Sweet Curiosity | Stella

Sweet Curiosity

Les musées sont à la fois source d’amusement, d’intérêt, de fascination et de frustration pour Helena. Autant dire qu’elle en a visité, au cours de son existence. Avec un père archéologue absolument fasciné par les reliques anciennes, il ne fallait pas s’attendre à ce que les sorties familiales du dimanche matin ressemblent à autre chose qu’à ces errances perpétuelles, à ces heures perdues devant la contemplation d’objets dont la valeur ne se découvrait qu’avec quelques connaissances et beaucoup d’imagination… Une imagination dont, fort heureusement, Helena Shaw n’avait absolument jamais manqué. Dans un premier temps, ces sorties l’avaient ennuyée. Elle aurait préféré se rendre au cinéma, ou au parc, comme le reste des enfants de son âge, mais à mesure que son père parvenait à lui communiquer à la fois ses connaissances et sa passion, elle avait fini par y trouver un intérêt bien différent, redoublé à l’instant où elle était devenue orpheline.

Elle en éprouve néanmoins davantage une certaine forme de frustration que de satisfaction, s’il faut être tout à fait honnête. Ce bon vieux rabâchage concernant ces pièces historiques dont la place devrait être au sein de musée l’a toujours contrariée pour une raison simple. Quand ces reliques se meurent sous des regards rarement fascinés par ce qu’ils observent, c’est une fortune qu’on fout en l’air.

Pourquoi se retrouver dans ce musée, alors ? Rien ne l’y oblige, après tout, et elle aurait justement pu profiter de cette indépendance qu’elle proclame et apprécie tout pour occuper son temps et dépenser son énergie à une activité autrement plus appréciable. Sans doute, sans dotue… Mais au-delà de la frustration, la curiosité demeure, et poser les yeux sur ces objets d’un autre temps, c’est s’interroger aussi sur l’histoire d’un monde dont elle devine que s’il ressemble à s’y méprendre à ce qui aurait pu être le sien quelques décennies après sa traversée des portes, il n’en est rien.

Elle n’est pas chez elle et elle le sait. Ces portes n’ont pas respecté la même promesse – traîtresse mais réelle – que le Cadran de la destinée. L’idée de se trouver dans une dimension alternative à celle qu’elle avait connue est tout à fait fascinante, et nul doute qu’elle aurait obsédée son très cher père. Mais puisque Basil Shaw n’est plus là pour s’en extasier, alors Helena consent à prendre la relève. Sans entrer dans ces dérives, bien sûr, qui ont fini par rendre son paternel totalement cinglé.

Alors qu’elle inspecte une vitrine où sont exposés des bijoux issus du Mésopotamien, elle laisse son esprit vagabonder, joue à ce jeu sordide et en même temps particulièrement addictif qui consiste à déterminer le prix que certains seraient prêts à payer pour avoir une de ces exceptionnelles reliques en leur possession. Cela dit, on s’amuse toujours moins quand on joue seul.

« Excusez-moi ? » Avec assurance et un rien de culot, Helena s’adresse à la première jeune femme sur qui tombe son regard. Elle est jolie, jeune, élégante, parfaite pour ce qu’elle a en tête. « Vous seriez prête à payer combien disons pour… » elle cherche dans la vitrine et pointe du doigt un collier doré orné de pierres bleues usées par le temps. « … cette petite merveille. »

(c) DΛNDELION

( Sweet Curiosity )

Lorsque je me suis retrouvée dans ce monde, ce fut totalement sans ressources. Oui, ici mes titres de noblesse ne valaient rien. Je n’étais plus princesse, tout du moins financièrement parlant parce que je demeurerais toujours l’héritière du trône de Solaria, il y a bien un moment où je finirais par pouvoir y retourner ou trouverait quelqu’un qui a emprunté plus qu’une porte pour se retrouver ici. C’est étrange comme le destin s’amuse de nous.

