elle ait ici, de contempler leur duplicité extrême et la malveillance d’un grand nombre d’entre eux. Ariel se sent seule, elle se sent démunie, et si elle ne pouvait compter sur le soutien inflexible de Vanessa, elle ne pense pas qu’elle serait capable d’apprécier la vie telle qu’elle se présente à elle à présent. Ariel vit au jour le jour, accepte la nouveauté avec enthousiasme, déplore sa routine avec nostalgie… et essaie de s’en façonner une nouvelle, dans ce nouveau monde.

Ici, elle a perdu beaucoup, oui… mais elle a aussi regagné quelque chose. Quelque chose de précieux, et qu’on lui avait dérobé pendant trop longtemps : Ariel a retrouvé sa voix, et elle la couve très précieusement en même temps qu’elle se sent presque le besoin de la laisser éclater, afin de s’assurer que cette dernière ne lui échappe pas. Ariel chante, beaucoup, et quand elle en trouve le courage, elle chante devant un public, au cours de karaokés ou de scènes ouvertes. Cela lui permet de créer du lien social et d’entretenir ce joli timbre de voix qu’est le sien.

Ce soir ne fait pas exception. Elle n’est montée sur scène que le temps d’une chanson, mais elle a reçu des applaudissements chaleureux pour sa prestation. Cela l’a fait sourire. Ariel ne recherche pas à la reconnaissance à tout prix, mais elle n’ira pas prétendre que cette reconnaissance ne la touche pas au moins un peu, cela lui fait du bien, lui apporte un peu de chaleur, lui donne le sentiment de compter… Et ce n’est pas rien du tout, à ses yeux, bien au contraire. Ariel quitte la scène, plutôt satisfaite de sa prestation. Elle restera sans doute le temps d’un verre, et le temps d’écouter les prestations des autres chanteurs qui se produiront sur scène. Toute à ses pensées, elle ne réalise pas tout de suite que la jeune femme qui vient l’alpaguer s’adresse bel et bien à elle.

« Oh… Merci », dit-elle avec un sourire aussi humble que sincère. « Enchantée, Donna, je t’ai entendue chanter tout à l’heure, tu as une voix incroyable. J’aimerais être capable de danser comme tu le fais », la complimente-t-elle en retour, avec la plus grande sincérité. « Moi c’est Ariel. J’allais prendre un verre, tu veux quelque chose ? »

(c) DΛNDELION

( Sing the song )

Je souris à Ariel.

« Mais de rien et merci à toi. Je pourrais t’apprendre si tu le souhaites, ce n’est pas bien compliqué. » énonçais-je avec un clin d’oeil.

Il suffisait juste de se laisser porter par la musique, c’est ce que m’avais appris Tanya à l’époque. Ce que les Dynamos pouvaient me manquer, c’était assez dingue quand on y pense. Pour tout dire, à chaque instants, je me dis que la porte va s’ouvrir et que les filles vont entrer et me rejoindre sur scène, c’est souvent ça lorsque je chante. Cet espoir secret qu’elles vont venir et enfin combler l’absence. Elles…Sam…Sophie…ils me manquaient tant. Mais j’apprenais à m’adapter. Ce n’était qu’une question de temps. Je le sentais bien.

« Oh oui merci, je veux bien un verre de thé glacé. » répondis-je alors.

M’installant à la même table qu’Ariel, je lui souris avant de reprendre la parole.

« Toi non plus, tu n’es pas d’ici, je me trompe ? Tu as un timbre de voix assez unique… » avouais-je alors.

( Pando )

@Ariel of Atlantica 938388270

Sing the song

Ariel of Atlantica & @Donna Sheridan

« Oh ? Tu ferais ça ? Merci, c’est adorable ! »

Quand quelqu’un vous propose de vous apprendre quelque chose, sans contrepartie et sans vous connaître, il faut savoir afficher un semblant de défiance. L’expérience le lui a prouvé, mais elle ne peut s’empêcher de croire en la bonté du genre humain, et en quelques secondes de conversation avec son interlocutrice, Ariel est convaincue d’avoir affaire à une jeune femme bienveillante et généreuse, de laquelle elle n’a définitivement pas la moindre raison de se méfier. Par ailleurs, elle y gagnerait vraiment à apprendre à danser. Même si apprivoiser ses jambes et leur usage s’est finalement fait de manière plutôt intuitives, elle reste particulièrement admirative de ce que l’homme est capable de faire de son corps, et elle se sent bien souvent limitée et pataude dans ses propres mouvements, bien moins légère qu’elle ne l’était quand elle possédait encore sa nageoire de sirène.

C’est avec un très grand plaisir qu’Ariel accepte d’offrir un verre de thé glacé à son interlocutrice, et elle décide d’en prendre pour elle aussi. Le seul thé qu’elle ait jamais goûté est celui qu’elle avait laissé reposer trop longtemps dans sa tasse, et qu’elle aurait dû boire chaud. Une simple gorgée de ce précieux millésime lui permet directement de distinguer la différence, alors qu’elle découvre la saveur d’un thé glacé aromatisé à la pêche, qui fait le plus grand bien, qui plus est, dans la chaleur ambiante.

Ariel et Donna ne tardent pas à s’installer à la même table, et cette dernière, qui n’est, de toute évidence pas le genre de personnes qu’il serait simple de duper, suggère qu’elle doit venir d’ailleurs elle aussi. Ce « toi non plus » ne lui échappe pas. Elle en déduit que son interlocutrice estime venir d’ailleurs, et dès lors, la question se pose : d’où ? Elle ne pense pas que cette femme soit originaire de son monde, et elle a encore bien du mal à se familiariser avec toutes ces notions d’univers parallèle… Mais elle ne demande qu’à en apprendre et à en comprendre plus.

« Non, effectivement, je ne viens pas d’ici… l’endroit où je vivais avant était… très différent. En fait, je ne sais pas trop si je dois en parler, tu me prendrais pour une folle », suppose-t-elle avant de se réfugier presque immédiatement derrière son verre. Tout le monde ne réagit pas forcément très bien au fait d’être qualifiée de « sirène ». « Tu as dit toi non plus… D’où est-ce que tu viens, alors ? »

Elle lui semble bien plus adaptée à ce monde qu’elle ne l’est elle-même.

(c) DΛNDELION

( Sing the song )

« Tu sais, si ça peut aider, ça me fait plaisir » énonçais-je avec un sourire.

Après tout, danser faisait partie de ma vie tout comme chanter et vivre sur une île grecque mais bon, ça, ça a changé depuis que je suis ici, cependant, je n’ai jamais perdu ce qui fait de moi celle que je suis. Je sentais en plus qu’Ariel en avait besoin et puis, ça me permettrait aussi d’aider et ça, c’est pas n’importe quoi, c’est toujours important d’aider les autres, même juste en donnant quelques cours de danse. La jeune femme m’offre un verre de thé glacé, installée à la même table qu’elle, je la remercie d’un sourire. Je sentais que cette rencontre apporterait beaucoup, je le sentais véritablement.

Finalement, bien vite, je lui suggère qu’elle n’est pas de la nouvelle Orléans. Quelque chose émanait d’elle et je le voyais bien. Cela se voyait dans son allure, dans son regard même. Un petit sourire perle sur mon visage.

« Tu peux tout me dire, ne t’inquiètes pas. Je ne vois pas de raisons pour lesquelles je te prendrais pour une folle. » énonçais-je alors « tu peux me faire confiance. » ajoutais-je.

Attrapant mon verre, j’en bois une gorgée avant de reprendre la parole.

« Je viens d’une petite île grecque qui s’appelle Kalokairi. Ce monde est assez similaire à celui que j’ai connu sauf qu’ici, je n’ai pas de repères et je n’ai pas retrouvé mon mari et ma fille. » avouais-je alors avant de reprendre « et tu sais…j’ai soixante quatre ans en réalité mais j’ai retrouvé mes vingt et un an quand je me suis retrouvée ici… » avouais-je.

( Pando )

@Ariel of Atlantica 938388270

Sing the song

Ariel of Atlantica & @Donna Sheridan

Ariel s’est laissé abuser tant de fois, et ce n’est malheureusement pas fini… mais elle n’y peut rien, quand quelques paroles d’apparence sincères agrémentées de sourires encourageants lui sont adressés, elle ne sait que croire dans leur sincérité. Et en ce qui concerne Donna, elle est incapable de voir autre chose en cette jeune femme qu’une personnalité douce et généreuse. Quand elle affirme que tout ceci lui fait plaisir, elle décide par conséquent de la croire sur parole, et un charmant et sincère sourire fleurit aussitôt sur son visage. C’est probablement facile de se confier à une personne comme elle, et c’est ça le risque. Car, quand par le passé, Ariel s’est exprimée sur qui elle était, elle l’a très vite regretté au moment de voir ces personnes qu’elle pensait de confiance se moquer, la traiter de folle ou lui tourner le dos en niant l’existence de sa nature et de toute son espèce. Ariel a envie de penser qu’avec Donna, les choses seront différentes, mais comment en être véritablement certaine, au fond ?

Elle laisse tout de même son interlocutrice lui parler en premier lieu de sa vie passée, comme pour jauger le potentiel de crédulité de cette dernière. Elle apprend ainsi qu’elle venait d’un monde assez similaire, ce qui fait que leurs histoires diffèrent déjà. Elle avait un mari et une fille… Cette pensée convoque tristement dans l’esprit d’Ariel le souvenir d’Eric, Eric qu’elle ne reverra probablement plus jamais, mais dont elle souffre moins l’absence que celle de son père et de ses sœurs. Là où en revanche, elle comprend très vite qu’elle ne la trouvera pas si absurde, c’est quand Donna se confie sur son âge.

« Soixante-quatre ans ? » répète-t-elle, abasourdie. Tout à coup, raconter son histoire ne semble plus rien avoir d’une épreuve. « Vous ne les faites pas du tout », ajoute-t-elle sur le ton de la plaisanterie.

Physiquement, c’est une évidence, mais pas seulement. Pour peu que cela veuille véritablement dire quelque chose, Ariel trouve à son interlocutrice un comportement et une manière d’être qui lui inspire bien plus son apparence que l’âge qu’elle vient de lui apprendre avoir. Mais son esprit pétri de cliché est pourtant bien placé pour savoir qu’il ne faut certainement pas se fier aux apparences.

« Je vivais dans un endroit très différent, pour ma part. Sous… l’océan. » Elle se sent tout de même un peu ridicule en prononçant ces mots, mais au point où elle en est, que risque-t-elle encore, après tout ? Pas grand-chose, sans doute. « J’étais une sirène. »

(c) DΛNDELION