Pourquoi ? Parce que par moi-même, je ne me serais jamais rendue dans un musée, c’est plus qu’une certitude. Cependant, quelque chose m’y a mené. Peut être cette exposition ? Alors que mes pas se promènent dans les couloirs de ces lieux, je me perds dans mes pensées, ne faisant pas vraiment attention à ce qui m’entoure. La dernière fois que j’avais mis les pieds dans un musée, c’était pour protéger la boîte d’Agador lorsqu’avec les Winx nous nous sommes battues contre Valtor pour l’empêcher de voler la boîte.

Je tourne à droite et me retrouve dans une pièce remplie de bijoux anciens. Finalement, c’est la voix d’une jeune femme qui me sort de ma rêverie. Je pose mon regard sur elle et lui souris alors que je m’approche de la vitrine dans laquelle elle me présente un collier doré magnifique qui vu sa couleur aurait sûrement plu à ma meilleure amie.

« J’aurais dit sans hésiter au moins trois mille dollars » énonçais-je alors « tout du moins lorsque j’étais princesse, ici, je n’aurais même pas cette somme à débourser. » avouais-je alors dans un soupir.

( Pando )

@Helena Shaw

Sweet Curiosity

@Helena Shaw & @Stella de Solaria

Le naturel et le répondant de son interlocutrice ne sont pas pour déplaire à Helena, bien au contraire. Cette dernière est d’un naturel direct et très franc (sauf quand elle essaie de vous la mettre à l’envers) qui ne peut tout naturellement pas plaire à tout le monde. Elle est habituée à être regardée de travers ou à ce qu’on ne lui réponde qu’avec une évidente réserve qu’elle comprend tout à fait. Cela ne la dérange pas le moins du monde, mais quand elle sent que ses interlocuteurs sont réceptifs à ce qu’elle a à dire, une lueur toute particulière se fige dans son regard, et alors, vraiment, on ne l’arrête plus… Elle peut vous assommer de paroles, encore et encore, plus que cela ne devrait être admis.

« Tu peux ajouter un zéro à tes pronostics, ma jolie… » Elle observe plus attentivement la parure tristement disposée sous verre et affiche une légère moue. « Cette petite merveille remonte au Mésopotamien ancien, l’ère d’Akkad. Ce joyau a plus de cinq mille ans d’âge… », complète-t-elle presque par réflexe. Au-delà de ses travers impardonnables et de ses manœuvres peu recommandables, Helena reste férue d’histoire et d’archéologie. Elle a hérité ça de son père, elle a ça dans le sang… et c’est plus fort qu’elle. « Quel dommage, vraiment… »

Quel dommage, oui… cet article aurait fait un malheur au cours de ses enchères clandestines. Mais pour l’heure, puisqu’elle ne peut rien envisager de tel, le plus simple reste encore de se concentrer sur la jeune femme qui lui fait face, et en peu de mots, la jolie blonde sait d’ores et déjà capter toute son attention.

« Une princesse, vous dites ? » répète-t-elle en la regardant avec sans doute trop d’insistance, comme à l’affût du moindre indice qui mettrait radicalement et de manière évidente en lumière son statut princier. « J'aurais dû vous appeler majesté, alors. »

La jeune femme a prononcé ces mots avec tant de naturel que cela ne laisse que deux hypothèses à l’esprit bouillonnant de la jeune femme : soit elle a affaire à une mythomane de haut niveau, de ceux qui finissent par croire à leurs propres mensonges à force de les répéter, encore et encore, soit elle a affaire à une véritable princesse, et dans ce cas, ce qu’elle peut bien avoir à dire ne l’intéresse que d’autant plus, et elle ne peut bien sûr que chercher à en découvrir davantage. Tout comme c’est son propre cas, et le cas de beaucoup de personnes en ville, il est bien possible que cette jeune femme vienne bel et bien d’ailleurs, et que son histoire soit aussi riche que captivante. Si tel doit être le cas, Helena veut tout en savoir, tout sans la moindre exception, et elle escompte bien voir son interlocutrice lui apporter satisfaction.

« Princesse de quel pays, si ce n’est pas indiscret ? »

Cela l’est forcément, mais Helena Shaw ne redoute pas d’être indiscrète, jamais. Elle veut seulement obtenir la réponse aux nombreuses questions qu’elle se pose.

(c) DΛNDELION